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Défense : Allemagne, allié solide mais difficile
©GERARD CERLES / AFP

Post-Brexit

La troisième assemblée parlementaire franco-allemande consacrée à la Défense se déroule les 5 et 6 février au Parlement européen à Strasbourg sous la présidence de Richard Ferrand (LREM) et Wolfgang Schäuble (CDU).

Jean-Pierre Maulny

Jean-Pierre Maulny

Jean-Pierre Maulny est Directeur adjoint de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS).

Anciennement chargé de mission auprès du président de la Commission de la défense et des forces armées de l'Assemblée nationale entre 1997 et 2002, il est spécialiste des questions relatives à l'industrie de l'armement, des politiques de défense de la France et de l'Europe, de l'OTAN.

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Atlantico.fr : Les 5 et 6 février, la troisième assemblée parlementaire franco-allemande consacrée à la défense se tiendra au parlement à Strasbourg. Concrètement maintenant que le Royaume-Uni est parti de l’Union-Européenne peut-on considérer l’alliance franco-allemande comme la base de la défense européenne ? 

Jean-Pierre Maulny : Ce qui sûr c’est que parmi les pays européens la France et l’Allemagne sont les plus importants en termes de puissance économique et militaire. La France a eu l’habitude de coopérer avec l’Allemagne sur tout ce qui est relatif à la construction de l’Europe de la défense depuis 40 ans. Le couple Mitterrand-Kohl a joué un rôle important à la fin des années 80 ainsi que durant les années 90 et on a renoué avec cette coopération depuis conseil des ministres franco-allemands de juillet 2017 avec Angela Markel et Emmanuel Macron. Lors de celui-ci, on a fait lancé des initiatives pour faire progresser l’Europe de la défense comme avec la coopération structurelle permanente la perspective d’avoir deux programmes d’armement en commun dans le domaine aéronautique et dans le domaine terrestre. 

En même temps, on ne peut pas s’appuyer uniquement sur ces deux pays car l’Union-Européenne comporte 27 pays et on est aussi obligé de prendre en considération les autres. D’autre part on entre dans la période de négociation de la relation future avec le Royaume-Uni et les uns et la France comme l’Allemagne veulent conserver une relation assez forte dans le domaine de la défense avec le Royaume-Uni. Il y a la question de la sécurité de l’Europe qui est derrière et ça ce sont des intérêts qui sont partagés car l’espace géographique est lui indivisible.  

Quel rôle joue la coopération bilatérale franco-allemande dans le cadre de la politique de sécurité et de défense commune qui a connu ces dernières années une importante relance, notamment par Emmanuel Macron ?

Cette relance avait déjà commencé avant l’élection d’Emmanuel Macron puisque les premières initiatives franco-allemandes datent de septembre 2016, c’est-à-dire juste après le référendum sur le Brexit quand François Hollande était président de la République. C’est à cette date que des projets ont été évoqués par la France et l’Allemagne. Emmanuel Macron a poursuivi cette voie là et après son élection une nouvelle étape a été franchie. Le 13 juillet 2017 lors du conseil des ministres franco-allemand, deux programmes d’armement extrêmement importants sont lancés entre nos deux pays et les initiatives européennes comme la coopération stucturée permanente et le Fonds européen de défense sont mis sur les rails.

En France, Jean-Yves Le Drian s’est occupé de ce dossier sous François Hollande et il a continué à le suivre d’une certaine manière sous Macron. Il est ministre des affaires étrangères aujourd’hui et c’est Florence Parly, la ministre des armées, qui a pris le relai. 

Cette union n’est peut-être pas aussi efficace qu’elle devrait l’être ? Que devraient-ils faire pour qu’elle marche de façon optimale ? 

Pour fonctionner de manière optimale, il faut que Français et Allemands discutent perpétuellement sur leurs intérêts de sécurité, sur les moyens et les stratégies pour assurer leur sécurité. Le tropisme français est plus porté sur l’utilisation de la force militaire, ce qui n’est pas le tropisme allemand. Il y a toujours une discussion un peu compliquée avec les Allemands sur les questions d’usage de la force. Aujourd’hui sur tout ce qui est de la lutte contre le terrorisme au Sahel on aimerait avoir une présence militaire Allemande plus importante là où les Allemands réclament plus de vision politique sur les objectifs poursuivis. 

Les Allemands préfèrent l’usage de la diplomatie avec une très forte cohérence entre les moyens civils et l’usage de la force militaire. Cela est lié à l’histoire et à la deuxième guerre mondiale, ils ne voient l’usage de la force armée qu’avec prudence. Si il faut combattre, ils sont beaucoup plus à l’aise quand on parle de sécurité collective et de défense du territoire européen en cas d’agression extérieure que pour des opérations extérieures. 

On peut avoir une relation équilibrée entre la France et l’Allemagne à condition que les deux pays soient à l’écoute l’un de l’autre et qu’ils sachent faire des pas en direction de l’autre. Il faut que les Allemands acceptent l’usage de la force militaire quand celui-ci est nécessaire pour répondre à très court terme à des défis de sécurité qui nous sont posés et que les Français acceptent de donner une vision politique plus claire des objectifs poursuivis. Cela n’est pas toujours le cas et on voit bien que les discussions sont difficiles aujourd’hui notamment sur la question de la situation au Sahel.. 

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