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Suède / France, 0-1: sans la réussir, l'équipe de France ne rate pas sa rentrée
©Jessica GOW / AFP

Peut mieux faire

L'équipe de France de football a remporté une courte victoire face à la Suède, samedi 5 septembre à Stockholm, pour son premier match de la phase de groupes de la Ligue des nations.

Olivier Rodriguez

Olivier Rodriguez

Olivier Rodriguez est entraîneur de tennis et préparateur physique. Il a coaché des sportifs de haut niveau en tennis. 
 
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Dix mois après leur dernier match et grâce à un exploit d'Mbappe, les Bleus signent une victoire à l'extérieur sans relief en terre Suédoise. Dans un nouveau système, malgré une animation offensive insuffisante et un pénalty manqué de Griezmann, ils lancent tout de même sur de bonnes bases leur campagne en Ligue des Nations.

Pour les joueurs de l'équipe de France, hier soir, c'était la rentrée ... une rentrée Covidienne certes, mais une rentrée quand même. C'était l'occasion de retrouver le même professeur que les années précédentes, les mêmes premiers de la classe, les habituels turbulents, d'étrenner les habits tout neufs mais aussi de découvrir les petits nouveaux. Ceux-là, parce qu'on les a jamais vus, on les reconnait tout de suite. Cette année, ils se nommaient Upamecano et Rabiot. Enfin, c'était surtout vrai pour le premier cité parce que pour Rabiot, "renouvelé" serait plus approprié. Souvenez-vous, ce joueur s'était tout simplement auto-banni de l'équipe de France il y a deux ans quand Didier Deschamps, coach Honoris Causa bardé de diplômes, lui avait proposé une place de réserviste pour la Coupe du Monde... Jugeant la chose indigne de son talent, Adrien avait alors fait quelques minauderies : en confondant avoir du caractère et être caractériel, il avait osé refuser la sélection. D'où une brouille monumentale car ce genre de blasphème est habituellement passible d'excommunication. Depuis cet épisode fâcheux, tout ce petit monde se boudait. Mais deux ans plus tard, utilitarisme oblige, tout est oublié ! Et le banni est à nouveau le bienvenu... Ce qui prouve deux choses : qu'on peut toujours se reparler une fois qu'on s'est tout dit.... et qu'en football, comme dans la haute bourgeoisie, lorsqu' il y a beaucoup d'intérêts en jeu, on n'a pas besoin de s'aimer pour être ensemble. Cette famille recomposée se retrouvait hier soir à Solna, pour défier la Suède dans le cadre de la Ligue des Nations, une compétition à mi-chemin entre le match amical et la compétition officielle mais qui commence à trouver sa place dans l'agenda officiel comme dans celui des passionnés. 

Au-delà de l'entrée en lice des Bleus dans cette compétition, ce match était aussi (et peut-être surtout) l'occasion pour Didier Deschamps de tester un nouveau système : le 3-5-2. Les systèmes, c'est comme les statistiques, en eux-mêmes ils ne sont ni bons ni mauvais, c'est surtout ce qu'on en fait qui compte. Et force est de constater qu'entre la coupure liée au virus, les états de formes disparates et les absences d'automatismes, il manquait tout de même hier soir quelques ingrédients nécessaires à la réalisation d'une bonne performance. Alors au-delà de la victoire Française, que retenir de ce match bien tristounet quand même ? Certainement que l'équipe de France reste une équipe extrêmement solide, très disciplinée et qu'elle peut toujours s'appuyer sur des individualités exceptionnelles pour forcer la décision. Et dans ce domaine, elle sait pouvoir compter sur Kylian Mbappé, un gars qui n'y va pas par quatre chemins parce qu'il trouve qu'un seul, c'est bien plus rapide. En marquant à la 40ème minute un but qui ne doit rien à personne, il persiste à toujours se montrer à la hauteur de son talent. S'il continue sur cette lancée, il finira certainement au Panthéon. Enfin, pas tout de suite... parce qu'au Panthéon, il n'y a que des morts... Pour le reste, s'il faut savoir se satisfaire de ce succès, quelques questions restent en suspens. 

Bien sûr, une victoire en terre Suèdoise est toujours appréciable (le Scandinave se montrant toujours barbu, costaud, organisé et revêche), mais il conviendra d'observer rapidement les Bleus face à une opposition plus consistante pour tester la viabilité du nouveau système ou encore la qualité des latéraux... Quoi qu'il en soit, en intégrant de nouveaux joueurs et en essayant une nouvelle tactique, le très avisé Didier Deschamps fait aussi coup double : il régénère un groupe qui pourrait être repu après les succès que l'on sait et il s'épargne les critiques venant des milieux autorisés qui pourraient le taxer de conservateur. Signalons toutefois la prestation encourageante de Rabiot (qui se savait observé) ainsi que les matchs de patrons de Lloris (auteur de deux parades décisives) et de Kante... Un Kante qui n'a décidément pas son pareil pour performer dans l'ombre, pour exceller dans le banal et pour être admirable dans le travail que certains disent ingrat. Finalement, la seule ombre au tableau reste celle que promène Antoine Griezmann sur le terrain. Dans la continuité d'une saison pâlichonne avec le FC Barcelone, le meneur de jeu est passé à côté de son match pendant la partie et au-dessus de la transversale au moment de transformer le pénalty à la dernière minute. Ce qui constitue son troisième échec consécutif en Bleu dans cet exercice... Pour lui, la série noire continue.

Comme ce match ne restera pas davantage dans les annales que dans nos souvenirs, il faut souhaiter que le prochain, à domicile contre la Croatie mardi, nous offre d'autres émotions, d'autres frissons. Les souvenirs... Arrêtons-nous un peu sur cette idée... car voilà une bien drôle de sélection naturelle qui prouve que le temps est une maladie contagieuse à laquelle personne n'échappe...Qu'ils s'usent ou qu'ils soient comme neufs, qu'ils aient la mémoire courte ou qu'ils n'aient pas pris une ride, qu'ils s'imposent à nous ou qu'on les convoque, les souvenirs nous échappent souvent... C'est normal, ils ont leur vie propre. Mais aussi sûr que le désir est le chemin le plus court pour aller d'une personne à une autre, on n'a pas trouvé mieux que les souvenirs pour rajeunir ou rattraper le temps perdu. Mes souvenirs en bleu me ramènent souvent aux coups francs de Platini, à la joie de Giresse, à la reprise de Trezeguet, à la grâce de Zidane ou encore au tir de Pavard... Mais où vous emmènent les vôtres ? Quoiqu'il en soit on a toujours un peu tendance à négliger cette évidence : nos souvenirs sont aussi en devenir. Pourquoi ? Parce qu'ils ont simplement toute notre vie devant eux...    

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