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One Planet Summit : comment aider l’Afrique à jouer sa part dans la lutte contre le réchauffement climatique sans plomber son développement ?
©MANDEL NGAN / AFP

Eco-responsable

La troisième édition du One Planet Summit, événement organisé par la France et les Nations Unies notamment se tient cette année à Nairobi au Kenya.

François Gemenne

François Gemenne

François Gemenne est chercheur en sciences politiques, au sein du programme politique de la Terre. Il est enseignant à l'université de Versailles-Saint Quentin, et à Sciences Po Paris.

Spécialiste du climat et des migrations.

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Atlantico : Le thème principal de ce sommet est la lutte contre le réchauffement climatique en Afrique. Cependant, cela n’aurait pas de sens de demander à l’Afrique la même chose qu’on demande aux pays occidentaux. Dès lors, comment faire pour qu’en Afrique et dans les autres pays en voie de développement la lutte environnementale puisse aussi être menée efficacement, d’autant plus dans cette région du monde qui est la plus touchée par les effets de la crise écologique ?

François Gemenne : Tout d’abord il y a une importance symbolique à tenir ce sommet en Afrique. Après les deux première éditions à Paris et New York, le risque était que ce sommet apparaisse comme un sommet des pays riches alors qu’on sait que les premiers touchés par l’impact du réchauffement climatique sont les pays en développement. Il y avait dès lors une sorte d’urgence à rééquilibrer au moins en termes d’image la balance. 

Deuxièmement, il faut noter qu’alors au départ le One Planet Summit était très orienté sur les questions de la finance, et de la finance carbone, principalement axé autour des politiques de réduction des émissions dans les pays du nord, ici l’idée est à la fois de voir comment la finance peut financer des solutions d’adaptation au sud et comment on peut accélérer le déploiement de solutions technologiques pour réduire les émissions de gaz à effet de serre au sud également. Vous l’avez dit, cela n’a pas de sens de demander aux pays d’Afrique les mêmes efforts qu’aux pays industrialisés. Néanmoins, l’enjeu est de trouver quel type de développement alternatif on va pouvoir proposer aux pays africains en tenant compte bien entendu de leur évolution démographique. Ce qui est certain, c’est que si les pays africains suivent le même développement que les pays industrialisés, celui à base de la combustion d’énergie fossile, il est certain qu’on va dans le mur.

Dès lors, on sait qu’il y a tout à faire en termes de propositions de développement alternatif fondé sur les énergies renouvelables. Le grand espoir, c’est que l’Afrique fasse avec l’énergie ce qu’elle a fait avec la téléphonie mobile. Ils ont sauté une étape en passant directement à la téléphonie mobile sans passer par les lignes fixes. De la même façon, l’espoir des pays du Nord est aujourd’hui que l’Afrique passe directement aux énergies renouvelables sans passer par la case énergie fossile. 

D’où l’importance d’un sommet tel que celui-là pour accélérer le transfert de technologies et évidemment aussi le transfert de ces technologies.

En plus des questions précédemment traitées au cours des On Planet Summit sur le réchauffement climatique, ce dernier introduit la question de la biodiversité. Pourquoi ce choix ? Par ailleurs l’Afrique connait-elle une crise similaire à la nôtre dans ce domaine ?

Je dirai qu’ils sont dans une situation similaire à la notre en ce qu’il y a une réserve de biodiversité considérable en Afrique mais aussi une surexploitation des ressources. Ce choix s’inscrit dans un mouvement de fond qui cherche à moins segmenter les enjeux environnementaux que ce qu’on a fait par le passé mais cherche à avoir une vue globale pour réaliser que les enjeux de climat touchent aussi les enjeux de biodiversité et vice versa. Cela pourrait vouloir marquer une sorte d’inflexion du sommet qui n’est plus seulement un sommet sur le climat mais un sommet sur l’environnement et qui lui permet peut-être de trouver une plus grande complémentarité par rapport aux COP qui sont des sommets précisément sur le climat. C’était un peu ce qu’on craignait lors de la première édition, que ce One Planet Summit ne fasse un peu doublon par rapport au COP. Avec cette approche plus large, ils pourront dès lors se différencier des COP. 

Cette troisième édition vient après l’édition de Paris puis New York ces deux années précédentes. Si on devait faire un premier bilan de cette initiative portée notamment par la France et son président Emmanuel Macron, lequel serait-il ?

La première édition à Paris était encourageante. C’était une opération de communication très réussie qui avait quand même permis une série d’annonce de la part du secteur privé. Je ne veux pas dire que ces annonces ne se seraient pas faites sans le sommet, mais celui-ci avait été une sorte de catalyseur de ces annonces notamment celles de la Banque mondiale ou Axa qui renonçait au financement de projets carbone. Dès lors, le premier sommet avait quelque part mis l’accent sur le rôle de la finance et donné une forme d’impulsion pour lancer le processus de l’accord de Paris. 

Le deuxième sommet a été une déception totale. Organisé en catimini dans un grand hôtel new-yorkais, presque personne n’en a entendu parlé. On avait l’impression que le soufflet était complètement retombé dans la deuxième édition. Il va falloir que cette troisième édition parvienne à installer durablement ce sommet comme une sorte de rendez-vous important, sinon cela sera une sorte de petite réunion en marge qui mourra de sa mort lente. Il y a beaucoup d’attente après cette deuxième édition très décevante. 

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