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Quelle réponse l’Union européenne peut-elle donner au sévère camouflet diplomatique qui vient de lui être infligé par Washington ?
©PHILIPPE LOPEZ / AFP

Diplomatie

L'Union européenne était considérée comme un Etat par Washington depuis 2016. Elle a été reléguée au rang d'organisation internationale par l'administration du président Donald Trump.

Cyrille Bret

Cyrille Bret

Cyrille Bret enseigne à Sciences Po Paris.

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Atlantico : Le département d'Etat américain vient de dégrader le rang diplomatique attribué à l'Union européenne, du statut d'Etat membre à celui d'organisation internationale (alors que ce statut lui avait été reconnu en 2016). Faut-il voir cette décision comme ayant une portée essentiellement symbolique et politique ou celle-ci entraîne-t-elle des conséquences pratiques pour l'Union européenne ?

Cyrille Bret : De la part de l’administration Trump, il s’agit d’un camouflet diplomatique délibéré doublé d’une piste de position politique dans la perspective des élections européennes qui auront lieu entre le 23 et le 26 mai 2019. La décision des autorités américaines n’est ni fortuite ni mineure ni accidentelle. En effet, la place d’une représentation diplomatique et de son chef dans l’ordre protocolaire est un acte souverain qui met en jeu les relations internationales du plus haut niveau. La décision a nécessairement été prise par la Maison Blanche après consultation des services du protocole du Département d’Etat. 

Le camouflet diplomatique est multiple. Non seulement le représentant permanent de l’Union européenne est rétrogradée au rang de représentant local d’une organisation internationale mais en outre l’administration américaine n’a pas jugé nécessaire d’en avertir le Haut Représentant de l’Union pour les affaires extérieures.
Etant donné le tempo choisi par l’administration, il s’agit d’une décision hautement symbolique : pour Donald Trump, partisan ouvert du Brexit au mépris du principe de non-immixtion dans les affaires intérieures de l’Union, la construction européenne est négative. A quelques mois des élections européennes et au moment où les leaders souverainistes (Orban, Kaczinski, Salvini) semblent devoir l’emporter contre la ligne Macron, c’est un soutien américain aux forces centrifuges en Europe.

Les conséquences sont aussi pratiques : les représentants de l’Union européenne ne sont plus dans la même catégorie donc ne sont plus conviés aux mêmes événements et ne jouissent plus des mêmes prérogatives dans le dialogue avec les autorités américaines.

Comment l'Union européenne pourrait-elle répondre efficacement à cette dégradation ?

La réponse se doit d’être forte de la part de l’Union : le président de la Commission, Jean-Claude Juncker et le Haut Représentant, Federica Mogherini doivent faire front commun avec le président du Conseil, Donald Tusk, pour obtenir des explications de cette décision. Même s’ils sont affaiblis car la Commission et l’exécutif européen seront renouvelés à partir de mai, ils doivent coaliser les chefs d’Etat et de gouvernement pour obtenir l’annulation de cette décision, sous peine d’exposer les Etats-Unis à de telles humiliations en Europe. Pourquoi ne pas lancer une pétition continentale ? Pourquoi ne pas refuser d’associer le président américain à certains grands événements  à venir en Europe ?

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