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Bye bye Uber, Deliveroo ou WeWork ? Voilà pourquoi le mode de vie urbain des années 2010 est en train de s’effondrer
©GERARD JULIEN / AFP

Nouveau Monde

Alors que le mode de vie des millenials était un mode de vie basé sur des levées de fond sans profit, les entreprises qui en bénéficiaient sont en train d'être reprises en main. La fin d’un mode de vie pas cher s'engage.

Atlantico : Bon nombre d'entreprises américaines ont bouleversé l'univers des services, surtout pour les jeunes urbains, en entrant sur des marchés avec des stratégies prix agressives. Aujourd'hui, est-ce que la rentabilité est au rendez-vous ?

Sébastien Laye : Ce qui est en cause ici, c'est l'héritage de business models hérités de la bulle internet des années 1990. Classiquement dans le capitalisme moderne, les nouvelles sociétés sont rarement financés par leurs premiers profits: en effet, leur succes à capturer un nouveau marché attire irrémédiablement de nouveaux entrants, ruinant leurs positions pionnières. Ainsi, sur les créneaux en forte croissance, les nouvelles sociétés financent leur croissance par endettement (si l'activité implique l'achats d'équipements ou actifs tangibles) ou par fonds propres. Le modèle de financement de la start up est intrinsèquement lié à cette prise de positions rapides sur un marché intangible essentiellement: c'est le first mover advantage. Il n'en est pas allé différemment avec la nouvelle génération de start ups de services comme Uber, AIrBnB, WeWork... à ceci près que ces sociétés se sont en réalité attaqué à des marchés existants et tangibles, qu'elles n'ont fait que réinventer au demeurant. Sur de tels marchés, la fuite en avant avec des levées de fonds gigantesques n'a fait que repousser le point d'équilibre des comptes: la taille d'Uber est gigantesque et pourtant la société est incapable d'aligner un profit: trop de concurrence, barrières à l'entrée faible au niveau local, risque juridique considérable. On ne retrouve pas la martingale financière du logiciel ou des moteurs de recherche....Ces sociétés ne sont pas de vraies sociétés technologiques, WeWork étant l'exemple emblématique de cette génération de start ups de services.

Comment ont survécu ces entreprises lorsque cette rentabilité n'était pas là ?

La course au gigantisme du capital risque a permis cette croissance débridée non profitable. L'apparition du fonds Vision de 100 milliards de Softbank a à elle seule crée un super marché, celui de l'accélération ou de la création artificielle des fameuses licornes; on retrouve les mêmes firmes de capital-risque à chaque tour de financement, elles mêmes créant leur propre valeur, artificielle, sur le papier. Cette économie casino bute en général sur l'introduction en Bourse, ou le régulateur boursier est finalement plus regardant que les investisseurs privés. Ce modèle s'effondre aux USA, au moment ou le gouvernement francais et la BPI essayent de le promouvoir à grands coups de communication sur les licornes francaises. C'est une impasse selon moi. Créons des sociétés profitables et aux produits utiles plutot que des miroirs aux alouettes.

Un mode de vie s'est construit autour de ces services, que les Américains appellent le Millenial Life Style. Les consommateurs sont-ils captifs ou l'augmentation des prix inévitable remettra en question leur fidélité ? 

Ils ne vont pas changer de modes de vie ou de consommation mais se retourner vers de nouvelles plateformes qui prendront des parts de marché en baissant les prix. In fine, cette industrie de services désintermédiés ressemblera de plus en plus au transport aérien: utile socialement, mais incapable économiquement de dégager structurellement des profits pérennes. Dans certains pays, certains services publics assureront bientot les mêmes fonctions.

Cette hausse des prix va-t-elle conduire à rendre le coût de la vie en ville encore plus cher qu'il ne l'est aujourd'hui, au moins pour un temps ?

Je ne crois pas au scénario d'une hausse durable des prix. Ces marchés sont un modèle stylisé (si rare à trouver dans la nature) des marchés walrassiens de concurrence pure et parfaite: les barrières à l'entrée sont loins d'être un obstacle. ll va y avoir des faillites, de la casse sociale, mais le consommateur ne sera pas le principal perdant. Et dans la France périphérique, ces services commencent à s'imposer progressivement, notamment parce qu'on est loin des grands centres de production ou de diffusion des services.

Propos recueillis par Augustin Doutreluingne.

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