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Et le camarade Kristof Kastaner répondit à l’appel du grand Lénine…
©Francois Mori / POOL / AFP

Rouge sera l’avenir

Harnaché, armé, décidé, il partit mater les Français indisciplinés.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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L’heure était sombre. Un sondage annonçait que seuls 39% des Français estimaient que le gouvernement était efficace contre le coronavirus. Le camarade Kristof Kastaner comprit que seul son souffle révolutionnaire pouvait mettre fin à cette calamiteuse situation.

Il devait passer à la télévision pour fortifier les cœurs et les âmes des 39% et mater les 61% récalcitrants. Le camarade Kristof Kastaner décida donc de frapper fort. Comme il était en manque d’inspiration il compulsa le dictionnaire des citations qui est la providence des hommes politiques à la recherche d’une formule audacieuse.

Il trouva « il nous faut être cruel pour que le peuple ne le soit pas ». C’était de Danton. Mais le camarade Kastaner s’avisa que la phrase était quand même par trop brutale. Il chercha encore. Et tomba en arrêt devant « nous n’avons pas à louer ni à honorer nos chefs, nous avons à leur obéir à l’heure de l’obéissance et à les contrôler à l’heure du contrôle ».

Il l’écarta : ça commençait bien mais ça finissait mal. Puis enfin il découvrit la formule qu’il fallait : « la confiance n’exclut pas le contrôle ». Elle était heureuse et balancée puisqu’elle résonnait comme le « en même temps » cher à son chef.

Très en forme le camarade Kastaner alla sur Russia Today qui rediffusait les glorieux chants de la révolution bolchevique. Il en écouta un religieusement. « Par le froid et la famine / dans les villes et dans les champs / à l’appel du grand Lénine / se levaient les partisans ».

Il vida une bouteille de vodka et se mit en tenue de combat. Une casquette avec l’étoile rouge, une vareuse en cuir noir, un Mauser accroché à son ceinturon. Ainsi accoutré le camarade Kastaner se rendit sur le plateau de BFMTV. Et là il lança, évoquant les nécessités du confinement, son désormais célèbre « la confiance n’exclut pas le contrôle ».

De méchants érudits de la fachosphère s’aperçurent que la citation était de Lénine. Le camarade Kastaner fit alors l’objet d’infâmes railleries. Il les supporta stoïquement. Sans dégainer son Mauser.

On sait que Lénine a plutôt bonne presse. On le compare toujours avantageusement à Joseph Staline, un satrape bien plus sanguinaire qui lui succéda. Mais c’est quand même Lénine qui créa la Tcheka chargée d’éliminer les contre-révolutionnaires.

On fusilla par milliers les Blancs, les bourgeois, les nobles, les ouvriers révoltés et les paysans fidèles au Tsar. A la tête de la Tcheka il y eut un lointain ancêtre de notre ministre de l’Intérieur : Félix Dzerzinski. Le camarade Kristof Kastaner a encore du chemin à faire pour l’égaler.

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