Drogue ou alcool ? L’impact du confinement sur les Français <!-- --> | Atlantico.fr
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©JEFF PACHOUD / AFP

Addiction

Face aux nombreux mois de confinement et suite à la phase de déconfinement, quelle a été l'attitude des Français vis-à-vis de l'alcool et de l'addiction aux drogues ? Quels sont les profils qui sont tombés dans l'alcoolisme au moment du confinement ?

Pascal  Vesproumis

Pascal Vesproumis

Pascal Vesproumis est spécialiste en Médecine générale, addictologue, hypnothérapeute, conférencier en hypnose  DIU du TDAH à tous les âges, membre de la SFA (Société française d'alcoologie) — CSAPA Addictions France à Evry (en format hybride). Son cabinet médical est basé à Epagny. Pascal Vesproumis est Président de l’ ACCH-formations à l’hypnose.

 

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Atlantico.fr : La consommation d'alcool des Français a-t-elle augmentée durant le confinement ?

Pascal Vesproumis : En tout début de confinement, vous m’aviez interpellé sur ses répercussions au sein de la population des usagers de drogues et des patients concernés par les addictions.

J’avais répondu par degré d’urgence en insistant sur la vigilance toute particulière concernant les risques encourus lors d’ un arrêt brutal de l’alcool. En effet chez un consommateur excessif régulier, le manque d’approvisionnement peut occasionner un sevrage brutal aux conséquences neurologiques sévères, avec engagement du pronostic vital.

Aujourd’hui,vous souhaitez savoir si l’isolement forcé a occasionné des consommations d’alcool importantes, faisant ainsi entrer dans la dépendance de nouveaux buveurs. Votre question ne me surprend pas car cette première impression fût largement influencée par les reportages relatant les apéritifs de fin de journée en visio.

Santé publique France a diligenté, dès l’entrée en confinement, une enquête visant à étudier le comportement de la population concernant le tabac et l’alcool.

Les consommateurs d’alcool restèrent majoritairement sages, diminuant leur quantité journalière pour 24 % d’entre eux, et préservant la même quantité d’alcool pour 37% d’entre eux.

J’ai constaté à plusieurs reprises l’effet bénéfique du confinement pour des consommateurs habituellement seuls. Le fait de se retrouver en famille 24h sur 24, les fait quitter l’ivresse permanente au profit d’une meilleure hygiène de vie.

Cette notion de recherche de bien- être a trouvé rapidement sa place face au développement de la pandémie de Covid 19 : le vélo, la marche et la course à pied, autant de moyens pour conjurer le sort et ne rien attraper!

Quels sont les profils qui sont tombés dans l'alcoolisme au moment du confinement ?

L’augmentation de consommation d’alcool s’est invitée particulièrement chez les personnes de moins de 50 ans, vivant préférentiellement dans des villes de plus de 100.000 habitants et avec le statut de parents d’enfants de moins de 16 ans.

Les jeunes consommateurs de drogues (cocaïne, héroïne, lsd etc... ) , se trouvant pour leur part en difficultés d’approvisionnement, ils utilisèrent alors l’alcool comme substance refuge, en augmentant considérablement leur quantité habituelle.

Nous pouvons enfin mentionner la situation des usagers de « l’alcool -traitement » qui l’utilisèrent durant cette période anxiogène comme l’alcool médicament.

Comment est-il possible de les aider à sortir de cette addiction ?

L’immersion dans l’horizon des dépendances témoigne d’un lien altéré aux autres et à soi. Le rapport au temps quant à lui se situe dans un espace virtuel qui ne prend forme qu’en situation d’abstinence.
Un des traitements possibles consiste donc à aller chercher le patient où il se situe, pour l’accompagner vers un autre horizon, éclairé et moins dangereux.

Parfois, il sera nécessaire d’introduire des anxiolytiques afin d’éviter la survenue d’un manque avec épilepsie.

En conclusion, la consommation addictive d’alcool s’est fortement atténuée durant le confinement, devenant préférentiellement un substitut de substances aux effets à la fois anxiolytiques, sédatifs, dissociatifs.

Le traitement vise alors à ouvrir une porte vers l’autre, pour créer ou recréer du lien, et offrir des alternatives à l’alcool.

Face aux thérapeutiques allopathiques, L’hypnose trouve alors toute sa place pour faciliter la distanciation vis à vis du produit ... elle permet ainsi d’installer un lien présentiel à la vie et facilite la construction du lien thérapeutique aux différents spécialistes du soin en addictologie.

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