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Vieillesse, maladie : voilà de quoi meurent les gens dans le monde ?
©JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP

Espérance de vie en hausse

En France, de nos jours, 30% des décès sont dus aux cancers.

Gérard Dubois

Gérard Dubois

Gérard Dubois est membre de l’Académie nationale de médecine, où il occupe la fonction de président de la Commission Addictions. Il est le co-auteur du rapport des "Cinq sages" au ministre des Affaires sociales sur la Santé Publique à l'origine de la loi Evin.

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Atlantico : Entre 1950 et 2015, l'espérance de vie est passée de 46 à 77,7 ans en Europe selon les chiffres des Nations-Unies. Comment expliquer une augmentation si rapide et importante ?

Gérard Dubois : Depuis 1870 l’espérance de vie a plus que doublé en France parce que la mortalité infantile a été divisée par 100 de même que la mortalité maternelle. Dans le même temps, la mortalité par maladies infectieuses s’est effondrée. Cette révolution dans l’histoire humaine est le résultat d’une politique active, faite de progrès économiques, sociaux et scientifiques, faites d’améliorations des conditions de vie, de progrès médicaux diagnostiques, thérapeutiques et préventifs (hygiène de l’eau, des aliments, des conditions de travail, vaccinations, antibiotiques...). Ces formidables résultats ne peuvent se maintenir que si l’on veille à maintenir au plus haut niveau les mesures prises. Rappelons-nous que si les héroïnes de la littérature du XIXème siècle mourraient “en couche” ou perdaient leurs enfants en bas âge, si les maladies infectieuses ravageaient les familles même royales, c’était une réalité et non une figure de style.

Cet allongement de la durée de vie a modifié les principales causes de mortalité. De quoi meurt-on le plus de nos jours ?

Gérard Dubois : Ce mouvement d’amélioration de la santé s’accompagne d’une transition épidémiologique. En France, de nos jours, les maladies infectieuses ne représentent plus que 2% des décès. 30% des décès sont dus aux cancers, 25% aux maladies cardiovasculaires, 6% aux maladies respiratoires chroniques et 2% au diabète. Ces quatre maladies chroniques, dites non transmissibles (les 4 MNT), sont à l’origine de 2/3 des décès en France et de la moitié dans le monde. 

On observe une certaine stagnation, voire un recul de l'espérance de vie dans certains pays développés. Comment expliquer cette inflexion ? Sommes-nous arrivés à un cap difficilement surmontable ?

Gérard Dubois : La progression de l’espérance de vie a été longtemps d’environ 3 mois par an. Cependant, en 2003, 2008, 2012 et 2015 l’espérance de vie des Françaises a légèrement régressé par rapport à l’année précédente, le même phénomène étant observé pour la première fois chez les hommes en 2015. Ce ralentissement, cet essoufflement est constaté dans tous les pays développés qui ontatteint des niveaux très élevés. En fait, la progression de l’espérance de vie ne pouvait que ralentir car la longévité humaine n’a pas changé (environ 110-115 ans) et marque une butée. Plus de personnes approchent de cette limite et passent donc plus d’années non seulement en vie, mais aussi en bonne santé.

Le vieillissement de la population nous confronte à d'autres défis, et l'on constate l'augmentation des certaines maladies dégénératives. La médecine est-elle apte à prendre en charge les patients souffrant de ces pathologies ?

Gérard Dubois : Il reste encore une marge considérable de progrès en ce qui concerne les 4 MNT et l’Organisation Mondiale de la Santé conseille de s’attaquer aux quatre grandes causes majeures de ces maladies. Ce sont dans l’ordre le tabac, l’alcool, les aliments transformés (sel) et la sédentarité. Les trois premières causes sont des produits industriels fabriqués, promus et diffusés par l’homme ce qui permet de parler l’épidémies industrielles. Il n’y a pas que le comportement individuel qui est en jeu, mais aussi une responsabilité industrielle et commerciale dont la règlementation relève de l’Etat grâce à une panoplie de mesures législatives règlementaires et fiscales pour éviter ou réduire l’exposition à ces produits. Face à de puissants lobbys financiers ou de l’ignorance, le rôle des organes scientifiques, de la société civile et des associations est essentiel.

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