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Ne vous privez surtout pas de taper sur les "élites" ! Certes ça ne sert à rien mais au moins vous serez acclamés…
©ERIC PIERMONT / AFP

Jeu de massacre

Le succès de cette discipline sportive va grandissant. Et tout le monde monte sur le podium.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Don Quichotte était un noble et intrépide hidalgo. Avec sa lance il fonçait sur les moulins à vent qu'il prenait pour des géants maléfiques. Dans une humble et simple paysanne il voyait une princesse. Défenseur de la veuve, de l'orphelin et des opprimés, de son combat, sans victimes et sans victoires, il tirait une gloire sans pareil.

Don Quichotte s'est reproduit à de multiples exemplaires aujourd'hui en France. La guerre contre les moulins à vent, les "élites" donc, est devenue l'affaire de tous. Il faut haïr les "élites" qui nous font tant de mal. Les contraindre à quitter les postes qu'elles occupent. Hors de ce dégagisme point de salut.

S'est-on seulement demandé qui place ces "élites" dans les fonctions administratives et gouvernementales qu'elles exercent, parait-il, à notre détriment ? Le pouvoir politique ! Mais ça on ne veut pas, on ne peut pas, le voir. Regarder cette vérité en face obligerait en effet à se poser la question de nos propres responsabilités.

La France est théoriquement - c'est dit dans la Constitution - une république. Un mot qui vient de res publica : la "chose publique" ou, autre signification, "le bien commun". Or elle n'est pas autre chose, depuis 1958, qu'une monarchie élective. Quand le roi était de Gaulle ça allait… Mais ceux qui lui ont succédé ?

C'est le monarque – Macron aujourd'hui – qui désigne les "élites" auxquelles il délègue quelques miettes de son pouvoir.  Elles sont choisies dans le vivier des grandes écoles (ENA, Sciences Po, HEC, Polytechnique) dont viendrait tout le mal. Et parfois quand la tornade "anti-élites" souffle trop fort le monarque, intelligent et roué, va dans le sens du vent : il envisage de supprimer l'ENA.

Contrairement à ce qu'écrit Yves Michaud dans Atlantico, il n'y a pas de "crise des élites". Mais il y a une crise non pas de la démocratie mais du système. Un système étrange. Pendant quelques heures, le temps d'une élection présidentielle, les citoyens peuvent se croire tout puissants. Tous les cinq ans également, ils vivent des moments heureux en élisant leurs députés. Toujours de la même couleur que le monarque désigné.

Et puis ? Et puis rien ! Les citoyens deviennent des sujets. Le roi règne sans partage. Mais avec quelques accommodements, des os à ronger, consentis dès lors qu'il y a grèves, manifestations ou révoltes.

L'autre mot pour désigner les "élites", c'est "technocrates". Il y a nombre de "technocrates" dans les rouages du pouvoir. Mais qui leur a confié ces responsabilités ? Le monarque élu par les citoyens ou plutôt par ses futurs sujets. Il y a des "technocrates" à Bruxelles unanimement détestés. Ce sont les gouvernements de l'Union européenne qui leur ont octroyé ces places. Il y a des "technocrates" à la mairie de Paris. C'est Anne Hidalgo, élue par les Parisiens, qui leur a donné leur pouvoir de nuisance.

Tous, "élites", "technocrates", sont réputés hors-sol. Sans contact réel avec la population. Il faudrait donc tout changer à commencer par le sommet. Une monarchie tournante pourrait être envisagée afin d 'établir une chaleureuse proximité avec ce que l'on appelle les "gens". Un an un président qui serait un chômeur. Le remplacerait l'année d'après un président ouvrier. Viendrait ensuite un président agriculteur. Suivrait un président issu de la diversité. Et pour clore le cycle un président banquier. Ah ça on a déjà…

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