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Les Français, les sondeurs et les journalistes : ceux que François Fillon a soigneusement évité de croiser pendant la campagne présidentielle (à l'inverse de Macron)
©CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

Bonnes feuilles

Véronique Jacquier publie aux éditions de L’artilleur "L’homme qui ne voulait pas être président", fruit de deux ans d’enquête. Elle revient sur les soubresauts de la campagne de 2017. François Fillon voulait-il vraiment être président de la République ? Extrait 2/2.

Véronique Jacquier

Véronique Jacquier

Véronique Jacquier a été éditorialiste à RMC et BFM TV. Elle est journaliste politique à Sud Radio.

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Il y a deux catégories de personnes dont ne peut se passer un président de la République : les sondeurs et les journalistes. Nicolas Sarkozy raffolait des premiers et s’évertuait à séduire les seconds. Mais François Fillon ne s’intéressait pas aux sondeurs et détestait les journalistes. C’est problématique quand on veut se faire élire ! Ainsi en avril 2018, les journalistes signalèrent la couteuse communication du candidat de la droite à la présidentielle : 509 952 euros dépensés en « conseil en communication », loin devant Jean-Luc Mélenchon (224 168 euros) et Emmanuel Macron (219 780 euros). Il faut encore ajouter un budget de 199 320 euros consacré aux sondages et études d’opinion. Jusqu’aux révélations du Canard Enchaîné, le 24 janvier 2017, le budget sondage est utilisé avec parcimonie. Les interventions publiques de François Fillon sont rarement testées. Mais ensuite changement de cap, l’impact du passage de l’ex-Premier ministre dans les médias est méthodiquement mesuré. Et les enquêtes se focalisent sur les réactions à « l’affaire Fillon ». On imagine un candidat inquiet, subitement gourmand de sondages pour se rassurer sur son avenir présidentiel tant sa stature est abimée. « Pas du tout ! me dit Patrick Stefanini, c’est moi qui commandait tous les sondages. François Fillon se fichait complètement des études d’opinions. Ça ne l’intéressait pas ». Pourquoi si peu de curiosité et d’appétence pour ce qui relève de la science de l’opinion ? Parce que François Fillon n’oublie pas que tous les sondeurs l’ont sous-estimé pendant la primaire. Il a gagné ! Après avoir entendu pendant des mois qu’il était loin derrière Nicolas Sarkozy et Alain Juppé. Ils se sont tous trompés dans leurs prévisions ! Même s’ils ont vu juste dans la remontée les trois dernières semaines. Alors les sondeurs, les instituts et les études sur l’impact de sa personne pendant « l’affaire Fillon », très peu pour lui ! 

Quant aux journalistes, François Fillon aura dépensé beaucoup d’argent pour les éviter en fin de campagne. 50 000 euros de jet privé les quinze derniers jours. Même si le candidat enchaînait les meetings, il faut arriver à justifier la pertinence d’un vol en avion privé pour trois déplacements dans la même journée : Paris-Le Bourget-Calais, Calais-Lille et Lille-Paris facturés 8 990 euros. « Il avait peur de tout, dit un ancien de la campagne. Il ne voulait pas croiser la presse et rencontrer les Français ». La mise à distance des journalistes est l’une des marques de fabrique de François Fillon. Par peur d’être démasqué ? De tomber sur la Une : « Monsieur François, Docteur Fillon ? » Sa discrétion médiatique lui apporta une belle popularité quand il était Premier ministre. L’exact contrepoint de Nicolas Sarkozy. Il reposait et rassurait les Français. Mais pour être élu président de la République, ne faut-il pas leur offrir une histoire à écrire ensemble ? Il n’y a pas eu d’histoire d’amour entre François Fillon et les Français. Pas de « fillonmania », pas de coup de foudre, même pas une passade ! Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy sortaient galvanisés d’un meeting. Comme des rockstars, la foule, les gens, les militants étaient leur bain de jouvence. François Fillon ne se donne pas. Il répugne à serrer les mains. Il n’aime pas les selfies. Il n’improvise pas dans ses discours. Pas d’envolée, ou alors bien écrite par sa fidèle plume Igor Mitrofanoff. À quinze jours du premier tour de l’élection présidentielle, porte de Versailles, à Paris, le candidat de la droite va même jusqu’à assumer de ne pas être aimé : « Je ne vous demande pas de m’aimer. Je vous demande de me soutenir. Il ne s’agit pas de choisir un copain. Il s’agit de choisir un président. Et à travers lui le destin que nous voulons offrir à la France ». Pendant ce temps-là, Emmanuel Macron s’époumone tel un télévangéliste pour dire aux Français : « je vous aime » et il donne l’impression de marcher sur l’eau.

Extrait de "L’homme qui ne voulait pas être président", de Véronique Jacquier, publié aux éditions de L’artilleur 

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