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Les mesures anti-Covid auront-elles (au moins) la peau de la grippe ?
©LUDOVIC MARIN / AFP

Le bon côté des choses

Le respect des gestes barrière, dans l'hémisphère sud, a permis de faire reculer cette année le virus de la grippe. Même s'il n'est pas près de disparaître, c'est une bonne nouvelle pour le système hospitalier sous tension.

Alexis Mohebi

Alexis Mohebi

Le Docteur Alexis Mohebi est spécialiste en Nutrition clinique et Gériatrie à l'Institut Rafaël, Maison de l'après-cancer et centre de médecine intégrative.

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Atlantico : L'épidémie de grippe saisonnière dans l'hémisphère sud, en Océanie notamment, a été beaucoup moins importante que les années précédentes. Ce constat peut-il être imputable au bon respect des gestes barrières et de la distanciation sociale liés au coronavirus ?

Alexis Mohebi : La diminution de la grippe saisonnière dans l’hémisphère sud a été documentée. Les chiffres montrent une différence notable entre cette année et les années précédentes. C’était attendu. On pouvait deviner que le mesures mises en place par les gouvernements et la démocratisation des gestes barrière, l’utilisation du masque et du gel, l’augmentation du niveau d’hygiène, allaient permettre de diminuer la transmission du virus de la grippe. La transmission du covid-19 et de la grippe se ressemblent beaucoup. Ce sont d’ailleurs deux infections respiratoires. On peut s’attendre au même phénomène pour la gastroentérite virale, qui est un peu plus fréquent dans notre pays pendant la saison hivernale.

Il faut tout de même garder quelques réserves quant à cette corrélation. Il y a des événements dans la transmission grippale qui sont dépendant de mutations qui ne sont pas toujours prévisibles. On ne maitrise pas tous les changements qui adviennent d’une année sur l’autre. Mais la différence cette année est tellement importante qu’on peut penser vraisemblablement qu’il y a un lien de causalité entre la mise en place de gestes barrières et la chute du nombre de cas de grippe.

Peut-il y avoir une confusion entre les symptômes du Covid-19 et de l’influenza, le virus de la grippe saisonnière ?

A cause du contexte d’épidémie de covid-19, peut-être y a-t-il une tendance à diagnostiquer moins souvent le syndrome grippal lié à au virus de la grippe saisonnière. Des confrères biologistes remarquent qu’il y a moins de tests PCR pour la grippe par rapport aux années précédentes. A l’inverse, les tests PCR pour le covid-19 sont très nombreux. Tout le monde peut se faire dépister facilement, même sans ordonnance. Cela peut biaiser le diagnostic.

Avec une épidémie de coronavirus qui dure, certains espèrent voir disparaître la grippe, est-ce vraiment un scénario réaliste ?

Non, je ne pense pas. La grippe est là depuis des siècles et touche une grande partie de la population, avec une transmissibilité très importante. Entre 7 ou 10 % de la population mondiale l’attrape chaque année. Ce qu’on peut dire en revanche, c’est que les mesures barrières, qui sont plus ou moins respectée selon la culture des pays, diminuent les transmissions. On peut donc s’attendre dans les prochaines années à une diminution du nombre de cas, et donc à moins de mutations du virus, ce qui peut faire diminuer sa transmissibilité. Mais pour parler de disparition du virus de la grippe, il faut encore attendre.

Quelle va être le rôle de la vaccination contre la grippe dans la situation sanitaire globale liée au coronavirus ?

J’ai conseillé vivement à mes patients, surtout les plus âgés et les plus fragile, de se faire vacciner contre la grippe malgré la moindre transmission attendue cette année. En effet, les gestes barrières ne sont pas systématiquement respectés et on n’a d’ailleurs pas pu empêcher un rebond de l’épidémie de covid-19. Le vaccin contre la grippe peut éviter des morts, notamment chez les plus fragiles, et c’est déjà ça de gagné. Par ailleurs, il peut y avoir une concomitance entre les deux virus. On a vu en réanimation des patients doublement atteints par le covid-19 et la grippe. L’intérêt de la vaccination contre la grippe est aussi de diminuer les cas graves pour alléger la pression sur le système de soins. En ce moment, on a moins de place à l’hôpital et surtout en réanimation pour s’occuper des autres patients. On ne parle pas assez de l’aggravation de l’état de santé des patients « non-covid ». Beaucoup nécessitent une hospitalisation mais n’osent pas à cause pas dans le contexte actuel.

Docteur Alexis MOHEBI, Spécialiste en Nutrition clinique et Gériatrie à l'Institut Rafaël, Maison de l'après-cancer et centre de médecine intégrative

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