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Pourquoi 2019 pourrait-être l’année d’une sacrée accélération de l’Histoire
©SAUL LOEB / AFP

Perspectives

Moyen-Orient, Etats-Unis, Europe : voici les perspectives internationales pour l'année 2019.

Jean-Sylvestre Mongrenier

Jean-Sylvestre Mongrenier

Jean-Sylvestre Mongrenier est docteur en géopolitique, professeur agrégé d'Histoire-Géographie, et chercheur à l'Institut français de Géopolitique (Université Paris VIII Vincennes-Saint-Denis).

Il est membre de l'Institut Thomas More.

Jean-Sylvestre Mongrenier a co-écrit, avec Françoise Thom, Géopolitique de la Russie (Puf, 2016). 

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A l’aube d’une nouvelle année, dans un Occident post-moderne gavé de données quantitatives et de chiffres, coutume demeure d’envisager l’avenir, selon des méthodes moins assurées peut-être que celles des augures et devins du monde antique. Bel hommage à l’Homme éternel, sensible aux multiples et équivoques signes de l’Univers. D’emblée, le mois de janvier 2019 commémorera la Conférence de la Paix réunie à Paris cent ans plus tôt afin d’accoucher d’un nouvel ordre international : le système de Versailles. Au risque d’oublier que la guerre en Europe centrale et sur ses confins orientaux, en Russie bolchévique ainsi que dans l’ex-monde ottoman, s’est perpétuée jusqu’au milieu des années 1920. In fine, les deux décennies suivantes n’auront été qu’une suspension d’armes entre les deux phases d’une « nouvelle guerre de Trente Ans «  (Arnold Toynbee). On peut s’attendre à des banalités sur la folie des hommes, l’inutilité des guerres ou l’incapacité des politiques et diplomates à fonder une paix juste et durable. Trente ans après la chute du Mur de Berlin, événement significatif marquant la fin de la Guerre Froide, les temps présents ne sont pas plus rassurants. La convergence de différentes lignes dramaturgiques laisse présager un « Perfect Storm » que l’intelligence politique doit tenter de transformer en prédiction autodestructrice.

La Turquie et le « désordre post-ottoman »

Placé sous la menace d’une déflagration générale, le Moyen-Orient s’impose d’emblée à l’analyse. Encore incertaine, la décision de Donald Trump de retirer les troupes américaines du Nord-Est syrien - environ 2 000 hommes des forces spéciales avec  200 Français et autant de Britanniques - renouvelle les données de cette longue guerre. Décision incertaine puisque son caractère soudain, le 19 décembre 2018, a été atténué par l’annonce d’un délai de 60 à  100 jours, le président américain insistant sur le fait que ce retrait serait progressif et coordonné. En visite sur une base américaine d’Irak, il a rappelé que les forces américaines basées dans ce pays (5 200 soldats), à portée immédiate du théâtre syrien, étaient en mesure d’intervenir rapidement. Le 30 décembre, le sénateur Lindsey Graham, proche du président américain, a déclaré que ce dernier entendait « finir le travail » en Syrie (propos confirmé par Trump le 31 décembre). Il reste que les acteurs géostratégiques engagés dans la zone, à la manière des acteurs des marchés financiers qui anticipent la moindre nouvelle et rumeur, ont tôt fait de réagir. Depuis plusieurs semaines, la Turquie masse des troupes sur ses frontières avec la Syrie, Recep T. Erdogan évoquant la possibilité d’une intervention militaire quelques jours avant l’annonce de Trump.

Dans les jours qui suivirent, les forces kurdes du YPG (le bras armé du PYD, branche syrienne du PKK) ont pris langue avec le régime de Damas qui a déployé  300 hommes au nord et à l’ouest de Manbij, en vue de faire tampon avec les zones contrôlées par l’armée turque et ses supplétifs locaux (des milices arabes). Une délégation turque s’est rendue à Moscou afin de tester le Kremlin qui, à l’instar du régime irano-chiite, soutient à bout de bras Bachar Al-Assad, et ce depuis le début de la guerre (2011). Le trio d’Astana est censé se réunir début 2019 pour s’accorder sur le sort du Nord-Est irakien.

