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2019 : la France préside le G7 et semble vouloir provoquer Trump. Bien, mal, très mal ?
©Dimitar DILKOFF / AFP

Inégalités

Très mal : ce serait une erreur majeure. « Un G7 contre les inégalités » est le thème 2019 choisi par la France, que l’on reconnaît bien là.

UE Bruxelles AFP

Jean-Paul Betbeze

Jean-Paul Betbeze est président de Betbeze Conseil SAS. Il a également  été Chef économiste et directeur des études économiques de Crédit Agricole SA jusqu'en 2012.

Il a notamment publié Crise une chance pour la France ; Crise : par ici la sortie ; 2012 : 100 jours pour défaire ou refaire la France, et en mars 2013 Si ça nous arrivait demain... (Plon). En 2016, il publie La Guerre des Mondialisations, aux éditions Economica et en 2017 "La France, ce malade imaginaire" chez le même éditeur.

Son site internet est le suivant : www.betbezeconseil.com

Voir la bio »

Il se prête à bien des interprétations, mais le site officiel croit bon de préciser : « Le dérèglement climatique affecte encore plus les populations vulnérables. Il ajoute de l’inégalité à l’inégalité, de l’insécurité à l’insécurité. C’est pourquoi nous ferons de la lutte contre le changement climatique une grande priorité de notre année du G7. » Est-ce aujourd’hui bien utile, aujourd’hui, d’avancer aussi frontalement contre Trump ? N’a-t-on pas mieux à faire et à consolider au sein du G 7 ?

Certes, les experts français ne veulent pas seulement lier « inégalités » à « climat », deux thèmes qui, séparément déjà, ne font pas l’unanimité des préoccupations. Ils listentainsi « cinq objectifs pour lutter contre les inégalités… En 2019, pour permettre à chacun(e) d’avoir les mêmes chances dans la vie quelles que soient ses origines, son sexe ou le lieu où il/elle vit, mais aussi pour assurer la stabilité globale et la paix, la France souhaite que les objectifs du G7 soient :
- la lutte contre les inégalités de destin, en favorisant particulièrement l’égalité entre les femmes et les hommes… ;
- la réduction des inégalités environnementales en protégeant notre planète grâce aux financements en faveur du climat et d’une transition écologique juste, la préservation de la biodiversité et des océans ;
- la promotion de politiques commerciales, fiscales et de développement plus justes et équitables ;
- l’action pour la paix… ;
- l’exploitation des opportunités offertes par le numérique et l’intelligence artificielle ».

Ces thèmes devraientaccompagner les réunions des ministres, puiscelle des « grands chefs » à Biarritz, avec tout au longles invitations des grandes organisations internationales (FMI…), ONG et différents partenaires. Pour conclure, les responsables africains seront conviés. Mais le risque va au-delà d’échauffourées prévisibles avec les gilets jaunes (de l’époque), les verts, rouges, noirs, et autres. Dans le monde actuel, hyper politisé et divisé, ces « cinq objectifs » proposés par la France pourraient en effet en énerver plus d’un, notamment Donald Trump. A les lire, on pourrait même penser que certains (pas tous) ont été retenus pour cela. 

Un G 7 contre Trump ? Pas entièrement, mais attentionsi rien ne change dans les textes de préparation. Bien sûr, rien n’est écritnon plus sur le déroulement des réunions. Les situations et comportements de chacunne sont pasfacilement prévisibles, de moins en moins même. Tout change tout le temps. Mais lier le réchauffement climatique à la montée des inégalités n’est pas anodin, ni même la causalité dominante. La vraie question devrait plutôt être la démarche à adopter dans les réunions de préparation, puis celles des ministres, pour soutenir la croissance. Ministres des affaires étrangères et intérieures d’abord, puis environnement, égalité entre hommes et femmes, santé, travail, « développement et éducation », Finances les 17 et 18 juillet, pourraient utilement travailler et échanger. Ceci permettrait de bien préparer le sommet de conclusion et d’acceptation (éventuelle) du communiqué final, en évitant le drame comme à Montréal et plus encore les poncifs, comme bien souvent.

Il esttrès important de ne pas « anti-trumpiser » ce G7, en mettant l’accent sur des positions clivantes. Il faut reconstruire l’unité occidentale, pas la fracturer. Tout est problématique dans notre monde, mieux vautavancer par ordre de difficulté croissante, en commençant par la croissance, seule à même de promouvoir l’égalité entre homme et femme, immense problème qui a l’avantage d’être consensuel. Ensuite viendront, toujours avec la croissance, les politiques commerciales, la paix et les avancées technologiques, sachant qu’on évoquera les terrorismes, avant d’aborder les liens entre climat et inégalités. Ce ne sera pas, à chaque étape, un mince programme.Il faudra ainsi parler de l’Afrique, et surtout avec elle, pour se lier à elle, pas pour contrer les avancées chinoises.

D’ores et déjà, il faut donc éclairer et préparer ces questions pour les combiner au mieux, pour les résoudre, non les opposer. Le risque doit être claire : celui de « politiser à courte vue » pour « faire le buzz »(sachant que les médias n’aident pas), etd’antagoniser des alliés dans ce monde qui ne sait plus où il va. N’oublions pas l’essentiel : les trajectoires de la Chine et des États-Unis se « rapprochent » et semblent faites pour se « rencontrer ». Est-ce ce que nous nous renforçons assez, chacun, dans le « rapprochement » en cours de ces deux puissances mondiales, une configuration sans exemple dans l’histoire. Et comment ? Et que voulons-nous, comme type de « rencontre » ?

Le G7 de Biarritz est l’occasion d’oublier celui de Montréal. Pour la France, c’est une occasion de briller, mais pas jaune. La guerre de Troie a eu lieu, celles entre Sparte et Athènes aussi, comme celles entre l’Allemagne et ses voisins. Quand la puissance dominante se sent menacée dans son leadership par la puissance montante, en général elle attaque, mélange de peur et de rage. La meilleure façon de contribuer à éviter la collision entre États-Unis et Chine, c’estde réussir ce G7.

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