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Les vérités de Séverine Servat de Rugy sur les fake news, les attaques et les rumeurs liées au "homard gate"
©PATRICK KOVARIK / AFP

Bonnes feuilles

Séverine Servat de Rugy publie "La marche du crabe" aux éditions Michel Lafon. Elle a choisi d’écrire un livre pour opposer le temps court de la réaction au temps, un peu plus long, de l'analyse. Pour sortir du rôle qui lui avait été assigné par la force des choses, des fantasmes, de l'appareil ou de l'apparat même : celui d'un bon petit crabe. Extrait 1/2.

Séverine Servat de Rugy

Séverine Servat de Rugy

Journaliste, Séverine Servat de Rugy a travaillé chez Sygma et à Radio Notre-Dame. Elle est aujourd'hui chef de rubrique à Gala. Elle est l'épouse de François de Rugy depuis le 16 décembre 2017.

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Moi qui n’ai jamais connu de conflit d’intérêts, qui ne dois ma carrière qu’à mon travail, qui n’ai jamais eu d’autres revenus que salariaux (ni spéculation ni revenus immobiliers d’aucune sorte), il fallait pourtant bien qu’on me trouve des tares… C’est ce qui a été tenté. Je ne reviendrai dans le détail que sur mon cas, mais je rappellerai qu’au même moment, François a dû faire face à une accusation de fraude fiscale dont il a été démontré qu’elle était fausse, ou d’avoir loué un logement social, ce qui était tout aussi faux. Or aucune contre-enquête n’a été menée, à l’exception de celle du JDD pour l’ensemble des propos diffamatoires déversés, et pour le seul cas du logement social par Ouest-France, Capital et Le Parisien. Des pailles dans un océan de fake news. Voici les principales attaques.

Un sèche-cheveux plaqué or 

Le Parisien a mentionné « un sèche-cheveux doré à la feuille d’or » d’un montant de 499 euros acquis « sur l’argent de l’Assemblée » par Séverine Servat de  Rugy. En arrivant à l’hôtel de Lassay, nous nous installions a priori pour cinq ans, et l’appartement était fourni comme un meublé, sèche-cheveux compris, un seul pour potentiellement cinq personnes et deux salles de bains. Il fallait un deuxième sèche-cheveux. On m’a demandé quelle était ma préférence. J’ai indiqué, c’est vrai, un modèle d’une marque un peu onéreuse, Dyson. Ce sèche-cheveux de couleur blanche était si performant qu’il pouvait m’éviter de dépenser de l’argent et du temps chez le coiffeur à chacune des sorties auxquelles j’accompagnais François. L’intendance en a fait l’acquisition aux alentours de 250 euros en promotion. C’est un accessoire que nous avons laissé sur place en quittant l’hôtel de Lassay. On aurait pu me dire : « Prenez-le à votre charge et vous l’emporterez en partant. » Nous sommes partis, je l’ai laissé sur place et… j’en ai acheté un autre à ma charge que j’ai emporté cette fois en partant du ministère. Par quel mécanisme malveillant la somme inventée de 499 euros et la photo d’un sèche-cheveux en plaqué or est-elle arrivée au Parisien ? C’est le mystère de la rumeur et des ragots.

Un chauffeur pour mon fils 

On a aussi prétendu (là je ne peux pas citer un seul média, cela en concerne une bonne dizaine sur Internet et dans les versions papier, et des plus sérieux) qu’un chauffeur de François servait à amener mon fils à l’école. J’ai dû empêcher ce dernier qui avait alors douze ans d’écrire aux médias pour démentir. En effet, il prenait, comme moi, le métro tous les jours. Je ne peux pas dire la vérité autrement qu’aussi platement. C’est certain, voilà qui fait moins rêver et parler dans les dîners que le fantasme du petit Lord Fauntleroy débarquant à l’école en direct de sa limousine. J’en profite ici pour saluer l’initiative du forfait Imagine R Scolaire pour les déplacements des enfants de moins de seize ans d’Île-de-France que j’ai couplé à mon pass Navigo. 

