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Il parait que les mots "clitoris", "vagin" et "utérus" sont des instruments de la domination masculine
©Thomas COEX / AFP

Parlons un peu du corps de la femme

Nous ne le savions pas. La plupart des femmes non plus. Mais des féministes intrépides nous ont ouvert les yeux.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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De tout temps elles ont été opprimées par les hommes. A l'époque du Neandertal, le mâle, une brute épaisse, trainait sa proie féminine par les cheveux pour assouvir ses bas instincts. Au Moyen Age, ce ne fut pas mieux. Les chevaliers partis en croisade pour libérer le tombeau du Christ enserraient leurs épouses réputées avoir le feu au c… dans une ceinture de chasteté.

L'Eglise catholique ne fut pas en reste puisque c'est, je crois, seulement au XIVe siècle qu'elle dota les femmes d'une âme. Pendant plusieurs siècles, cette oppression se poursuivit, violente parfois, sournoise souvent. Heureusement, de nos jours, tel n'est plus le cas.

En apparence seulement, car elle continue, nous apprend-on, à travers le vocabulaire. Un long article publié par la revue Stylist, à la pointe du combat pour l'émancipation féminine, sonne le tocsin et nous alerte sur l'usage de certains mots. D'emblée, tout est dit. "Vous pensiez les parties intimes du corps féminin libres et indépendantes? Erreur. Par les termes choisis pour les définir, elles sont elles aussi l'incarnation de la domination patriarcale."

Car l'homme a joué à l'explorateur sexuel avec le corps de la femme. Christophe a découvert un continent inconnu et l'a baptisé Amérique. Le mâle a découvert les parties intimes de la femme et les a nommées "clitoris", "vagin", et "utérus". La faute originelle est là.

Ce que l'homme a nommé, les femmes doivent le renommer. Des scientifiques (femmes) ont proposé de belles solutions de remplacement. Clitoris est à proscrire. Ce mot vient du grec ancien kleitoris, "ce qui sert à fermer". C'est pas bien beau ça. Il convient de le remplacer par "éminence". Une éminence, colline ou Himalaya, domine et permet de voir le monde d'en haut. Petit inconvénient : on dit "Votre éminence" à un cardinal. Si vous en rencontrez un, ne bégayez pas en l'appelant "Votre clitoris"…
Vagin vient du latin vagina, qui désigne un fourreau où était enfermée l'épée. Ici, la violence masculine est à son comble, puisqu'elle fait de l'organe féminin un simple réceptacle du sexe masculin. Une humiliation insupportable. Le mot "vagin", suggèrent les scientifiques féministes, sera remplacé par "trou du devant". Un mot neutre, pas masculin, dont la poésie n'échappera à personne.

"Utérus" (du grec hysterica), c'est plus moche encore. Il a été utilisé par Charcot, un mâle dominateur pour forger hystérie qui désignait selon lui une pathologie spécifiquement féminine. Aujourd'hui, par chance, on peut dire d'un homme qu'il est hystérique. Mais "utérus" est resté. A la place, on dira donc "nidus", "nid" en latin. Ce qui, pour une fois, est plutôt mignon.

Demeure un problème dramatique non résolu. Les différents vocables désignant le sexe masculin. Tous sont odieux car ils  ont un sens dominateur, écrasant et dur. Pour en faire table rase, nous faisons confiance aux féministes. Mais on ne peut s'arrêter là. Il faut d'urgence détruire l'obélisque de Louxor, cet abominable monument phallique qui trône place de la Concorde !

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