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Gros coup de blues sur la pop music ?
©LOIC VENANCE / AFP

Ultramodern Solitude

Comme le remarque le pureplayer Quartzy, la fréquence d'utilisation des termes « depression » et « anxiety » a considérablement augmenté dans la musique pop par rapport à un mot comme « peace ».

Olivier Julien

Olivier Julien

Interview Olivier Julien, Maître de conférences à l’UFR de Musique et musicologie de la Faculté des Lettres de Sorbonne Université.

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Atlantico : Cette évolution thématique trouve-t-elle ses origines dans une refondation esthétique et poétique de la « pop music » ou plutôt, comme semble le penser le pureplayer, à l'évolution de la société  en soulignant une hausse en parallèle des enfants diagnostiqués comme dépressifs aux Etats-Unis ?

Olivier Julien : Je ne suis pas persuadé que l’on puisse véritablement parler d’évolution thématique. En 1985 déjà, le musicologue Alf Björnberg notait la récurrence de termes comme « froideur », « incertitude » ou « chagrin » dans les paroles des chansons qu’il assimilait à ce qu’il appelait « le rock des années 1975 à 1985 ». Les thématiques abordées dans les chansons auxquelles vous faites référence me semblent moins caractéristiques d’une évolution sociétale que de la phase de vie dans laquelle se trouvent leurs auteurs – beaucoup d’entre eux se trouvent en effet à un âge charnière, entre la sortie de l’adolescence et le début de l’âge adulte, c’est-à-dire à ce moment où l’on prend véritablement conscience du temps qui passe et de la finitude de la vie.

Si la musique, et l'art en général, tend à incarner les représentations mentales et l'état d'une société, l'évolution de la pop francophone suit-t-elle un mouvement similaire ou se distingue-t-elle par des nouvelles thématiques peut-être plus en phase avec la société française ? 

Si, comme le prétend Jacques Attali, la musique est la bande audible des vibrations qui font la société, il est évidemment tentant d’envisager l’histoire de cet art comme une sorte de reflet de l’histoire sociale. Cela étant, comme je viens de vous le dire, je ne pense pas qu’il faille chercher le sens de ces « vibrations » dans les paroles. Pour le reste, il est certain qu’à partir du moment où les « musiques populaires » s’adressent à un marché « local » (par exemple, le marché français), elles sont, d’une manière ou d’une autre, condamnées à être « en phase » avec les goûts qui définissent ce marché

Enfin, si on se permet de faire un parallèle avec les rappeurs français, peut-on considérer qu'ils ont délaissé un discours contestataire, voire violent, hérité des premiers rappeurs américains, pour préférer des textes portés sur la dépression ou l'anxiété à la manière de PNL ? Comment peut-on l'expliquer ?

Peut-être, en effet, convient-il d’y voir une sorte de lassitude vis-à-vis des thèmes ressassés par les rappeurs français depuis la fin des années 1980 – même si, pour en revenir à Attali, je ne suis pas convaincu que notre époque soit moins portée sur la violence et la contestation que celle dans laquelle le rap français a émergé…

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