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Les Républicains bien partis pour rater (une nouvelle fois) leur défaite électorale
©JACQUES DEMARTHON / AFP

Blues post-débâcle

En reportant le sujet du maintien de Laurent Wauquiez à plus tard, les Républicains semblent incapables de tirer des enseignements de leur échec et de s'accorder ensemble sur les réponses fondamentales qui permettraient de rebondir.

Olivier Gracia

Olivier Gracia

Essayiste, diplômé de Sciences Po, il a débuté sa carrière au cœur du pouvoir législatif et administratif avant de se tourner vers l'univers des start-up. Il a coécrit avec Dimitri Casali L’histoire se répète toujours deux fois (Larousse, 2017).

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Atlantico : Alors que l'absence de participation de Bruno Retailleau et de Gérard Larcher au bureau national de LR ou la déclaration de Valérie Pécresse semblaient montrer que les ténors du parti de droite poussaient Laurent Wauquiez à tirer les leçons de sa défaite aux élections européennes et à démissionner de son poste de président, ce dernier a fait savoir qu’il souhaitait rester et a proposé à son parti d’organiser des états généraux pour organiser sa refondation. Cette porte de sortie est-elle satisfaisante ?

Olivier Gracia : A l’évidence, c’est une issue bien légère à ce qu’est cette déroute pour le parti de droite. Il semble que depuis la défaite de Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle, la droite multiplie après chaque défaite les mêmes ateliers de refondation de la droite. Depuis Nicolas Sarkozy, la droite est en quête d’un homme providentiel et un chef digne de ce nom. Elle essaye de le faire naître par une forme de collégialité et de recours à l’idéologie. A défaut d’avoir trouvé une personnalité qui permette de trouver quelqu’un qui permet de rassembler la droite et le centre, comme l’a oublié Laurent Wauquiez, ils sont toujours sur un postulat idéologique, celui de la ligne et de la stratégie. En proposant ces états généraux, Laurent Wauquiez ne fait donc que poursuivre les années de déshérence de la droite post-Sarkozy, et donc révèle son incapacité à incarner celui qu’il souhaiterait pourtant incarner : la figure de l’homme fort et légitime pour la droite. Pour la droite, depuis le général de Gaulle, on avait eu l’habitude d’avoir, malgré quelques guerres d’egos à l’époque, toujours et constamment des chefs de clans légitimes et légitimés d’abord par les élections. Les élections au sein des partis pour la droite se devaient d’être - et l’étaient - un plébiscite en faveur du candidat naturel. C’est ainsi que Jacques Chirac l’a emporté au RPR, puis Sarkozy à l’UMP. Le premier couac est venu avec la querelle entre Copé et Fillon après 2012. Copé s’était alors fait élire dans un contexte compliqué et de justesse, et avait fini par abandonner ce qu’était alors l’UMP pour permettre à Fillon bien après de revenir par le biais des primaires bien après, dans le cadre de l’élection présidentielle de 2017. 

Ce qu’on constate, c’est que le départ de Nicolas Sarkozy a eut pour effet de précipiter la droite dans la tourmente la plus complète. Le résultat d’hier vient répéter logiquement les erreurs commises par la droite après chaque défaite depuis celle de leur dernier grand leader en 2012. 

Qu’est-ce qui explique cette incapacité à tirer les leçons de la défaite de la droite ?

Ce qui est amusant, c’est de voir que Nicolas Sarkozy malgré sa défaite en 2012 et son retrait de la vie politique reste à ce jour l’homme de droite préféré des sympathisants de droite. Malgré toutes les années écoulées et malgré l’émergence de plusieurs nouveaux hommes forts depuis, la droite préfère aujourd’hui le chef qui a perdu en 2012. Certains rêveraient même, dans certains moments de crise de le récupérer. Et ce même si, pour autant, il ne faut pas oublier que Nicolas Sarkozy s’est quand même présenté aux primaires des présidentielles et a échoué. Néanmoins, il reste celui pour qui les sympathisants de droite aujourd’hui ont le plus de préférence. 

Depuis 2012, la droite n’arrive pas à encaisser sa défaite historique face à François Hollande. Les autres défaites sont des répliques. Certes Emmanuel Macron a accéléré très nettement la dissolution de la droite en rassemblant le centre alors que Laurent Wauquiez laissait faire en capitalisant sur sa droite. Mais finalement, ce qu’on voit aujourd’hui, c’est que Laurent Wauquiez a échoué, et le scrutin d’hier le confirme, en allant vers le RN. Et par ce pas dangereux, il a perdu une bonne partie du centre qui ne se retrouve pas pour autant complètement représenté par Emmanuel Macron. 

C’est finalement accorder beaucoup de crédit à Emmanuel Macron que de lui accorder que le centre lui est complètement acquis. Il y a une erreur de stratégie. Laurent Wauquiez aujourd’hui dit surtout qu’il ne compte pas partir aujourd’hui. Il laisse entendre qu’il a compris l’échec de sa stratégie, et qu’il va viser cet électorat qui fait partie de son spectre naturel. Mais il ne semble pas être celui capable de ramener ces gens là, il a mené la stratégie inverse pendant toute sa mandature. Et le problème de cette refondation est qu’elle n’est guère menée comme telle mais comme une guerre des chefs. Ce genre de batailles ont affaibli le parti car les Français ne veulent plus de guerres d’ego. Et cela devrait pérenniser le déclin de la droite… sauf si un chef naturel venait à surgir, mais rien ne semble aller dans cette direction aujourd’hui.

Ce constat a été celui fait par Valérie Pécresse lors du bureau national. Cette dernière a par ailleurs soutenu François-Xavier Bellamy et lui a dit sa « reconnaissance ». On aurait pu s’attendre à moins de conciliation. Comment l’expliquer ?

Il faut croire que la stratégie de Valérie Pécresse lui fait penser qu’elle a besoin de l’étiquette des Républicains, et qu’elle n’a donc pas à prendre le risque de se froisser avec celui qui incarne l’autorité. Elle ne souhaite pas partir sur un coup d’éclat, et elle pourrait le faire plus tard. Mais aujourd’hui, l’opposition à Laurent Wauquiez a un poids, mais qu’on peut juger insuffisant. Gérard Larcher qui a critiqué le choix de Bellamy est institutionellement un géant, mais électoralement un nain. Idem pour Retailleau. 

Le choix de Bellamy est complexe : il est plébiscité par nombre de sympathisants et d’hommes politiques qui apprécient ce qu’il apporte à leur famille politique. Ils ont vu en lui le renouveau de la droite, un renouveau intellectuel. Il a fait une bonne campagne - bien meilleure que Nathalie Loiseau notamment - malgré le résultat, et je ne pense pas qu’il faille lui tenir rigueur de cette défaite. Valérie Pécresse a par ailleurs bien compris cela. Bellamy a réussi à enrober les propositions de Laurent Wauquiez. Mais le positionnement reste un problème. Il ne peut pas rassembler comme il serait nécessaire. Il est un atout pour cette droite-là, et pourrait la représenter. Pour une personne comme Pécresse, il serait une bonne chose que Bellamy en vienne à prendre la place de Wauquiez dans cette frange de sa famille politique, dont elle a aussi besoin.

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