Aurelien Véron : « La politique anti-voitures d’Anne Hidalgo est extrême et quasi sectaire »<!-- --> | Atlantico.fr
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Aurélien Véron
Aurélien Véron
©Reuters

Un vélo nommé problème

Aurélien Véron, Conseiller de Paris & Conseiller Métropolitain Grand Paris, revient sur la politique d'Anne Hidalgo et de ses alliés écologistes en matière de circulation dans la capitale.

Aurélien Véron

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Aurélien Véron est président du Parti Libéral Démocrate et auteur du livre Le grand contournement. Il plaide pour passer de l'Etat providence, qu'il juge ruineux et infantilisant, à une société de confiance bâtie sur l'autonomie des citoyens et la liberté. Un projet qui pourrait se concrétiser par un Etat moins dispendieux et recentré sur ses missions régaliennes ; une "flat tax", et l'ouverture des assurances sociales à la concurrence ; le recours systématique aux référendums ; une autonomie totale des écoles ; l'instauration d'un marché encadré du cannabis.

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Atlantico.fr : Quel point de vue portez-vous sur la politique portée par Anne Hidalgo de rejet de l’automobile au sein de la capitale ?

Aurélien Veron : Au lieu d’apaiser la circulation en associant de manière intelligente les différents modes de transport, Anne Hidalgo oppose les modes de déplacements. Elle crée des tensions entre les cyclistes et les piétons, ces derniers n’étant pas du tout protégés de l’anarchie qui règne à la fois dans la rue et sur les trottoirs, mais aussi entre les cyclistes et les automobilistes, la voiture étant presque déjà totalement chassée du centre de Paris.  Une ville comme Paris, avec une sociologie variée (personnes à mobilité réduite, personnes âgées, travailleurs du bâtiment, artisans, commerçants, livraison de particuliers …) ne peut se passer de voitures, pour des raisons sociales et économiques.

Aujourd’hui, les automobilistes parisiens sont culpabilisés par ce discours extrêmement hostile à leur égard. Le Parisien moyen, qui lui n’est pas dans l’utopie mais dans la réalité de son quotidien, veut pouvoir être cycliste le matin, piéton l’après-midi en utilisant les transports en commun et prendre sa voiture le soir. C’est une liberté fondamentale. Il en va de même pour les Franciliens qui prennent leur voiture pour aller travailler, parfois dans des conditions difficiles, des horaires astreignants, avec du matériel parfois lourd. La circulation en voiture est une liberté essentielle à préserver. Ce petit microcosme de cyclistes « ultra », qui ne tolère pas la voiture, ressemble à une secte qui exclut les gens qui ne leur ressemblent pas. Je suis pour le développement du vélo à Paris. Le développer par des pistes larges sur les grands axes, comme sur la Rue de Rivoli (je parle des pistes, pas des voies bloquées), par des parkings sécurisés aux grands noeuds d’échanges parisiens, par des arceaux en nombre suffisant où les cyclistes s’arrêtent.  Mais cela ne veut pas dire interdire la voiture. C’est là où nous sommes dans l’apaisement plutôt que dans l’affrontement. Le vélo doit avoir sa place tout en respectant l’espace de la voiture, c’est le point où Anne Hidalgo est en contradiction orthogonale avec ses propos d’apaisement en voulant faire de Paris une ville sans voiture.

Au regard du discours de David Belliard, la voiture semble de plus en plus considérée comme « réactionnaire ». Comment en est-on arrivé là ? Quelles sont les conséquences de cette vision politique ? 

Aurélien Veron : Il est sidérant de voir que la voiture est devenue un enjeu presque de civilisation. D’un côté je vois émerger un comportement presque sectaire. Il repose sur une idéologie extrême, très intolérante qui voit dans la voiture un objet réactionnaire, c’est-à-dire un objet bourgeois, individualiste, polluant. Et de l’autre, une société qui jusqu’ici voyait la voiture comme un enjeu de liberté, liberté de se déplacer, la liberté de transporter des objets lourds, la liberté d’aller loin, la liberté de circulation seule ou en emmenant du monde avec soi.

Cette population qui est largement majoritaire aujourd’hui, elle voit les avancées technologiques autour de la voiture avec des motorisations électriques ou à hydrogène par exemple. On sait que les ruptures technologiques vont se multiplier et avec de moins en moins de pollution tant pour l’endroit où roule la voiture que celui où sont fabriquées les batteries ou autres sources d’énergie. La voiture est une source de progrès et est un élément essentiel de la liberté de déplacement.

