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Mélanger alcool et cocaïne, une très mauvaise idée
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Addictions à la mode

Ce mélange peut entraîner des troubles du rythme cardiaque et provoquer une mort subite.

Atlantico : Quels sont les risques que prennent les usagers de cocaïne qui consomment de l’alcool en même temps ?

Anne Batisse : En présence d’alcool, la cocaïne produit un métabolite, le cocaéthylène. Il apparaît en 90 minutes et a une vitesse d’élimination plus lente que la cocaïne. Il produit donc des effets prolongés. Cette molécule a les mêmes effets que la cocaïne mais est éliminée par notre corps après bien plus de temps.

Le cocaéthylène a une toxicité cardiaque propre qui entraîne un trouble du rythme cardiaque, des torsades de pointe et des arythmies. Cela se traduit en un risque de mort subite important. Le cocaéthylène peut ainsi provoquer des arrêts cardiaques : la double consommation d’alcool et de cocaïne pose donc en soi déjà un risque direct de décès. 

Notons que la poly-consommation est toujours à éviter. C’est un conseil de réduction des risques de base, à suivre de manière générale.

Les usagers de cocaïne peuvent être tentés de recourir à l'alcool pour mieux supporter la descente provoquée par la consommation de cocaïne, qui est souvent très désagréable, entraînant des troubles psychiatriques dans certains cas, des mal-être, ou des angoisses dans d’autres. Recourir à l’alcool est toutefois, comme expliqué, très risqué. 

Si le risque cardiaque est le plus grand risque posé par le mélange cocaïne-alcool, qu’en est-il du risque de comportement suicidaire ?

Les données issues de la recherche scientifique à ce sujet montre que les usagers dépendants à la cocaïne ou au mélange cocaïne-alcool sont plus à risque de dépression, de paranoïa, de comportement violent, de comportement suicidaire, etc...

Il faut toutefois prendre des précautions quand il s'agit de qualifier de suicide un décès dans de telles circonstances. Sauter par la fenêtre peut être causé non pas par des idées suicidaires mais par des troubles du comportement en lien avec la prise de substances. Ces troubles peuvent être par exemple des hallucinations, ou une angoisse très forte. Dans un tel état, sauter par la fenêtre ne revient pas forcément à vouloir mettre fin à ses jours.

Observe-t-on une hausse en matière de décès dans de telles circonstances en France ?

La consommation de cocaïne est en hausse, les décès liés à son usage sont en hausse, et parmi ces décès il y a des morts qu'on peut qualifier d'auto-infligées.

Toutefois les enquêtes menées n'ont pas particulièrement étudié la question des décès survenus quand les personnes avaient consommés à la fois de la cocaïne et de l'alcool. 

Il faut peut-être prendre un peu de distance par rapport à cette question: même si elles présentent des grands risques, notamment cardiaques, toutes les utilisations conjointes de cocaïne et d’alcool ne sont pas létales.

En effet, ce mélange est très courant parmi les consommateurs de cocaïnes, et même si on recense autour de 85 décès d’usagers de cocaïne par an, cela ne touche pas là tous les consommateurs qui ont recours à ce mélange.

Rappelons que 85% des consommateurs de cocaïne consomment de l'alcool en même temps. Ces consommations sont assez liées aussi en terme de dépendance: plus de la moitié des dépendants à la cocaïne présentent également une dépendance à l’alcool. Il est d’ailleurs constaté que la consommation d’alcool et de cocaïne aggrave la sévérité de la dépendance à la cocaïne.

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