Dans l’immédiat, l’attention se concentre sur Manbij, à l’ouest de l’Euphrate, dans cette partie de la Syrie qui pour l’essentiel est placée sous le contrôle direct ou indirect de la Turquie (de Djarabulus à Afrine). Pourtant, Ankara accumule également des forces en face de Tall Abyad et de Kobané, menaçant ainsi les zones kurdes à l’est de l’Euphrate. Si une offensive turque n’est pas exclue, Erdogan manifeste un certain art de la prudence : il faut évaluer le climat politique à Washington (véritable retrait ou non ?), négocier avec la Russie, évaluer la situation locale et élaborer une nouvelle image opérationnelle du théâtre. Une opération d’envergure limitée visant à établir une zone tampon à l’est de l’Euphrate semble à la portée d’Ankara. En revanche, une grande campagne militaire visant à éradiquer le YPG, en allant le combattre jusqu’à Rakka et Deir ez-Zor, serait plus difficile à conduire.

La décision de Trump lève bien des questions (cf. infra), du moins son apparente volonté de refonder le partenariat stratégique Washington-Ankara a-t-elle le mérite d’appeler l’attention sur la Turquie. Malgré le mauvais état des relations avec l’Occident, la Turquie constitue un important allié aux confins septentrionaux du Moyen-Orient comme sur le flanc sud de la Russie. Les accords avec l’Union européenne (UE) permettent d’amortir le choc migratoire et la prochaine inauguration du TANAP (Trans-Anatolian Pipeline) acheminera du gaz naturel depuis la Caspienne, contribuant ainsi à la diversification des approvisionnements énergétiques de l’Europe (la question des ressources gazières du Bassin levantin reste en suspens).

Si la lutte contre l’irrédentisme kurde domine la politique régionale turque, le néo-ottomanisme relevant en partie de la rhétorique, il reste que Recep. T. Erdogan est déterminé à affirmer la présence de son pays au Moyen-Orient. La vision fantasmatique d’une Turquie tirant bénéfice du Printemps arabe, est caduque, mais les ambitions demeurent, l’ouverture d’une base au Qatar constituant un point de friction avec l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis. Le rapprochement avec le Soudan, engagé par ailleurs dans la coalition arabe menant la guerre au Yémen, pourrait se traduire par une présence militaire accrue en mer Rouge. Tout cela mérite attention. A plus long terme, la Turquie pourrait être un contrepoids aux ambitions irano-chiites. Encore faudrait-il pour cela que le processus d’Astana n’aille pas au-delà des convergences tactiques concernant la Syrie.

« Réalisme » de Trump ?

L’année 2018 se terminant pas une décision qui illustre sinon l’imprévisibilité, du moins le caractère brouillon et illogique de la politique de Trump, les observateurs seront attentifs aux prochains développements. D’aucuns louent le « réalisme » du président américain. Voire. Laissons là le mot de Bernanos selon lequel le réalisme est (souvent) « le bon sens des salauds » (cf. George Bernanos, La France contre les robots, 1947), afin d’examiner l’argumentaire. En retirant ses forces spéciales du Nord-Est syrien, Trump viserait à renouveler le partenariat stratégique turco-américain ainsi qu’à tester la solidité des nouvelles convergences turco-russes, plus largement de ce drôle d’attelage qu’est le processus d’Astana.

Au-delà, cette décision s’inscrirait dans une logique de redéploiement des forces américaines afin de faire face aux puissances révisionnistes que sont la République populaire de Chine (RPC) de Xi-Jinping et la Russie-Eurasie de Vladimir Poutine. Il reste que la décision de retrait du théâtre syrien, dont le tempo et les modalités doivent être précisés, a été prise à l’encontre non seulement de James Mattis et du Pentagone (de doux rêveurs ?), mais également du secrétaire d’Etat Mike Pompeo et du Conseiller à la Sécurité nationale John Bolton, des « réalistes » patentés, conscients de l’importance de cette carte.

