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Mur des Cons : la dérive militante du syndicat de la magistrature condamnée par la justice
©DR

Décision de justice

Dans l'affaire du "Mur des Cons" révélée par Atlantico en avril 2013, les juges de la 17e chambre ont condamné l'ex-présidente du Syndicat de la magistrature pour injures à l'encontre du père d'une jeune fille tuée. Le tribunal n'a donc pas suivi le parquet qui avait requis la relaxe de la prévenue.

Clément Weill-Raynal

Clément Weill-Raynal

Clément Weill-Raynal est journaliste, spécialiste des affaires judiciaires et auteur d’un document remarqué, Le fusillé du mur des cons. Il est l'auteur de la vidéo du "mur des cons" filmée au siège du Syndicat de la magistrature.

 

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Atlantico : Dans l'affaire dite du "Mur des Cons" révélée par Atlantico en avril 2013, la 17e chambre a condamné l'ex-présidente du Syndicat de la magistrature pour injures faites au père d'une jeune fille tuée. Les politiques, eux, ont été déboutés de leurs demandes. Ce jugement vous parait-il satisfaisant?

Clément Weill-Raynal : Je tiens d'abord à rappeler que dans cette affaire, je n'étais pas partie civile mais juste témoin. Maintenant, si vous me demandez mon avis, je considère que l'on peut saluer l'indépendance des juges qui ont rendu ce jugement. Contrairement a ce qui a été avancé insidieusement et de manière inexacte par certains journaux, ce n'est pas une relaxe, mais bien un jugement de condamnation!  Le tribunal a considéré que le Mur des Cons constituait  une injure publique à l'encontre de tous ceux qui y étaient épinglés et il a motivé son jugement de manière très sévère à l'égard du Syndicat de la Magistrature. Les juges de la 17e chambre correctionnelle ont rejeté l'argument  selon lequel il ne s'agirait que d'une "blague de potache" ou encore d'une réaction de légitime défense de la part de magistrats agressés par le pouvoir politique… Mais surtout, le tribunal a souligné que ce Mur des Cons était une oeuvre "collective"  et que la faute morale retombe non seulement sur la présidente du Syndicat mais sur tous ceux qui ont participé à l'édification de ce pilori politico-judiciaire. A mon sens, ce jugement est bien la condamnation d'une dérive militante dans laquelle se sont laissé entraîner des magistrats qui avaient pourtant fait le serment de rendre une justice impartiale. 

Beaucoup de plaignants ont été déboutés, pour quelles raisons? 

Certes, tous les politiques ont été déboutés, mais pour des raisons de pure forme. Le tribunal a néanmoins reconnu qu'ils avaient été, eux-aussi, injuriés. L'affaire du Mur des Cons relève du droit de la presse qui est un droit très complexe, plein de chausse-trappes procédurales…Il restait le cas du Général Schmitt, le père d'une jeune fille assassinée par un multirécidiviste. Les "magistrats-potaches" avaient considéré qu'il méritait d'être épinglé sur ce mur de l'injure car il avait eu le grand tort de critiquer le laxisme de la justice. Là, les juges de la 17e chambre correctionnelle ont considéré qu'on ne pouvait pas jeter un pudique manteau de Noé sur cette ignominie. Le cas du Général Schmitt est le plus emblématique. Il résume à lui seul le scandale du Mur des Cons.

L'affaire du Mur des Cons a suscité une vive polémique et a eu un retentissement considérable. En quoi, cela a été bénéfique?

Les images du Mur des Cons ont provoqué un choc dans l'opinion parce que les images vidéos étaient édifiantes. Ces images étalaient sur la place publique une réalité que certains dénonçaient depuis des lustres mais qu'il n'était toujours aisé à démontrer: au nom d'une conception très militante de la justice, des magistrats - heureusement minoritaires au sein de l'institution - se sont laissés entrainer dans une dérive idéologique inquiétante. S'ils épinglent en ricanant des justiciables en fonction de critères politiques, sont-ils en mesure de rendre la justice de manière équitable? C'est la question que l'opinion s'est légitimement posée. L'affaire a jeté une lumière très crue sur le Syndicat de la Magistrature qui bénéficiait d'une image positive, entretenue complaisamment par une parte de la presse. Je pense que le jugement du 31 janvier 2019 est une sorte de carton rouge, de rappel à l'ordre. Et c'est une bonne chose. On se souviendra longtemps du Mur des Cons. 

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