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Pourquoi vous devriez éviter le régime keto
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Mauvais gras

Ce régime qui consiste à se passer de glucides et à privilégier les lipides est peut-être efficace à court terme, mais il est dangereux et inefficace à plus long terme.

Béatrice de Reynal

Béatrice de Reynal

Béatrice de Reynal est nutritionniste. Très gourmande, elle ne jette l'opprobre sur aucun aliment et tente de faire partager ses idées de nutrition inspirante. Elle est par ailleurs l'auteur de Ouvrez les yeux avant d’ouvrir la bouche, publié chez Plon, et du blog "MiamMiam".

 

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Ce régime a été proposé depuis quelques décennies, à son origine pour le traitement des épilepsies rebelles et en pédiatrie pour les maladies mitochondriales et une maladie rare, la maladie de Vivo (syndrome du déficit en transporteur de glucose, dû à une mutation sur un gène).  Il a été détourné par diverses personnes non professionnelles de la nutrition vers un objectif d’amincissement. Atkins, Montignac et j’en passe… ils en sont morts, recommandaient de supprimer toute trace de sucres et glucides au profit de protéines et lipides. Les « dégâts colatéraux » ne se faisant pas attendre. Maladies cardio-vasculaires, cholestérol, triglycérides, goutte…

Leur raisonnement était le suivant : en ne consommant pas de glucides, on ne sécrète plus d’insuline et donc, on ne « stocke » plus. 

En n’ayant plus de glucose, on force le corps à consommer ses graisses de réserve. Mais ce raisonnement est faux car pour mobiliser ses ressources, il faut déjà réduire son apport calorique. Ce qui n’est pas évoqué dans ces régimes. 

Certes, lorsque vous faites des repas d’affaires fréquents avec « whisky cacahuètes, foie gras sauternes, viandes et sauces, fromages et pains, desserts pâtissiers », le simple fait de renoncer aux glucides divise la quantité de calories par au moins 2. Sans whisky, les cacahuètes sont moins intéressante, sans pain ou pain d’épices, le foie gras est moins savoureux, sans pain et vins, le fromage semble moins bons. 

S’il est raisonnable dans ces repas trop copieux, de recommander la modération, imposer à son corps une privation de glucides est particulièrement dangereuse. 

Pour bien comprendre, sachez que l'ANSES comme le PNNS basent leurs recommandations nutritionnelles pour la population française sur un apport majoritaire en glucides entre 40 à 55 % de l’énergie quotidienne  (tous glucides : féculents, farineux, sucres divers), en protéines de 10 à 20 % de l’énergie et les lipides de 35 à 40 %. 

Le principe du régime Cétogène  est de réduire drastiquement tout apport glucidique (sucres, féculents, sucreries) au profit de lipides (graisses sous toutes les formes). Il impose de limiter les glucides à 50 g par jour, soit 8 à 10 % de l’énergie d’un adulte. Et de les remplacer par des graisses, sans pour autant changer la quantité de protéines. 

Comment ça fonctionne ? Le corps a besoin de glucose dans le sang de façon constante. Si vous ne consommez pas de glucides, votre corps va élaborer le glucose dont il a un besoin vital. Le foie va transformer les graisses en corps cétoniques (d’où le nom du régime) qui sera utilisé par toutes les cellules. Les corps cétonique sont l'acétone, l'acétoacétate et le 3-hydroxypyruvate. Facile à repérer : l’haleine a une odeur très particulière et pas agréable du tout. 

Ce régime requiert une grande quantité d’eau : il est indispensable de boire abondamment, ce que les sujets ne font pas correctement. En se déshydratant, ils ont l’impression de perdre beaucoup de poids, ce qui est physiologiquement faux.

Puisque le corps a besoin de glucose, il prélève le glycogène de ses muscles. 

Or, les résultats ne sont pas ceux qu’on peut espérer : comme tout régime, on perd du poids, mais on ne peut pas conserver durablement ce mode d’alimentation. Lorsque les sujets reviennent à une alimentation normale, ils reprennent tout le poids perdu avec un petit bonus en sus… Donc vous n’êtes pas gagnant au bout d’un an après le début du régime. Et je vous recommande de ne pas essayer car vous ne réussirez pas là où tous les autres ont échoué. 

Aucune étude n’a pu démontré l’effet attendu de ce régime sur le long terme. 

En pratique, lors du petit-déjeuner, oubliiez les tartines de confiture et le lait et consommez jambon gras, oeufs mayonnaise, avec un jus de citron. 

A midi, vous pouvez avoir toutes les sauces grasses, lard, poissons gras, mayonnaise et beurre à la petite cuillère car il ne faut pas augmenter la quantité de protéines. Difficile à composer et surtout, à manger. Vous pouvez avoir un peu de salade verte ou concombre, asperges ou courgettes. 

Gratin de courgette avec fromage gras et lard, par exemple. Idem le soir. 

Quels aliments doit-on proscrire : les légumes secs, féculents, farineux, les fruits les plus sucrés (banane, cerise, raisin, mangue, ..) et les légumes les plus farineux (maïs, petits pois, betterave). Les sucreries, pâtisseries, les panures des produits frits. Les boissons sucrées ou alcoolisées, y compris pain et bière. Les pains, biscottes, crackers, barres de céréales. Pas de foie (volaille, veau). Aucun fruits secs. Pas de miel ni sirops. Pas d’huitres laiteuses (ce « lait » est glucidique, et pas « gras » du tout, contrairement aux idées reçues). 

Inversement, vous pouvez manger en plus grande quantité les sauces grasses, les morceaux de viande les plus gras (lard, collier, peau). Les légumes les moins glucidiques (concombre, salades, courgette, chou fleur, asperge). Les fruits secs oléagineux. Les poissons les plus gras. 

Vous l’avez compris : ce régime est très contraignant, dangereux à court et moyen terme, et inefficace à 1 an.  Les sujets qui ont déjà un taux de cholestérol élevé, un traitement contre l’hypertension, ou diabétique, s’e détourneront immédiatement.  Il est déconseillé strictement aux femmes enceintes, allaitant, aux enfants et adolescents. 

Enfin, le bruit court que ce régime pourrait soulager les personnes souffrant de migraines. Il n’y a aucune preuve scientifique de cette assertion, qui serait le fait d’un individu bavard sur la toile ! 

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