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Gilets jaunes et cheveux gris : Les retraités reviennent dans la rue pour protéger leur pouvoir d’achat mais quelle est la vérité sur ce qu’ils touchent comme pensions ?
©Reuters

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L’automne social est aussi celui des retraités. Pendant que les agriculteurs de la FNSEA bloquent les autoroutes, les retraités sont dans la rue, pour demander, eux aussi, un meilleur pouvoir d’achat.

Aude Kersulec

Aude Kersulec

Aude Kersulec est diplômée de l' ESSEC, spécialiste de la banque et des questions monétaires. Elle est chroniqueuse économique sur BFMTV Business.

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Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Les retraités avaient déjà revêtu les gilets jaunes au début du mouvement l’année dernière mais leurs revendications avaient été noyées dans les doléances diverses et contradictoires. Ils se battaient pour protéger leur niveau de vie, ce qui faisaient grimacer les gilets jaunes beaucoup plus défavorisés qu‘eux-mêmes. 

Les cheveux gris profitent donc du débat sur la réforme des systèmes de retraite pour redescendre dans la rue et pour reparler du niveau de leur pension. 

La question qui est au centre du débat, est de savoir quel est le niveau de vie réel d’un retraité en France, parce que, selon les chiffres, ce qu’ils ressentent  semble très différent de ce dont ils bénéficient en réalité. 

Le niveau de vie (revenu moyen) a baissé – on estime cette baisse à 6% en 30 ans - mais il reste supérieur à celui de la population globale. Cette situation de retraités vivant mieux que les autres catégories de population n’est pas banale : on ne la retrouve qu’en France et au Luxembourg (ils détiennent aussi un patrimoine supérieur de 14 % aux ménages de 25-64 ans). Dans un rapport publié en juin 2018, le COR a démontré que le niveau de vie moyen des retraités représentait 105% du revenu de l’ensemble de la population française, un retraité perçoit 5% de revenu en plus que la moyenne de ce que touche un Français moyen.

Les 17 millions de retraités en France touchent une pension moyenne de 1472 euros bruts par mois. Ce montant moyen a pourtant augmenté, si l’on regarde l’évolution récente couplée à l’augmentation du nombre de retraités. Si ce montant augmente, c’est surtout que les nouveaux retraités entrent dans le système après avoir travaillé plus longtemps et cotisé plus. Ce sont ces nouveaux retraités qui ont une pension meilleure que ceux qui sont à la retraite depuis plus longtemps et qui font augmenter cette moyenne. Ainsi, les retraités français de plus de 75 ans ont un revenu en moyenne inférieur au reste du pays.

Cela dit, quand on compare avec nos voisins, le retraité français n’est pas le mieux loti.

La banque Natixis a établi comme chaque année un classement des pays où il fait le mieux vivre sa retraite. C’est l’Indice mondial des retraites. Sur 44 pays étudiés, et selon 4 critères retenus (bien-être matériel, santé, finances et qualité de vie), la France n’est pas bien classée, elle apparait en 22ème position, soit exactement à la moitié du classement. Pour information, les premières places du classement sont trustées par des pays plutôt nordiques, avec l’Islande (très au nord !) en 1ère position, la Suisse, la Norvège et l’Irlande. La météo n’est pas un critère qui a été pris en compte.
Le seul bon point sur lequel la France se démarque, c’est la qualité des soins prodigués (4ème place du classement).

Sinon, les mauvais points à améliorer restent nombreux : 

Premier point : La pression fiscale au plus haut. Sur ce point, la France se voit attribuer le bonnet d’âne ! Dommage pour Emmanuel Macron qui avait justement fait des retraités un moyen de faire baisser la pression fiscale des autres catégories de la population (avec la hausse de la CSG généralisée mais compensée par les salariés par une baisse de leurs cotisations sociales) ; avant de faire marche arrière pendant le mouvement des Gilets jaunes pour les pensions inférieures à 2000 euros. Mais si la pression fiscale est forte, ce qui pèse dans le classement pour la France, c’est sa situation budgétaire qui ne lui permettra pas de baisser la pression fiscale dans un avenir proche.

Deuxième point : le risque démographique qui pèse sur le système actuel et qui ne permet pas, en l’état actuel, d’envisager la pérennité d’un système et donc la stabilité d’un niveau de vie.

Troisième point : le risque macroéconomique, avec la persistance des taux bas qui modifient les revenus d’épargne et les retraités sont parmi les plus touchés par ces changements.

Le quatrième et dernier risque, c’est le risque climatique. On comprend mieux ici qu’aucun pays méditerranéen ne fasse partie du classement. Selon Natixis, le changement climatique présente de nouveaux risques sanitaires et financiers pour des millions de retraité qu’il est important de ne pas éluder. Il n’y a pas que le soleil qui compte. 

L’habileté des associations de retraités n’est pas de polariser la revendication uniquement sur la question du strict pouvoir d’achat actuel, mais d’élargir la demande de protection aux futurs retraités dont les systèmes sont évidemment en risque si on ne les réforme pas en profondeur. Du coup, ils s’invitent dans la réforme alors que la réforme ne leur sera pas appliquée mais plutôt à leurs enfants et petits enfants. L’idée, c’est de faire converger les luttes des uns et des autres. La convergence des générations. Ca n’est pas gagné, parce que sur la seule question du risque climatique ou démographique, les nouvelles générations du monde occidental ne se privent pas d’accuser « leurs parents et leurs grands parents » d’avoir profité du système et de ne pas avoir pris leurs responsabilités pour, au minimum, le protéger. Cette génération n’a pas forcément tort.

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