Nous avons manifestement  affaire à un élu (et même binôme d’Anne Hidalgo auprès de qui il figurait sur les affiches de campagne au second tour) qui veut attaquer nos libertés pour imposer une idéologie dogmatique mais aussi liberticide, autoritaire, presque tyrannique. Demain, ce ne sera peut-être plus seulement la voiture mais aussi l’alimentation ou le fait de voyager qui promet de devenir « réactionnaire ». Delphine Batho a bien proposé un quota individuel de voyages en avion au cours de la vie. Où s’arrête cette vision dictatoriale qui régit nos libertés, qui régit nos vies et qui demain pourrait nous imposer un mode de vie avec, qui sait, un permis à points civique ? Tout cela va dans la très mauvaise direction. Lutter contre la voiture de manière aussi politisée, aussi idéologique et liberticide me semble aller dans une très mauvaise direction. 

Suite à la « vague verte » aux municipales cette politique et cette « hostilité » contre les voitures pourrait-elle être amenée à se généraliser ?

Aurélien Veron : Ce n’est pas une vaque mais la mousse d’une vaguelette. Les Verts ont bénéficié du fort taux d’abstention d’un contexte exceptionnel. Les Verts, c’est un peu le RN de la gauche, populistes et attentatoires à nos libertés. La droite a eu le courage de ne jamais composer avec le FN/RN. A gauche, ils ont franchi la ligne rouge (qualifions-la de verte), ce qu’elle a d’ailleurs aussi fait avec le Parti communiste au passé bien sombre. Les Verts sont devenus le parti dégagiste des partis traditionnels. 

Cette politique contre les voitures va être appliquée un peu partout par ces maires écologistes qui assument la disparition de ce mode de déplacement. J’attends de voir si la mousse est durable ou si, comme dans beaucoup d’idées de ce courant politique, seulement opportuniste parce qu’idéologique et inacceptable par la majorité des gens.

Les préoccupations environnementales sont essentielles et présentes dans tous les partis politiques. Le parti Europe Ecologie Les Verts, lui, ne défend pas l’environnement mais une vision idéologique de la vie sociale et économique. L’exemple des centrales nucléaires est parlant.  Le parti EELV veut supprimer les centrales nucléaires... pour les remplacer par des centrales à charbon ? Les environnementalistes crédibles et sérieux l’estiment irremplaçable tant que nous ne disposons pas d’une énergie renouvelable en quantité suffisante aux heures nécessaires. Le dogme anti-nucléaire est profondément contraire à l’intérêt environnemental. Le repli sur soi (tout à moins d’un quart d’heure de chez soi, circuits courts), l’autarcie, l’envie d’avoir moins d’enfants… cette vision de la société est inquiétante, d’autant qu’elle assume le fait que la planète dont elle prétend représenter les intérêts, passe avant l’humanité. Tous les moyens sont bons pour appliquer leurs principes, quitte à voler les principes de l’Etat de droit.

Comment expliquer le recrutement massif par la maire de Paris d’une équipe de près de 40 adjoints ?

Aurélien Veron : Anne Hidalgo place ses alliés : Parti Communiste, EELV, les vieux serviteurs. 37 adjoints et 3 conseillers constituent un nombre effarant. Une grande partie de ses adjoints sont à des postes assez exotiques. Nous avons l’impression qu’elle se positionne presque dans un programme quasi présidentiel…  En tout cas, l’exotisme de ces positions crée de l’opacité et de la confusion. Qui sera chargé de la circulation par exemple ? La voirie ? L’aménagement urbain ? La ville du quart d’heure ? Chaque enjeu sera couvert par plusieurs adjoints, chacun disposera d’une bureaucratie propre, tous vont évidemment se marcher sur les pieds, nous promettant une cacophonie masquant l’opacité des décisions finales. Alors qu’on entendait Anne Hidalgo faire campagne en annonçant simplifier les processus, alléger la bureaucratie, rendre les procédures décisionnelles plus claires, décentraliser les pouvoirs au niveau de maires d’arrondissement, l’annonce des 37 adjoints et 3 adjoints complémentaires va totalement à l’encontre de ces intentions. C’est une prise de décision qui s’engage vers une verticalité encore plus grande du pouvoir de la maire.

Le fait qu’Anne Hidalgo ait accepté de donner la mairie du 12e arrondissement aux Verts vous étonne-t-il ?

Aurélien Veron : C’est un déni démocratique majeur.  Quand la quatrième liste du premier tour se voit confier la mairie d’un grand arrondissement comme le 12e c’est un véritable scandale. Quand les électeurs du 12e vont retrouver aux prises de décisions de leur municipalité un parti très radical, révolutionnaire, anti-capitaliste, somme toute très éloigné des positions du PS et d’Anne Hidalgo, il y a tromperie sur le produit, publicité mensongère.

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