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Quand Emmanuel Macron organisait des dîners à l’Elysée pour préparer la loi bioéthique
©PHILIPPE WOJAZER / POOL / AFP

Bonnes feuilles

Loup Besmond de Senneville publie "Et si c’était la fin d’un monde…" (Bayard). La loi de bioéthique 2019, avec la PMA, est un enjeu politique pour le gouvernement. Loup Besmond de Senneville, journaliste à La Croix, dépeint la méthode d'Emmanuel Macron, sensée déminer ce sujet ultra-sensible... Extrait 1/2.

Loup Besmond de Senneville

Loup Besmond de Senneville

Loup Besmond de Senneville est journaliste à La Croix, chef de rubrique bioéthique. Il est l'auteur chez Bayard de livres d'entretiens : « Chercher Dieu et veiller sur l'homme » (avec X. Lacroix) et « Protestants-Catholiques. Ce qui nous sépare encore » (avec M. Kubler et F. Clavairoly).

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Au fil des mois, le chef de l’État cultive donc l’image de celui qui consulte. Il n’hésite pas à mettre autour d’une même table les différents protagonistes d’un même dossier. C’est de cette méthode que naît le projet d’organiser à l’Élysée trois dîners, autour de trois sujets jugés essentiels par le chef de l’État : la fin de vie, la procréation (dont la PMA) et l’intelligence artificielle. 

Le premier d’entre eux a lieu quelques semaines avant la rencontre des Bernardins. La fin de vie, sujet hautement inflammable s’il en est, suscite régulièrement dans l’opinion des débats acharnés. Il ne se passe pas six mois sans que surgisse dans les médias un appel dramatique d’une personnalité demandant, selon les cas, à être euthanasiée ou à ce qu’on l’assiste dans son suicide. Avant, parfois, de se rendre en Belgique ou en Suisse pour parvenir à ses fins, car ces demandes sont impossibles à honorer au regard du droit français. En octobre 2017, une nouvelle Française atteinte de sclérose latérale amyotrophique – plus connue sous le nom de « maladie de Charcot » –, l’écrivaine Anne Bert, dit dans un livre1 sa volonté d’en finir. Avant de se rendre quelques jours plus tard en Belgique, comme prévu, pour y mourir volontairement. 

Le 13 février, pro- et anti-euthanasie se retrouvent donc à l’Élysée autour de la même table. Un fait rare. Car là encore, Emmanuel Macron veut consulter et se confronter à des avis de tous bords. Aux côtés de Jean-François Delfraissy, le président du Comité consultatif national d’éthique (CCNE), qui a été chargé de suggérer des noms d’invités à l’Élysée, figure ce soir-là la théologienne protestante Marion Muller Colard. Membre depuis quelques mois du CCNE, cet ancien aumônier d’hôpital est particulièrement sensible à la thématique de la vulnérabilité, qu’elle aborde dans plusieurs de ses livres. À ses côtés, la ministre de la Santé Agnès Buzyn s’est jointe à la discussion. Parmi les partisans de l’euthanasie, on retrouve attablés le député Jean-Louis Touraine –  transfuge du PS, il prépare alors une tribune demandant une nouvelle loi autorisant une « aide active à mourir », qu’il parviendra à faire parapher par plus de 150 députés, essentiellement issus des rangs du parti présidentiel – ; Noëlle Châtelet, sœur de Lionel Jospin – qui racontera aux convives la manière dont elle a assisté à la mort, planifiée, de sa mère ainsi qu’elle en a témoigné dans deux livres1 – ; Jean-Luc Romero, président de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité ; l’ancienne ministre wallonne de la Santé, Christiane Vienne, et la présidente du Centre national sur la fin de vie, Véronique Fournier, complètent le tableau de ceux qui plaideront, au cours du dîner, en faveur de l’évolution de la loi. 

En face d’eux, le milieu des soins palliatifs. Le Président a demandé leur participation au professeur Régis Aubry, directeur d’une unité de soins palliatifs à Besançon et membre du CCNE, ainsi qu’à son confrère Vincent Morel qui pilote la mise en œuvre du plan de développement de ce type de soins en France.

Extrait du nouveau livre de Loup Besmond de Senneville, "Et si c’était la fin d’un monde…", publié aux éditions Bayard.

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