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Nicolas Sarkozy Les Républicains LR François Baroin candidature
Nicolas Sarkozy Les Républicains LR François Baroin candidature
©STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Avenir des Républicains

Selon la rédaction de L'Opinion, François Baroin aurait notamment renoncé à s'impliquer dans la course à l'élection présidentielle suite à des incertitudes sur le soutien de Nicolas Sarkozy. Le rôle de Nicolas Sarkozy n'est-il pas à double tranchant pour Les Républicains et ses candidats ?

Arnaud Lachaize

Arnaud Lachaize

Arnaud Lachaize est universitaire, juriste et historien. 

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Atlantico.fr : Dans les colonnes de l'Opinion, on apprend que l'un des facteurs qui a incité François Baroin à ne pas se lancer dans la course à la présidentielle est l'incertitude sur le soutien de Nicolas Sarkozy. L'influence et le soutien de Nicolas Sarkozy sont-ils indispensables aux candidats de la droite pour espérer avec une chance de l'emporter à la présidentielle ?

Arnaud Lachaize : D’abord, je dirais qu’on n’a pas le droit de jeter la pierre à M. Baroin. La nature de la fonction présidentielle est très particulière aujourd’hui. Dans le régime politique actuel, le président de la République est avant tout l’incarnation de l’illusion du pouvoir. L’extrême personnalisation n’est rien d’autre que l’envers de l’impuissance publique. En parallèle, le chef de l’Etat devient le réceptacle naturel des malheurs collectifs, une sorte de bouc émissaire national. Nul n’est obligé d’avoir envie de jouer ce rôle étrange. Vouloir servir la France autrement qu’en étant à l’Elysée et un signe de lucidité. Cela n’enlève rien au courage qu’il peut y avoir à candidater à la présidence de la République pour tenter de conjurer la fatalité de l’échec et de l’impopularité. En revanche, l’incertitude quant au soutien de Nicolas Sarkozy est un prétexte puéril de la part de M. Baroin. L’élection présidentielle est la rencontre entre personnalité et le peuple. La caution d’un ancien chef de l’Etat n’a rien à y faire. L’influence de Nicolas Sarkozy serait certes un atout important susceptible de déplacer une frange de l’électorat mais on ne voit pas en quoi la droite devrait cesser d’exister en l’absence de certitude sur son soutien. 

Cette figure tutélaire de Nicolas Sarkozy, baron de la droite sans qui rien n'est possible, n'est-elle pas à double tranchant pour le parti et ses candidats, puisque ce dernier affirme que « la politique c’est fini » ? 

M. Sarkozy affirme que la politique électorale est finie. Mais il a toujours dit aussi qu’il se tenait au service de la France d’une autre manière. Sa position actuelle pourrait être, en effet, fatale à la droite, si un fort doute subsistait quant à ses intentions électorales. Son ombre serait alors étouffante et la droite serait contrainte à l’incertitude et à l’immobilisme en attendant qu’il révèle ses intentions. Mais tel n’est absolument pas le cas et pourquoi ne pas croire ce qu’il dit quand il affirme, dit et répète, qu’il n’a aucune intention de redescendre dans la mêlée électorale ? Son expérience et son attachement aux débats d’idées pourraient en revanche servir de canevas idéologique à la droite. Ses paroles sur les grands enjeux démographiques à long terme, l’immigration, l’affaiblissement de l’Europe face à l’Asie, la restauration nécessaire de la démocratie, la nécessité de refonder une Europe des Etats incluant la Grande Bretagne, pourraient constituer des fondamentaux pour une droite en quête d’idées et de projet. En matière d’animation du débat d’idées et de vision de l’avenir, il n’a évidemment pas été remplacé. Le passage de M. Sarkozy s’attache aussi à des réalisations : peines plancher, réformes sur l’immigration, sur l’héritage, les heures supplémentaires défiscalisées, la retraite à 62 ans, etc. La France lui doit les dernières réformes courageuses, non démagogiques, qui ont été accomplies. Même si ces réformes ont été en partie abrogées par la suite, son volontarisme peut aussi servir de modèle. 

Nicolas Sarkozy se donne-t-il actuellement les moyens de ce que cette responsabilité au sein de LR lui donne ? Est-ce une stratégie pour pouvoir apparaître lui-même en recours si Emmanuel Macron venait à ne pas se pouvoir se représenter ?

Il me semble que les médias en font beaucoup sur son supposé lien privilégié avec le président Macron. M. Sarkozy attache la plus haute importance à l’unité nationale. Il estime qu’il n’est pas dans le rôle d’un ancien chef de l’Etat de polémiquer avec l’un de ses successeurs. Il croit en une certaine continuité républicaine qui suppose le respect de l’institution présidentielle. Cela ne veut absolument pas dire qu’il approuve le gouvernement actuel qui est dans la continuité du quinquennat Hollande sur l’essentiel, l’économie, les sujets de société, l’international. C’est, de mon point de vue, fort mal connaître le président Sarkozy que d’imaginer un seul instant qu’il pourrait tourner sa veste et soutenir une candidature Macron contre un candidat de droite républicaine LR ou proche de LR. C’est pourquoi la déclaration de M. Baroin est, me semble-t-il, à côté de la plaque. Quant à servir de recours en cas de naufrage du pays dans l’apocalypse, personne ne peut le savoir. En cas de crise des Gilets Jaunes au centuple, c’est-à-dire d’effondrement de la France et de guerre civile, ce qui peut arriver dans le climat explosif où nous sommes, et d’appel au président Sarkozy, à l’image de de Gaulle en 1958, rien ne peut être exclu. C’est une affaire entre lui et sa conscience. J’ai le sentiment que dans une telle circonstance, si elle devait par malheur advenir, il répondrait présent. 

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