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Vague de chaleur en Sibérie : voilà pourquoi les températures montent autant en ce moment dans l’Arctique
©DAMIEN MEYER / AFP

Nouveaux records

Une importante vague de chaleur a été constatée en Sibérie. 38,0 °C ont été mesurés à Verkhoïansk, au nord de la Sibérie, une température supérieure de 17 °C aux normales de saison. Faut-il s'attendre à de nouveaux records de température dans les mois et les années à venir ?

Jean-Noël  Thépaut

Jean-Noël Thépaut

Jean-Noël Thépaut est Directeur des services Copernicus, CEPMMT, Météo France. Jean-Noël Thépaut, originellement chercheur en prévision numérique et assimilation de données au Centre national de recherche en météorologie de Météo France, est en détachement depuis 2000 auprès du Centre européen de prévisions météorologiques à moyen terme (CEPMMT), où il a successivement occupé les fonctions de responsable de l’équipe assimilation des observations satellitaires, chef de la division données regroupant les activités assimilation, satellites, et réanalyses, et directeur adjoint du département de la recherche.

En 2015, Jean-Noël Thépaut a pris en charge la mise en oeuvre du service Copernicus « changement climatique » (C3S), un des six services thématiques du programme environnemental Copernicus.

Depuis octobre 2019, Jean-Noël Thépaut est directeur des services Copernicus au CEPMMT, qui recouvrent la surveillance du changement climatique (www.climate.copernicus.eu) ainsi que la fourniture de services autour de la composition atmosphérique et qualité de l’air (www.atmosphere.copernicus.eu).

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Atlantico.fr : Pourquoi certaines zones de l'Arctique sont-elles en proie à de telles vagues de chaleur en ce moment ? De quoi ces chaleurs sont-elles le signe ? Quel rapport entretiennent-elles avec le changement climatique et pourquoi cela est préoccupant ?

Jean-Noël Thépaut : Attribuer des vagues de chaleur comme celle actuelle en Sibérie ou d'autres événements météorologiques extrêmes au changement climatique est assez difficile, car d'autres facteurs comme la variabilité naturelle jouent également un rôle. Mais nous savons que le changement climatique ne se produit pas uniformément à travers le monde et que le rythme est plus rapide dans l'Arctique que dans le reste de la planète. La communauté scientifique a établi que la température de la surface de l'air de l'Arctique augmente deux fois plus que la moyenne mondiale. Il y a un certain nombre de raisons complexes à cela, l’une d’entre elles étant la boucle de rétroaction entre l'albédo et la glace, la fonte de la glace découvrant des terres ou des mers réflechissant moins les rayons du soleil, et absorbant donc davantage de chaleur, accélérant ainsi le phénomène de réchauffement climatique.

La Sibérie occidentale fait partie de ces régions qui se réchauffe plus rapidement que la moyenne. Les variations de température d'un mois à l'autre et d'une année à l'autre peuvent être importantes, et en cela, de fortes anomalies de température ne sont pas inattendues. Cependant, ce qui est remarquable dans le cas de la Sibérie, c’est que ce record observé s’inscrit une période assez longue d’anomalies chaudes, au cours du printemps et de l’hiver passés, avec un mois de Mai particulièrement chaud et des anomalies allant jusqu’à 9C.

Faut-il s’attendre à de nouveaux records de température dans les mois et années à venir, et comment enrayer ce phénomène climatique?

La réponse est oui. Les vagues de chaleur ont toujours existé bien evidemment, mais quand elles se superposent à un climat moyen où la température a déjà augmenté de plus de 1 deg par rapport à la période pré-industrielle (et bien plus dans certaines régions), des records absolus sont observés. Ce fût le cas en Sibérie cette année et en Europe occidentale et centrale l’été dernier. Et la tendance actuelle en terme de température moyenne est sans appel: en effet, 11 des 12 années les plus chaudes se sont produites depuis 2000. Si cela continue et avec une augmentation moyenne des températures de 1.5 ou 2 deg, la fréquence et l’amplitude des ces phénomènes augmentera. L’enrayement du réchauffement climatique, en le ‘limitant’ à 1.5C d’ici la fin du siècle, comme l’indique le GIEC dans son recent rapport, passe par une réduction drastique des emissions de gaz à effet de serre (de moitié d’ici à 2030 pour atteindre une neutralité carbone en 2050). Le rôle du programme Copernicus en général et du Service C3S (Copernicus Climate Change Service) est de surveiller en permanence l’évolution d’indicateurs climatiques (tels que la température mais aussi la glace de mer ou les précipitations) à l’échelle globale et de l’Europe, et d’informer l’Union Européenne, les gouvernements de ses états membres, ainsi que le public en général, et ce afin de mesurer en temps réel l’impact des politiques et directives mises en place dans ce combat contre le changement climatique.

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