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Islande/France : 0-1, la France fonce vers l'Euro
©JONATHAN NACKSTRAND / AFP

Football

A l'issue d'un match globalement décevant, l'équipe de France s'impose en Islande par la plus petite des marges. Grâce au 37è but d'Olivier Giroud en équipe nationale (!), les Bleus gardent leur destin en mains avant d'affronter la Turquie, lundi prochain. En cas de victoire, ils décrocheront leur qualification pour l'Euro 2020.

Olivier Rodriguez

Olivier Rodriguez

Olivier Rodriguez est entraîneur de tennis et préparateur physique. Il a coaché des sportifs de haut niveau en tennis. 
 
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Attention au tournant. L'équipe de France jouait hier soir une partie de son avenir aux confins de l'Islande. Dans cette période automnale délicate, les enjeux ne sont pas des moindres pour l'équipe championne du monde. Dans la course à la qualification, elle doit affronter ses deux principaux concurrents à quatre jours d'intervalle. Pour rappel, quatre mois après une défaite indigente en Turquie, les Bleus occupaient avant le coup d'envoi la seconde place d'un groupe très disputé. Au delà des impératifs de résultats inhérents à une équipe de ce standing, le sélectionneur Français cherchait à connaître la capacité de son équipe à surmonter l'absence de joueurs cadres. Avec Lloris, Hernandez, Pogba, Kante et Mbappe absents, soit au moins un joueur majeur par ligne, il s'agissait donc de reconstruire une bonne partie de l'épine dorsale de l'équipe dans un contexte compliqué.

Le moins que l'on puisse écrire, c'est qu'il n'y a pas que le contexte qui fut compliqué. C'est bien le vent glacial qui aura provoqué les frissons et non le spectacle proposé. Et oui, c'est toujours bien triste, un match où le public est plus inspiré que les joueurs, un match où l'anonymat devient collectif. Au delà de la manière, sur laquelle nous reviendrons, les comptables et les pragmatiques seront ravis ce matin. Le constat est simple, avec de nombreux titulaires en moins, l'équipe de France compte ce matin trois points en plus et le 37ème but en bleu d'Olivier Giroud (pénalty à la 66è) rapproche tout donc de même beaucoup l'équipe nationale de l'objectif visé. Avant le match crucial qui l'attend contre la Turquie, l'opération n'est pas neutre. La France est ce matin co-leader de son groupe et possède désormais 6 points d'avance sur une équipe Islandaise, certes rugueuse, mais pas joueuse pour deux sous et sans idées. Voilà pour le constat clinique. Mais selon les esthètes, les amoureux du jeu, le compte n'y est certainement pas. Pour eux, la copie rendue par une équipe championne du monde, même grandement remaniée, reste très insuffisante. A ce titre, la première période fut un exemple de ce que l'on aime pas voir. Une mi-temps morne, avec toute la gaité d'un convoi au Père-Lachaise par un jour froid et pluvieux ou bien, si vous préférez, le dynamisme d'un épisode de "L'homme du Picardie" (série télévisée dont les moins jeunes des lecteurs se souviennent certainement). Au final, ce triste match illustre parfaitement un débat vieux comme le sport: d'un côté, la culture de la gagne... de l'autre, la recherche d'un spectacle, d'un style, d'une émotion. Deux conceptions qui, de toutes époques, semblent irréconciliables. Si les Bleus des années 80 jouaient un football romantique et plaisant, ils gagnaient peu et cristallisaient les critiques par leur absence de résultats... Les Bleus des années 90 et 2000 gagnent, eux, beaucoup, mais sans jamais satisfaire les puristes. Autres temps, autres moeurs. Les champions du monde paraissent donc beaucoup ressembler à leur époque (laquelle privilégie le prix des choses au détriment de leur valeur) et à leur sélectionneur, car tous se retrouvent dans le culte du résultat. Et pourquoi pas ? Après tout, les critiquer ne reviendrait-il pas à faire un peu trop la fine bouche ? Ne s'agirait-il pas là d'un problème de riches ? D'enfants trop gâtés ? Le lecteur choisira son camp.

Au delà de ces considérations conceptuelles, quelles individualités ressortir de ce match maussade ? Évidemment Giroud, sans cesse remis en question mais particulièrement précieux dans le combat aérien et qui reste incontournable lorsque l'équipe joue long... mais aussi Coman pour la menace constante qu'il représente et sa capacité d'accélération hors norme. Pour le reste, parce qu'elle n'a presque pas été sollicitée, il est impossible d'émettre un avis sur la défense, même si les 119 ballons touchés par Lenglet en inquiéteront beaucoup. La déception majeure concerne indubitablement l'ensemble du milieu de terrain, manquant de créativité, d'automatismes et donc de dynamisme dans les transmissions. Dernier point, si la question peut se poser avec Paul Pogba, une autre évidence s'impose:  il y a une vie avec et une vie sans N'golo Kanté.

Et parce qu'il s'agissait jusqu'à présent d'un oubli volontaire, nous conclurons cet article par la mise en lumière d'un champion de monde pas tout à fait comme les autres: Benjamin Pavard. Un joueur populaire au sens le plus noble du terme, auteur lors de la dernière Coupe du Monde d'un but sensationnel, d'un geste sportif historique, gravé dans les mémoires. Pourquoi le célébrer ? Pour des tas de raisons qui n'ont qu'une seule cause et, pour une fois, la cause est également un but. Mais attention, pas n'importe lequel. Celui d'une compétition (la plus grande de toutes), la frappe de toute une carrière, ou si vous préférez, la frappe de toute une vie ! Une de ces actions qui vous rentrent par les yeux, et, parce qu'on les sait tout de suite par coeur, vous sortent par les lèvres. Comme tout bon conte populaire, ce geste se donne à tout le monde et se raconte autant qu'il se mime. Mais ce but de notoriété publique est aussi un paradoxe à lui tout seul... si ordinairement la transmission précède le but, ici, c'est l'inverse. Vous avouerez que marquer de la sorte, dans un contexte pareil, ce n'est pas seulement venir au monde, c'est venir au monde entier ! Car enfin, comment Benjamin Pavard a-t-il pu deviner que toute une équipe, toute une nation, voulaient une action telle que celle-là , à ce moment-là ? Cette belle histoire est aussi la preuve que, parfois, un simple instant est nécessaire pour marquer l'éternité. Un but comme celui-là a beau avoir fait des millions de fois le tour du monde, croyez-le ou pas, le monde et son auteur n'en sont toujours pas revenus.

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