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"La Crise et après ?" : Plus que répondre à la question, les chefs de partis ont placé leurs pions
©KENZO TRIBOUILLARD / POOL / AFP

Soirée débat

Le débat organisé par BFM et intitulé "La crise, et après ?" s'est tenu ce mercredi 20 mars au soir entre les 6 chefs des principaux partis.

Arnaud Benedetti

Arnaud Benedetti

Arnaud Benedetti est Professeur associé à Sorbonne-université et à l’HEIP et rédacteur en chef de la Revue politique et parlementaire. Son dernier ouvrage, "Comment sont morts les politiques ? Le grand malaise du pouvoir", est publié aux éditions du Cerf (4 Novembre 2021).   

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Atlantico : Le but du débat était d'entendre les propositions de sortie de crise des politiques après un Grand débat qui n'a pas convaincu. Sur ce plan, le débat de ce soir a-t-il tenu ses promesses ?

Arnaud Benedetti : Chacun est resté dans son couloir déclinant son offre , sans réelles surprises . À l’exception des deux représentants des partis majoritaires , on y a assisté à une critique en règle de la politique du gouvernement . Il ne fallait sans doute pas s’attendre à autre chose d’un exercice dont l’enjeu se situait à mi-chemin de la sortie du grand débat et des élections européennes . Sur le plan des personnalités , les plus aguerries et les plus différenciées dans leur volonté de rompre avec la politique d’Emmanuel Macron  ( Mélenchon , Marine Le Pen ) ont sans doute occupé avec plus de densité l’arène . Sur le fond , Stanislas Guerrini s’est efforcé de tenir la barre , mais sa prestation a fait ressortir le déficit abyssale du parti du président en leaders , en ressources combattantes susceptibles de " performer " ... L’impression générale qui a pu se dégager d’une émission qui ne restera pas dans les annales de la communication politique c’est un retour à la case départ pré-présidentielle , sans un certain nombre de sensibilités ( Hamon , les écologistes , Dupont-Aignan , etc ...) . Cette absence sur-soulignait à sa façon la crise de la représentation aiguë que nous traversons . Pas sûr que dans le contexte de crise des " gilets jaunes" les téléspectateurs ne soient pas ressortis de ce débat tout aussi dubitatifs qu’ils n’y étaient rentrés ... On a de facto eu le spectacle des blocages de la société française , de ses contradictions , de l’anomie de sa scène politique .

Le format "combat des chefs" n'a-t-il pas montré certaines limites, reproduisant par bien des aspects ceux qui ont précédé l'élection présidentielles ?

Les uns et les autres ne poursuivaient pas des objectifs identiques . Loin de là ... Pour Stanislas Guerrini, il s’agissait de faire " ses preuves ", pour François Bayrou de se positionner comme le môle d’expérience d’une majorité mise à mal , pour Marine le Pen de poursuivre l’exorcisme de l’effet toxique de son débat raté de l’entre-deux tours de 2O17 , pour Laurent Wauquiez de se différencier de Marine le Pen et d’incarner une droite lisible , pour Jean-Luc Mélenchon de retrouver la dynamique qui lui avait presque réussie lors de l’élection présidentielle , pour Olivier Faure tout simplement d’exister après qu’il eut confié les clés de la liste ps aux européennes à Raphaël Glucksmann. La réalité c’est qu’encore une fois , outre que l’ombre d’Emmanuel Macron et des gilets jaunes  planaient sur l’ensemble du débat , la situation politique est apparue encore plus confuse qu’il n’y a deux ans . Ce qui n’est rassurant ni pour les forces politiques , et pas plus pour pour l’exécutif .

Quels autres enseignements tirez-vous de ce débat ?

Il a été marqué par la conjoncture . Les questions d’ordre public , de fiscalité y ont prédominé . Par ailleurs se dessinait en creux comme une frontière entre les anciens chefs et les nouveaux avec Marine le Pen , Jean-Luc Mélenchon , François Bayrou d’un côté et Stanislas Guerrini , Olivier Faure , Laurent Wauquiez de l’autre .Marine le Pen y a modéré son image , poursuivant sa dédiabolisation , notamment lorsqu’elle a dit son opposition à la militarisation du maintien de l’ordre .Mélenchon a réaffirmé qu’il était le plus talentueux . Bayrou a répété son personnage . Guerrini a voulu faire le job , mais il a surtout démontré à son corps défendant qu’il n’était pas donné à tout le monde d’être un leader . Olivier Faure a renforcé l’image d’un ps à la recherche ( désespérément ?) de sa voie ...et de sa voix aussi . Laurent Wauquiez s’est mécaniquement attelé à procéder à la pédagogie d’un projet qu’il veut rendre audible entre l’orléanisme de Macron et le nationalisme de Marine le Pen . Quoi qu’il en soit , pour les uns et les autres , l’enjeu n’était pas tant la sortie du grand débat que de poser les premières briques télévisuelles de leur campagne en vue des européennes . Ce round là fut surtout en quelque sorte d’observation et de retenue .

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