Outre le fait qu’on ne voie pas en quoi se défaire de ladite carte, sans négocier de contreparties avec la Russie, illustrerait l’« art du deal » prétendument  maîtrisé par Trump, le retrait américain contredit la politique d’opposition au régime irano-chiite censée prévaloir à Washington. Le vide géopolitique résultant de cette décision est propice à l’enracinement militaire iranien sur le théâtre syrien ainsi qu’à la consolidation du « pont terrestre chiite » à travers l’isthme entre golfe Arabo-Persique et Méditerranée orientale (l’« isthme assyrien »). Autre effet pervers insuffisamment médité, semble-t-il : un clash entre Arabes et Kurdes venant aggraver la possible ouverture d’un conflit général entre ces derniers et la Turquie. De fait, Ankara a organisé des forces supplétives arabes, constituées à partir des débris de l’Armée syrienne libre et d’autres milices anti-Assad. En cas d’offensive turque sur la Rojava, ce Kurdistan syrien dont il faut bien convenir qu’il est également peuplé d’Arabes (ils sont parfois majoritaires), ces supplétifs seront engagés et ils renforceront la dimension ethnique de cette « guerre contre le terrorisme ». Une telle situation se révèlerait favorable à une nouvelle montée en puissance du djihadisme de facture sunnite, sous la bannière de l’« Etat islamique » (ses combattants sont toujours présents dans la vallée de l’Euphrate et l’Est syrien) ou sous d’autres enseignes et selon d’autres formes.

Enfin, l’ouverture d’un boulevard au régime irano-chiite (voir supra) et le sentiment dans les monarchies sunnites du Golfe que leurs intérêts stratégiques sont insuffisamment pris en compte à la Maison-Blanche pourraient conduire à des initiatives hasardeuses. Apparemment, Trump compte sur la formation d’une « OTAN arabe » pour compenser la retenue des Américains dans la région. Repoussé au cours de l’année 2018, cet incertain projet verra-t-il le jour en 2019 ? Il est probable que le ralliement de la Maison-Blanche au « leadership by behind » de Barack Obama le rendrait plus improbable encore.

En fait, le clivage entre « réalisme » et « internationalisme » est des plus réducteurs et ne correspond qu’à une partie du spectre politique américain qui, sur le plan international, recouvre quatre ou cinq grandes traditions (« réalisme » et « internationalisme » correspondent plutôt à des approches théoriques de la politique internationale). Selon les termes de la classification établie par Walter Russel Mead, Trump s’inscrit dans la tradition du nationalisme martial d'un Andrew Jackson, président des Etats-Unis de 1829 à 1837 : une forme d’isolationnisme centré sur la conquête de l’Ouest. Depuis ce contemporain de Davy Crockett, le monde a bien changé : les Etats-Unis de l’époque constituaient une puissance de second rang cherchant à rester à l’écart des luttes européennes pour l’hégémonie mondiale et leur grande affaire résidait dans le front pionnier en marche vers l’océan Pacifique (le « Go West, Young Man ! », formulé quelques années plus tard).

Depuis, les Etats-Unis se sont hissés au premier rang et l’expansionnisme occidental, dont ils ont hérité les pouvoirs historiques, ainsi que l’arraisonnement du monde par la technique ont fait entrer l’humanité dans un nouvel âge (l’Âge global). Dès lors, on ne voit pas comment le jacksonisme prêté à Trump pourrait lui servir de boussole. En fait de réalisme, il s’agit d’un déni de réalité, ce qui explique le caractère brouillon et illogique de la politique étrangère de Trump (cf. supra). Pire : il est à craindre que le court-termisme électoral et le « basisme » (le souci de satisfaire et surchauffer sa base), pour ne pas parler de démagogie, constituent la priorité de la Maison-Blanche.

Quo vadis Europa ?

En cette nouvelle année, il importera donc de bien évaluer la capacité des Etats-Unis à élaborer une grande stratégie qui fasse concourir la force aux objectifs politiques posés par les « hommes du président », qu’il s’agisse de Mike Pompeo, partisan d’un « nouvel ordre libéral » préservant les positions et intérêts des Etats-Unis et de leurs alliés face aux puissances révisionnistes, ou de John Bolton dont nous suivrons avec attention la visite à Ankara (8-9 janvier 2019). Au plan global, les développements du conflit commercial sino-américain ainsi que la situation dans la péninsule coréenne, étroitement liée aux rivalités de puissance entre Pékin et Washington, seront révélateurs des évolutions en cours. Ces conflits ne concernent pas la seule hégémonie américaine, mais la situation de l’Occident dans le monde et le dispositif géopolitique global qui assure sa primauté. Cette structure, qui a pris forme au début de la Guerre Froide constitue un « Grand Espace ».

