"Travailleurs, travailleuses" : et Macron parla comme Arlette Laguiller <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
"Travailleurs, travailleuses" : et Macron parla comme Arlette Laguiller
©ALAIN JOCARD / POOL / AFP

Muguet tristement rationné

Ce 1er mai pas comme les autres fut un jour funèbre. Et le président de la République ne parvint pas à dissimuler sa peine.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

Voir la bio »

Macron avait du vague à l'âme. Certes, conformément à la tradition, on lui avait apporté du muguet. Mais seulement quelques brins, confinement oblige. Il eut des mots émus pour les fleuristes dont il disait comprendre la détresse. Mais l'essentiel de ses pensées était ailleurs.

Il se désespérait de contempler le grand vide qui régnait de la République à la Nation. Où étaient les drapeaux rouges qu'il aimait tant ? Pourquoi était-il privé du bonheur d'entendre "Macron des sous !" et de voir des banderoles marquées "Macronavirus" ? Oui, cette journée était à marquer d'une pierre noire.

Car Macron adorait qu'on prononce son nom. En bien, en mal, peut lui importait. Qu'on le conspue était pour lui la manifestation évidente qu'il existait. Il se souvint alors qu'il avait pour vocation d'être le président le plus social de la cinquième République.

Il appela Alexis Kohler, le secrétaire général de l'Elysée : "Alexis, en ce moment de tristesse, j'ai l'intention de proclamer une journée de deuil national". Kohler répondit sagement : "Monsieur le président, vous n'y pensez pas : nos amis du CAC 40 pourraient en prendre ombrage. Or, nous aurons besoin d'eux en 2022. Demandez d’ailleurs à Laurent Berger, vous verrez qu'il sera de mon avis". Macron appela Berger et renonça à ce projet qui lui tenait tant à cœur.

Mais il avait pris la mesure de l'indicible souffrance des masses populaires, orphelines d'un défilé révolutionnaire. Et il décida de leur montrer sa compassion et sa solidarité. Chose tout à fait inhabituelle pour un 1er mai, il enregistra spécialement à leur intention une allocution télévisée. Il était grave, la mâchoire serrée. Et il bougeait lourdement ses bras comme s'ils étaient lestés par du plomb. Sans doute faisait-il des efforts surhumains pour s'empêcher de lever le poing...

Il eut cette phrase noble et magnifique : "mes pensées vont vers les organisations syndicales et vers les travailleurs et les travailleuses". Comme un écho à l'expression favorite de l’infatigable Arlette Laguiller. Puis Macron comprit qu'il ne pouvait rester trop longtemps dans ce registre mortifère.

Il mis ses culottes courtes et descendit dans un bac à sable en évoquant sa nostalgie des "1er mai chamailleurs". Et l'espace d'un instant, on vit défiler les images attendrissantes du petit Macron se chamaillant avec le petit Martinez. Ce dernier lui avait piqué son seau et le petit Macron, d'humeur bagarreuse, lui administrait des coups de râteau. Le président le plus social de la 5e république est aussi le plus comique.  

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !