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Un Américain a passé un an à ne manger que des aliments aux dates de péremption dépassées, voilà les leçons qu’on peut en tirer
©JEFF PACHOUD / AFP

Mauvaise idée

Les dates de péremption étaient apparues pour des raisons sanitaires mais aussi pour éviter le gaspillage des produits qu’on oublie de consommer. Désormais, la lutte contre le gaspillage incite certaines autorités sanitaires à regarder la situation à l’inverse.

Béatrice  de Reynal

Béatrice de Reynal

Béatrice de Reynal est nutritionniste Très gourmande, elle ne jette l'opprobre sur aucun aliment et tente de faire partager ses idées de nutrition inspirante. Elle est par ailleurs l'auteur du blog "MiamMiam".

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Alors qu'elles avaient été mise en place pour pallier aux risques toxicologiques, les étiquetages des dates de péremption sont remises en question aux Etats-Unis. Un Américain a passé un an à se nourrir exclusivement de produits périmés. De la viande avariée depuis un bon mois à la crème 'fraîche' passée depuis 10 jours, cet homme a tenté de faire changer le regard des consommateurs afin qu'ils remettent en question leur consommation et leur gaspillage constant de produits du quotidien ; des couches pour bébés possèdent une date de péremption ainsi que des sels et autres aromates, ce qui ne devrait pas être daté selon l'homme. Et de fait cette évolution dans les mentalités est prise en compte aujourd'hui aux Etats-Unis au plus au niveau. La très puissante Food and Drug Administration a annoncé qu'elle comptait revoir les standards des normes de dates de péremption, et ce pour combattre le gaspillage.... Soit un virage à 180 degrés quand on sait que c'est cette même administration qui avait imposé, par précaution hygiénique, les dates de péremption sur les produits pour éviter que les gens ne laisse pourrir leurs aliments. Aujourd'hui, on pourrait voir apparaître aux US des étiquettes avec marqué non plus "à consommer avant" mais "meilleur avant". Une solution fortement soutenue par la FDA., et qui devra passer désormais par une approbation au niveau fédéral. C'est de fait un changement de paradigme important qui n'a pas encore touché l'Europe. Car ce genre d'évolution fait encore débat... 

Atlantico : Que pensez-vous de l'expérience décrite par le Washington Post, de consommer des aliments périmés durant presque une année ?

Béatrice de Reynal : Cet homme est en train de faire une expérience personnelle et n’a pas encore le bilan toxicologique de son comportement. Qu’il soit patient de quelques mois ou années 

Je précise que je suis nutritionniste, métier qui inclue des aspects toxicologiques (contaminants, métaux lourds, pesticides)et microbiologistes (bactéries, toxines, levures, moisissures… ).

Il faut bien comprendre que la notion de Date limite est impérative : tout comme chez vous, vous vérifiez les dates de vos médicaments, vous étiquetez les produits que vous mettez au congélateur, vous millésimez vos confitures… ça vous permet de savoir l’âge des produits.
Vous avez remarqué que votre confiture de 2015 est plus brune que celle de l’an passé. 
Et forcément, la confiture évolue dans le temps. Ce brunissement indique que le contenu nutritionnel et biochimique de la confiture a évolué. Est ce positif ou négatif ?
Brunissement = oxydation. Donc votre produit a perdu de ses qualités nutritionnelles. Non, il ne vous empoisonnera pas. Pour autant, il est moins bon en vieillissant.

Consommer un yaourt dont la date est dépassée n’est pas mortel. Mais le goût n’est pas le même. Il sera plus acide, aura parfois des aspects gluants (développement de certaines bactéries) et parfois aura des traces rouges à sa surface. Rien de pathologique, mais peu ragoutant, et vous comprendrez bien vite que si le goût n’est pas bon, c’est que votre physiologie a déjà expérimenté et n’en veut plus. 

Rappelons aux Français que d’antan, les carottes, les patates et les pommes, mais aussi le raisin en grappe et les oeufs étaient conservés tout l’hiver et parfois même, jusqu’à la production suivante (les pommes en France). Mis en cave (pomme de terre pour ne pas germer) ou en cellier (fruits), dans le sable (carotte) ou au frais et non humide (oeufs), ces produits restaient comestibles et sans danger. Mais ils étaient nutritionnellement moins bons que fraichement récoltés ou ramassés.

Autre problème : les transferts de substances entre l’emballage et l’emballé : le vernis des conserves (et le fameux Biphénol A), certaines substances indésirables des plastiques vers les aliments augmentent avec le temps et l’acidité des aliments emballés. Le moins longtemps vous laissez un aliment en contact avec un emballage non inerte, le mieux c’est .

Il est dit dans cette vidéo du Washington Post que le gaspillage de masse a été diminué par l'apparition de ces dates de péremption. Est-ce la seule raison ? Devons-nous y voir un effet pervers de surconsommation en nous incitant à être dégoûté par les produits périmés ?

Le gaspillage de masse est pour partie certainement dû à des gens qui ont très peur ou pal informé. Un fromage peut se bonifier durant 2 ans (Beaufort, etc.) mais le camembert ne saurait survivre au delà de quelques semaines. Le 1er a été cuit, le second, non.
Rares sont les aliments qui se bonifient sans être habités de microorganismes (vin, certains fromages)

Mais le gaspillage de masse se fait beaucoup avec les « retour plateaux » des cantines et selfs, avec les restes domestiques, les invendus des grandes surfaces et marchés… les rebuts des industriels lorsque les produits ne sont pas « conformes » aux exigences de ceux-ci. Exemple : un biscuit brisé, un lot trop sucré ou pas assez, etc. Mais surtout faudrait-il adapter les portions : 33 cl de soda est excessif. Un sachet de chips qui reste et qui est jeté, une portion trop abondante qui ne eut pas être ni consommée ni gardée au lendemain… 

La surgélation aussi fait évoluer les aliments : les steaks hachés (6 mois), les légumes 1 à 2 ans : ils se déshydratent, les graisses rancissent, les produits se racornissent. 

Une chose est certaine : le zéro gaspillage n’est pas possible sans mettre la vie des consommateurs en jeu. Il faut être plus raisonnable, à lofais dans les choix alimentaires et de provenance des aliments, dans les portions que nous préparons et qui sont souvent trop abondante car on a faim.
Prenez garde aux sujets les plus à risque : il s’agites très jeunes enfants et des grands seniors. L’acidité de leur estomac n’est pas encore ou plus suffisante et laisse passer des micro-organismes pathogènes qui peuvent mettre leur vie en danger. Ne jouez pas avec les dates ! 

Sur quels produits peut-on repousser la consommation et au contraire sur quels produits doit-on éviter ? Quels sont les bons réflexes ?  

Tous les laitages fermentés (yaourts, fromages) : l’attente n’est pas dangereuse, sauf pour fromage cru au lait cru.
Oeufs : 1 an si à l’abri de l’humidité et coquille intacte. Mais il vont se déshydrater 

Viande fraîche non coupée : la maturation est à la mode mais il faut savoir la mener. 
Poisson frais : non, trop dangereux. 
Thon cru, et crevettes ou crustacés  = DANGER 
Légumes ou herbes qui « tombent » : attention danger si ils sont trop humides.
Pain sec : aucun risque si conservé dans un lieu aéré
Noix, noisettes et fruits secs oléagineux = DANGER - Les moisissures sont très toxiques 
Aliments moisis : à part les fromages, NON
L’huile rancit d’autant plus vite qu’elle est riche en acides gras essentiels (colza, noisettes, noix, chanvre…) alors que l’huile d’olive qui n’a pas d’acides gras essentiel est plus robuste, mais elle évolue quand même et perdra ses qualités avant une année.
Le chocolat aussi évolue vite, tout comme la farine (qui rancit aussi).
Alors que sucre et sel à l’abri de l’humidité sont très robuste : bien sûr, puisqu’il n’y a pas d’eau !

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