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Présidence de France Télévisions : l’abandon probable du projet de holding, une aubaine pour de nouveaux candidats ?
©LIONEL BONAVENTURE / AFP

Candidatures à venir ?

Certains aspects de la future loi audiovisuelle sont désormais connus. La création d’une holding rassemblant l’ensemble de l’audiovisuel public avait longtemps été annoncée. Le gouvernement pourrait finalement renoncer à cette idée. La crise sanitaire semble en effet avoir rebattu les cartes.

Etienne Rateau

Etienne Rateau

Etienne Rateau est le pseudonyme d’un fin connaisseur des dessous de l’audiovisuel français.

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Les contours de la future loi audiovisuelle sont désormais connus. Et c’est dire si le secteur en avait besoin. Daté de 1986, le cadre réglementaire de l’audiovisuel français atteint l’âge vénérable de 34 ans, même si quelques modifications y ont été successivement apportées en 2004, 2009 et, de manière parfaitement annexe, en 2010. Le projet de holding, lui, pourrait être abandonné. De quoi donner des envies de présidence à de nouveaux candidats ?

Un créneau parlementaire entre juillet et août ?

La fameuse loi « Léotard » de 1986 s’inscrit dans le vaste mouvement de libéralisation des années 1980 et a acté la déréglementation du marché de l’audiovisuel avec, notamment, la privatisation de TF1. En finir avec l’héritage gaulliste de l’ORTF en poursuivant le démantèlement d’un audiovisuel tout entier dirigé vers la transmission aux masses de la parole présidentielle était une nécessité impérieuse. Mais, depuis, le secteur a changé. L’avènement du numérique et de ses plateformes de diffusion streaming menace profondément la place de la télévision et de la radio dans le paysage audiovisuel.

Le nouveau projet de loi, présenté en Conseil des ministres en décembre dernier, avait vocation à être débattu au Parlement à la fin du mois de février. Mais la réforme des retraites et la crise sanitaire ont considérablement parasité la bonne tenue des séances parlementaires et risquent de retarder les débats et, in fine, le vote de la réforme. Un créneau parlementaire pourrait tout de même se dessiner entre la fin du mois de juillet le début du mois d’août. Le ministre de la Culture lui-même, Franck Riester, semblerait s’orienter dans cette voie qui a, d’autant plus, les faveurs du parlement. La bataille promet d’être belle et les producteurs de cinéma, chaînes de télévision et de radio, mais aussi les plateformes, devraient mobiliser toutes leurs forces pour tenter d’imposer leurs amendements. Pour l’exécutif, l’objectif reste toutefois le même et vise à réaffirmer le très français modèle de la souveraineté culturelle en améliorant le modèle de financement de la production française et européenne et en augmentant la diffusion des films à la télévision. Le tout dans un contexte nourri par une vocation européenne retrouvée.

Vers un enterrement prématuré de France Médias ?

La création d’une holding rassemblant l’ensemble de l’audiovisuel public a longtemps été annoncée. France Télévisions, Radio France, l’INA et France Média Monde devaient être rassemblés dans une seule et même structure, dont TV5 Monde et Arte auraient été exclues. La bannière France Médias aurait ainsi rassemblé l’essentiel des acteurs dans une forme de BBC à la française.

Mais la prudence, ou plutôt le scepticisme, est désormais de mise car le gouvernement semble en passe de renoncer à cette idée. La crise sanitaire semble en effet avoir rebattu les cartes. Dans les jours qui viennent, Franck Riester devrait annoncer un nouveau rétropédalage. Après sa demande d’un plan de maintien de France 4, le ministre de la Culture pourrait bien reporter, voire enterrer purement et simplement la holding en gestation. De quoi donner des envies de présidence à de nouveaux candidats, rechignant jusqu’à présent à faire campagne pour un mandat de transition d’un peu moins de deux ans ?

Sandrine Roustan, Jean-Noël Tronc, Bertrand Delais : des candidatures à venir ?

Quelques noms circulent d’ores et déjà et viennent allonger la liste des candidats pressentis, non encore officiellement déclarés. Celui de Sandrine Roustan par exemple, ancienne directrice de France 4, aujourd’hui recasée chez Shangai Media Group, au sein duquel elle occupe le poste de directrice du développement international. Une fonction hautement stratégique pour le deuxième groupe chinois d’audiovisuel. Une notoriété reconnue en France aussi qui lui a valu une Légion d’Honneur le 31 décembre dernier. Mais, éloignée depuis plusieurs années du paysage audiovisuel français, elle demeure une candidate potentielle assez peu crédible et devrait peiner à convaincre le CSA. Peut-être plus en vue, Jean-Noël Tronc, aujourd’hui à la tête de la SACEM, serait aussi très intéressé par ce poste. Après avoir participé à l’élaboration de la loi de juillet 1996 sur la régulation des télécommunications, ce potentiel candidat s’est tourné vers l’audiovisuel et a dirigé Canal+ Overseas de 2008 à 2010. Suffisant pour convaincre le CSA de lui donner les pleins pouvoirs ?

Une autre personnalité semble préparer l’espace médiatique pour porter une prochaine candidature. Bertrand Delais, actuel président de La Chaîne Parlementaire (LCP), s’est fendu d’une tribune dans le Figaro ce jeudi 14 mai. Une réflexion sur la place de la télévision dans le « nouveau monde » qui, selon beaucoup de commentateurs, devrait nécessairement advenir une fois la crise sanitaire passée. Si la réflexion est, somme toute, relativement dans l’air du temps, la temporalité de cette publication interroge beaucoup plus les observateurs de cette campagne. Choisi, comme l’exigent les textes, par l’Assemblée nationale, Bertrand Delais est connu pour sa proximité manifeste avec l’actuel Président de la République. Une amitié qui transparaît d’ailleurs dans ses documentaires sur la campagne d’Emmanuel Macron et ses éditoriaux quelque peu laudatifs sur l’actuel Président, écrits entre juin 2017 et janvier 2018. Sa nomination à la tête de LCP avait déclenché une salve de critiques et beaucoup ont cru y voir une résurgence malheureuse de l’ORTF. Cette tribune pourrait indiquer une volonté de se positionner sur un poste hautement stratégique et pour lequel il pourrait bénéficier d’appuis politiques extrêmement utiles. Mais, dans un contexte de défiance notable envers l’exécutif, une telle nomination pourrait être mal perçue par l’opposition.

Sur un point au moins de sa tribune, Bertrand Delais semble avoir raison. France Télévisions sort grandie de la crise sanitaire en ayant fourni, aux Français, une parole claire sur l’évolution épidémique. Les circonstances lui ont permis, de nouveau, de rassembler les foyers autour de rendez-vous symboliques, dont les JT ou les films du dimanche soir sont les plus marquants exemples. Et, à travers France 4, le groupe a réaffirmé sa vocation éducative et son sens de l’intérêt public par une politique de diffusion de contenus pédagogiques massive et qualitative. Une réussite telle que sa suppression pure et simple, longtemps prévue par la loi audiovisuelle, pourrait être remise en cause.

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