Un dressing de princesse 

En arrivant dans le logement de fonction du ministère, j’ai pu constater, je l’ai déjà évoqué, que les lieux n’étaient manifestement pas destinés à accueillir une famille, notamment en termes de rangements. Nicolas Hulot, le précédent locataire, y vivait seul, et avant lui, Ségolène Royal avec sa fille. J’ai donc défait les cartons d’une famille de trois à cinq personnes sans savoir où disposer la plupart de nos affaires. Dans ces cas-là, il est question de recourir au mobilier national pour demander des armoires. Mais le mobilier national est plus fourni en tapisseries d’Aubusson qu’en utilitaires. J’ai alors demandé par texto au chef de cabinet s’il était envisageable –  on ne vous délivre pas un manuel des usages quand vous arrivez dans l’endroit, il faut toujours demander pour savoir quoi faire ou non  – d’installer le modèle de placards Pax d’IKEA. Les services administratifs ont alors proposé de recourir à un menuisier en interne, en m’expliquant que cela serait aussi simple et de qualité plus robuste. Puis le menuisier, trop sollicité par les autres ministères, ayant dû se désister, il a été fait appel à un prestataire extérieur sans que François ni moi n’ayons été impliqués dans cette décision finale. Pour ma part, peu m’importait qu’il s’agisse de placards IKEA ou de sur-mesure plus luxueux, étant donné qu’il s’agissait d’une résidence temporaire et que nous n’emporterions rien avec nous. C’est un soin que nous avons laissé à ceux qui régissaient les lieux. Bien naturellement, la terminologie «  placard  », qui n’est guère séduisante, s’est transformée en « dressing » pour faire le buzz. Il est vrai que le terme dressing revêt un double sens : le premier désigne une pièce ou un espace dédié aux rangements et le second une penderie. En l’occurrence, les penderies avaient été placées contre le mur d’un couloir menant à la cuisine, elle-même placée dans le prolongement de la chambre occupée par mon fils… Mais la désignation « dressing » a été unanimement adoptée par les contempteurs. Les mots ne sont jamais neutres.

Des dîners fastueux avec mes amis Pour le traitement de dîners – une dizaine en deux ans – dont il a été question, quel était mon rôle ? Je dirais celui d’une sorte de maîtresse de maison  : recensement du nombre, information sur des désistements ou sur la possibilité de garer des voitures dans la cour (comprenant l’échange avec le service de sécurité pour vérifier les plaques d’immatriculation), placement à table. Bref, rien de bien excitant, ni de très girl power. Ce n’est ni François ni moi qui établissions les menus ou choisissions les vins, mais la cheffe des cuisines de l’Assemblée. Ces quelques dîners, à vocation professionnelle pour mon mari, ont fonctionné par thématiques  : universitaires, patrons de start-up, médias. J’aurais aussi bien pu ne pas être présente, car bien peu de gens se sont réellement intéressés à moi en cette occasion. Tout le monde vouvoyait François ou l’appelait Monsieur le Président. Ces dîners, dont je n’étais pas l’instigatrice ou le centre ou la grande ordonnatrice, mais plutôt une sorte de petite main, procédaient, j’en suis témoin, de la volonté de François en tant que président de l’Assemblée d’y faire entrer de nouveaux points de vue. De la même façon que de nombreux députés étaient issus de la société civile, il était question de sortir des seuls rapports d’énarques et de discuter de problématiques sociétales. Certains des invités, je les connaissais, oui. Car il arrive que je croise des gens de qualité et que nous nous appréciions. Il y avait tel professeur de droit ou tel professeur de sociologie, il y avait aussi tel journaliste ou écrivain enquêteur, qui font par ailleurs partie de mes connaissances. Mais il n’y a jamais eu une seule personne présente qui se trouvât en rapport direct avec mon métier. Même si, bien sûr, certains médias ont insisté sur ma profession, pour tenter de créer un amalgame glamour et semer la confusion sur l’identité et les propos des convives. Si, dans ces dîners comme ailleurs, je n’ai jamais voulu me montrer froide, hautaine ou distante parce que ce n’est pas mon genre et qu’une forme de bonhomie peut aider au dialogue, je n’ai pas gardé de cette période l’idée que je m’amusais. Et encore moins François, qui a par nature une forme de réserve. Il écoutait et échangeait. Par ailleurs, le caractère fastueux a tenu au fait que ces dîners se déroulaient dans les salons de réception du rez-de-chaussée de l’hôtel de Lassay (les cuisines sont en sous-sol). Ils sont impressionnants par la hauteur des plafonds, les dorures, les grands miroirs et la vue sur le jardin éclairé en soirée. 

Je veux bien croire que cela ait suffi à donner une impression de faste. D’ailleurs, je veux bien croire que le mot « faste » vienne à l’esprit dès qu’on passe le seuil d’un hôtel particulier du xviiie  siècle tenu par un minimum de protocole.

Extrait du livre de Séverine Servat de Rugy, "La marche du crabe", publié aux éditions Michel Lafon

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