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Jamais une mission spatiale ne s’était autant approchée du soleil. Voilà ce que la Nasa en a appris
©JIM WATSON / AFP

Parker Solar Probe

Parker Solar Probe, la sonde spatiale chargée de percer les mystères du Soleil, a effectué trois des 24 passages planifiés dans des parties de l'atmosphère solaire jamais encore explorées. Les scientifiques ont publié des articles sur leurs découvertes dans la revue Nature.

Olivier Sanguy

Olivier Sanguy

Olivier Sanguy est spécialiste de l’astronautique et rédacteur en chef du site d’actualités spatiales de la Cité de l’espace à Toulouse.

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Atlantico.fr : Les premières analyses des résultats de la mission Parker, la première mission spatiale a être parvenue à pénétrer dans l'atmosphère solaire, viennent de paraître dans la revue Nature. Tout d'abord, quels étaient les objectifs principaux de cette mission de la NASA?

Olivier Sanguy : Une petite précision. La Parker Solar Probe (ou sonde solaire Parker) de la NASA n’est pas la première à pénétrer dans l’atmosphère solaire. Pour expliquer l’importance de la mission de cette sonde, l’agence américaine rappelle que la Terre est, en quelque sorte et comme les autres planètes, dans l’atmosphère du Soleil, du moins sa partie la plus externe à savoir l’héliosphère. Celle-ci s’étend jusqu’aux confins du Système solaire. La spécificité de la trajectoire de Parker Solar Probe, et l’un des objectifs primordiaux de cette mission, consiste à s’approcher de notre étoile au plus près. Jusqu’alors, le record de proximité pour une sonde était détenu par l’engin américano-allemand Helios-2 qui passa à 43,4 millions de kilomètres du Soleil en 1976. Pour rappel, la Terre orbite à 150 millions de kilomètres du Soleil. Lancée en 2018, Parker Solar Probe est déjà passée plusieurs fois à seulement 24 millions de kilomètres établissant un nouveau record. Mais soyons clair, le but n’est pas de battre un record : cette proximité a permis des mesures jusque là inédites afin de mieux saisir les mécanismes de notre étoile.

À l'issue de la mission, quelles sont les principales découvertes faites par la NASA ?

La mission n’est pas encore finie. Elle doit se dérouler jusqu’en 2025. Il est à noter qu’en 2024, Parker Solar Probe accomplira son premier passage très proche à seulement 6,2 millions de kilomètres de notre étoile. Toutefois, l’équipe scientifique a déjà communiqué de premiers résultats issus des mesures accomplies par les 3 premiers passages à environ 25 millions de kilomètres. Pour synthétiser tous les résultats présentés, on notera qu’ils confirment tout d’abord ce que pensaient les astronomes, à savoir qu’en s’approchant du Soleil on mesurerait des phénomènes inédits impossibles à constater aussi précisément de plus loin. C’était la justification de cette mission et force est de constater que le succès est au rendez-vous. Les vents solaires se révèlent ainsi beaucoup plus dynamiques et turbulents proches du Soleil que plus loin. C’était attendu, mais peut-être pas autant. Les instruments FIELDS et SWEAP de la sonde ont ainsi permis de constater des changements de direction du champ magnétique imbriqué dans les vents solaires. Ces changements surnommés « switchbacks » (revirements en français) durent de quelques secondes à plusieurs minutes. Lors d’un switchback, les scientifiques notent que le champ magnétique opère une sorte de repli jusqu’à presque pointer vers le Soleil. Parker Solar Probe a de plus pour la première fois observé les vents solaires alors qu’ils sont encore en rotation. Lorsqu’on les observe plus loin, ils finissent par se répandre de façon radiale. Scruter cette transition est important pour mieux étudier les complexes mécanismes de notre étoile. À plus long terme, on espère avec Parker Solar Probe comprendre pourquoi la couronne solaire qui s’étend sur des millions de kilomètres est considérablement plus chaude (1 million de degrés et plus) que la « surface » du Soleil qui n’est qu’à 6 000 °C.

En quoi ces découvertes sont-elles importantes ?

Elles sont importantes pour 3 raisons principales. Tout d’abord, il s’agit de mieux saisir le fonctionnement même du Soleil. Si les grandes lignes sont aujourd’hui comprises, il reste beaucoup d’énigmes, comme celle liée à la température de la couronne solaire évoquée précédemment. La deuxième raison découle de la première : en comprenant mieux notre étoile, on vise à forger des modèles théoriques bien plus précis de son activité afin de mieux évaluer son impact sur notre civilisation. Avec ses éruptions et ses éjections de masse coronale, le Soleil envoie parfois vers notre planète des flux d’énergie et de particules capables d’altérer de façon significative le fonctionnement des satellites et même des infrastructures électriques ou informatiques au sol ! Mieux connaître le Soleil, c’est aussi mieux protéger notre civilisation basée sur des technologies jugées sensibles à l’activité de notre étoile. Enfin, la troisième raison principale a trait à l’étude des autres étoiles. Dans cette logique le Soleil est l’étoile la plus proche, donc la plus facile (relativement parlant bien entendu) à étudier et constitue du coup une référence très utile ?

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