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Le nombre de cancers du côlon chez les jeunes adultes augmente nettement et voilà pourquoi
©JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP

Santé

Deux études mettent en avant la hausse de cancers colorectaux chez les jeunes de 20 à 29 ans. Un phénomène qui trouve son explication dans le mode de vie occidental

Laurent Beaugerie

Laurent Beaugerie

Le Professeur Laurent Beaugerie est gastro-entérologue et hépatologue à Paris.

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Atlantico : Deux études publiées respectivement dans le journal Gut et dans le Lancet Gastroenteorology and Hepatology montre une nette augmentation du nombre de cancers colorectales chez les moins de 50 ans. Bien que le nombre total de cas de cancers colorectaux restent faibles chez les jeunes, ces deux études ont mis en évidence une forte augmentation du taux de cancers chez les jeunes de 20 à 29 ans. Quelles sont, selon vous, les causes de cette augmentation ? 

Laurent Beaugerie : Généralement, sur l'ensemble de la population, on considère que le risque de développer un cancer colorectale commence à devenir important après 50 ans. C'est pour ça qu'actuellement le programme de dépistage du cancer colorectal, en France, est proposé aux personnes qui ont entre 50 et 75 ans. Cette borne peut paraître arbitraire mais, malheureusement, il faut bien déterminer un âge à partir duquel on commence à dépister ce cancer. 

Ensuite, vous citez ici, deux études précises -qui sont loin d'être les seules- et qui montrent que plus les années passent plus le cancer du colon est fréquent dans les pays développé et plus on assiste à des diagnostics précoces. Pourquoi ces diagnostics de plus en plus précoces ? C'est vraisemblablement le mode vie occidental qui est responsable de beaucoup de cancers. J'en donnerai un exemple : l'obésité. Les gens sont de plus en plus obèses, et ce de plus en plus tôt. Or, l'obésité est un des facteurs de risque de cancer colorectal avec la sédentarité, le tabac, l'alcool...  Ce sont des facteurs environnementaux qui peuvent faire en sorte que les cancers deviennent de plus en plus fréquents à un âge relativement jeune. 

Ces mêmes études ont observé une diminution de 1,2% des cas de cancers colorectales chez les plus de 50 ans. Comment expliquer cette tendance à la baisse chez les plus 50 ans ? 

On peut l'expliquer par la prévention, notamment par le biais du dépistage organisé à partir de 50 ans. Quand le test est positif, c'es-à-dire qu'il y a un petit saignement dans le colon, on fait une coloscopie. Si l'on trouve des lésions précancéreuse avec la coloscopie, on les enlève et l'objectif est de réduire l'incidence. En outre, on essaye de limiter l'apparition de nouveaux cas, et la mortalité suscitée par des cancers colorectals au sein de cette population de plus de 50 ans.

Ces programmes de dépistages se déploient en Europe. Le test n'est pas toujours exactement le même mais la population ciblée est majoritairement les plus de 50 ans. Les moyens mis en jeux pour que le dépistage soit un succès ne sont pas les mêmes d'un pays à l'autre mais globalement on peut s'attendre à ce que ces test fassent diminuer le nombre de cancers colorectales à partir de 50 ans.  

Justement, sur le fait  que les dépistages commencent à partir de 50 ans, comment de ce cas traiter les cas de cancers colorectales chez les personnes plus jeunes ? 

Lorsqu'un  cancer est diagnostiqué, il est traité. S'il n'est pas trop évolué, les médecins l'enlèvent chirurgicalement, le guérissent. Ce qui est plus embêtant c'est quand il y a déjà des métastases. On a alors recours à des traitements qui n'amènent pas la guérison mais qui peuvent amener à une stabilisation, à une régression des métastases. 

Pour ce qui est de l'âge, si vous voulez dans un programme de santé publique, il est nécessaire de choisir des catégories d'âges. Là nous sommes en train de discuter de la borne d'âges inférieurs à ceux concernés par le dépistage organisé. Mais, la question se pose aussi pour les catégories d'âges supérieures à celles concernées par le dépistage. Pourquoi arrêtons-nous de dépister à partir de 75 ans alors qu'il y a des personnes qui sont encore en pleine forme à 80 ans ? Ça c'est un autre débat. Ce sont des décisions qui sont très lourdes et engagent des fonds considérables.

Cela étant dit ce type d'études que vous citez sont très utiles puisqu'elles permettent de faire de la veille scientifique. A partir d'une certaine accumulation de données les choses peuvent être remise en question.

Néanmoins, plus que les cas de cancers colorectales développés chez les 20 à 29 ans, le problème actuel est que seulement 1/3 des plus de 50 ans se font dépister. Il faut pousser les gens à y aller naturellement, et lorsque le nombre de personnes se faisant dépister aura augmenter, alors à ce moment, on pourra réfléchir à baisser l'âge de la catégorie concernée. 

Enfin, pensez-vous que cette tendance observée, entre autres, par ces deux études, va s'aggraver ou alors, au contraire, s'estomper ? 

Actuellement, c'est une tendance forte qui a l'air d'être vérifiée dans plusieurs pays développés. C'est un fait qui va être avéré. Est-ce que ça va continuer, est-ce que l'on va aller encore davantage sur un anticipation du diagnostique ? Je ne pense pas.

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