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COVID-19 : la pandémie s’étend et se politise aux États-Unis
©JIM WATSON / AFP

Panorama

Jean-Paul Betbeze décrypte l'évolution de la pandémie de coronavirus et son influence sur les principales devises et sur les marchés financiers.

UE Bruxelles AFP

Jean-Paul Betbeze

Jean-Paul Betbeze est président de Betbeze Conseil SAS. Il a également  été Chef économiste et directeur des études économiques de Crédit Agricole SA jusqu'en 2012.

Il a notamment publié Crise une chance pour la France ; Crise : par ici la sortie ; 2012 : 100 jours pour défaire ou refaire la France, et en mars 2013 Si ça nous arrivait demain... (Plon). En 2016, il publie La Guerre des Mondialisations, aux éditions Economica et en 2017 "La France, ce malade imaginaire" chez le même éditeur.

Son site internet est le suivant : www.betbezeconseil.com

Voir la bio »

1 – Plus de 12,8 millions de cas et 570 000 morts dans le monde. La pandémie poursuit son avancée dans les pays les plus peuplés

  • 3,3 millions de cas aux États-Unis, 1,8 au Brésil, 850 000 en Inde : le virus poursuit son avancée au rythme de plus de 230 000 cas par jour, en accélérant.

Nombre de nouveaux cas par jour dans le monde jusqu’au 10 juillet : 237 000 
(source : Worldometer)

Triplement du nombre de nouveaux cas journaliers aux États-Unis : 71 800 le 10, 61 700 le 11 juillet.

Nombre de nouveaux cas par jour aux États-Unis jusqu’au 10 juillet
(source : Worldometer)

  • sachant que les états ayant voté Trump sont plus touchés. 

Nombre de nouveaux cas par jour aux États-Unis selon le Collège électoral de 2016 (en fonction du nombre de Grands Electeurs par état, d’alors)
(source : Saul Eslake, Corinna Economic Advisory)

Quand le Dr Fauci, le spécialiste en charge des maladies infectieuses aux États-Unis avait parlé de 100 000 cas journaliers possibles, si rien n’était fait pour freiner le rebond, il n’avait pas forcément tort. Les états « trumpiens » ne l’ont pas cru : ils voient ce qui leur arrive et Donald Trump arbore un masque ! Et il baisse dans les sondages, qui annoncent un succès de Joe Biden.

Aux États-Unis, la pandémie a donc un effet politique et les marchés regardent le programme Biden, où les experts lui recommandent un doublement du salaire horaire minimal à 15 dollars l’heure, rien sur les impôts… pour le moment. Et la bourse regarde les cas.

2 – Le Nasdaq, gagnant boursier d’une économie post COVID-19, rejoint par la Chine

Plus le temps passe, plus l’écart se creuse en faveur des GAFAM au NASDAQ et de la Chine, dont les chiffres de reprise surprennent. Ce sont Google, Amazone, Facebook, Apple et Microsoft qui transmettent les informations, permettent le télétravail et transportent les colis, qui sont les gagnants ! Mais il ne faut pas oublier ce qui se passe en Chine, avec des usines qui ouvrent et servent leur marché domestique plus leurs clients : en l’état actuel des chaînes de production mondiale, il ne peut y avoir reprise aux États-Unis et en Europe sans reprise d’abord en Chine ! En outre, la Chine dispose de ses propres GAFAM, plus petits. Ce sont BATX : B pour Baidu le petite frère de Google ; Alibaba celui d’Amazon, coté à New York ; T pour Tencent, celui de Facebook et X pour Xiaomi, celui d’Apple. La Chine n’est évidemment plus seulement l’atelier du monde : elle se bat avec les États-Unis sur la frontière des technologies mondiales, et c’est ce qui explique tout ce qui se passe, derrière les tensions Trump-Xi : la maîtrise du monde futur.

L’inquiétude demeure partout ailleurs : les marchés voient cette course entre les nouveaux cas de virus d’un côté et les soutiens monétaires et budgétaires de l’autre. GAFAM contre BATX : le sentiment gagne, que la « vieille économie » patine.

3 – Tout dépend toujours des Banques Centrales pour faire baisser les taux longs nominaux et lutter contre les menaces de déflation, mais il y a des limites.

Les Banques Centrales sont toujours là, surtout pour les pays industrialisés. Le bilan de la BoJ égale ainsi 120% du PIB japonais, autant pour la BCE avec le PIB de la zone euro. A 70% du PIB, on trouve les bilans de la Fed et de la Banque d’Angleterre, à 50% du PIB celui de la Banque du Canada. Et ce n’est pas fini.
Le quantitive easing s’étend partout, allant chez les émergents où il est évidemment plus limité. Les quantités de monnaie montent partout, pour faire baisser les taux nominaux et soutenir la croissance, mais l’inflation ne monte nulle part. La trappe à liquidité est grande ouverte. Alors, si les taux nominaux baissent beaucoup mais que l’inflation est aussi très basse, les taux réels baissent en Allemagne et en France, en revanche s’ils baissent un peu, mais que l’inflation fléchit plus encore, ils montent : nous sommes aux États-Unis. Et même s’ils baissent, ils ne peuvent s’effondrer quand les prix baissent. Nous sommes alors face à une montée des taux longs réels italiens.

4 – L’or, encore et toujours

Face à ces risques de déflation et de reprise de la pandémie aux États-Unis, les deux étant liés, pas de surprise si l’or seul avance, et il ne coûte rien à garder, tandis que les prix des matières premières sont toujours à la baisse, mais un peu moins, en liaison avec les meilleures nouvelles de la demande plus forte dans les pays industrialisés. La situation des pays émergents reste ainsi préoccupante, sachant leurs étroites limites budgétaires et monétaires  et leurs dépendances aux matières premières. 

5 – Le dollar toujours, avec le franc suisse (comme avec l’or), mais l’euro remonte.

La nouveauté est la remontée de l’euro dans le paysage monétaire mondial. Certes, le dollar reste fort est le franc suisse est toujours l’abri préféré, à tel point que la Banque Centrale Suisse essaie de freiner sa progression par rapport au dollar. La livre sterling souffre de la chute de l’activité, pandémie plus Brexit, quand l’idée du no deal gagne. Chez les pays émergents, la pandémie entraine une récession qui entraine des troubles politiques et sociaux qui fait chuter les changes. C’est le cas pour le real brésilien qui a perdu presque le tiers de sa valeur depuis janvier, moins pour la livre turque et le rouble, mais les inquiétudes sont là, notamment pour la Turquie. 

Évidemment, la pandémie continue. Elle est médicale, économique, sociale, financière et de plus en politique, pesant sur les rapports entre nations et en leur sein. Avec évidence, la Chine continue ses avancées, les États-Unis semblent se distendre et l’Union européenne s’unir. La France continue ses soutiens monétaires et financiers, bénéficiant du rapprochement avec l’Allemagne et se lance dans des programmes à moyen et long termes, comme l’Allemagne et les autres pays d’ailleurs, programmes qu’il s’agira quand même de coordonner. La bonne nouvelle, c’est que les ressources financières ne manquent pas.

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