Juriste et philosophe du politique, Carl Schmitt définit comme tel un ensemble politique dont l’influence s’étend au-delà des limites d’un Etat classique. Il liait ce type de structure géopolitique à l’extension des ordres de grandeur aux plans technique, économique et géopolitique. Significativement, Carl Schmitt est désormais lu et commenté parmi les hommes qui dirigent la RPC : les « nouvelles routes de la Soie », au-delà le concept de « Tianxia » (cf. « Tianxia : La mondialisation heureuse ? », Monde Chinois-Nouvelle Asie, n°49, juillet-août 2017) s’inscrivent dans la perspective d’une Grand Espace sino-centré. La destruction simultanée du Grand Espace euro-atlantique, par nationalisme et haine irraisonnée du multilatéralisme, ouvrirait la voie à la domination mondiale de la RPC.

Dans cette nouvelle version de l’affrontement entre Orient et Occident, il appartient aux alliés européens des Etats-Unis de prendre leurs responsabilités. Le défi le plus pressant est celui du « Brexit » dont on ne sait pas encore à cette heure quelles formes il prendra. S’il refusait un « soft Brexit », le Royaume-Uni pourrait se retrouver dans une situation plus défavorable que celle de la Turquie, un Etat associé à UE qui bénéficie d’un accord douanier préférentiel. Tout en invoquant les vertus d’un libre-échange planétarisé, les doctrinaires du Brexit en sont venus à mépriser les mérites du grand marché européen, à quelques encablures de Douvres. La gallophobie de certains Britanniques ayant pour pendant l’anglophobie d’une partie des Français, il se trouvera des ricaneurs pour jouir des déconvenues britanniques. Sans parler des sépultures de soldats du Commonwealth, tombés dans la bataille de la Somme ou sur d’autres théâtres, au cours des mêmes guerres, ce serait oublier l’importance des enjeux de défense et de sécurité qui lient la France au Royaume-Uni.

Pour mémoire, les deux pays assurent la moitié de l’effort militaire européen. Sur le plan bilatéral, ils sont liés par les traités de Lancaster House (2 novembre 2010). Membre de l’OTAN, le Royaume-Uni assume par ailleurs ses obligations en matière de défense de l’Europe. Le Brexit ne signifie donc pas le retour au « splendide isolement » de l’ère victorienne et il faut s’interroger sur la manière dont les Britanniques pourraient participer à l’« Europe de la défense », d’autant que le partenariat entre l’UE et l’OTAN prend forme. A la France de tendre la main aux Britanniques et, en cas de faillite de l’accord sur le Brexit, de prendre une initiative politique forte.

Au printemps 2019, il est probable que le succès annoncé de forces nationalistes et populistes dans divers pays, lors des prochaines élections européennes (26 mai 2019), obère un peu plus l’avenir de l’UE. L’Europe en tant qu’espace et système de coopération est déjà menacée sur ses frontières orientales et méridionales. A l’Est, la Russie-Eurasie entend reconstituer son « étranger proche » et mise sur les désaccords à l’intérieur des instances euro-atlantiques (UE et OTAN) pour transformer sa masse territoriale et ses efforts militaires en domination géopolitique du « petit cap » occidental de l’ensemble eurasiatique. Au Sud et Sud-Est de ladite Europe, l’impérialisme irano-chiite et son enracinement en Syrie, la préparation d’une guerre contre Israël - au moyen du Hezbollah, d’autre milices chiites ainsi que du Hamas-, placent le Moyen-Orient sous la menace d’une déflagration générale. Nul doute qu’un tel événement aurait des répercussions jusqu’en Afrique du Nord et dans le bassin occidental de la Méditerranée. Parallèlement, Vladimir Poutine conduit une stratégie sur le flanc sud de l’Europe, à l’échelon de « la plus grande Méditerranée ». A cela s’ajoute la poussée interne de forces politiques qui, au nom d’une autre Europe (l’« Europe des nations » ou l’« Europe de Dublin à Vladivostok »), entendent détruire ce système de coopération multi-étatique, développé depuis l’après-1945. Aussi faut-il rappeler que l’« internationale des nationalistes » constitue une illusion. Sitôt l’édifice européen mis à bas, les forces rassemblées au nom du « chacun pour soi » se déchireraient, l’Europe basculant dans une nouvelle ère de rivalités ouvertes, pour le plus grand profit de la Russie-Eurasie.

En revanche, le maintien de l’unité européenne exclut l’accélération du processus d’intégration initialement voulue par Emmanuel Macron. De facto, l’UE doit être repensée comme une confédération d’Etats souverains, centrée sur les questions essentielles ; un ensemble capable de contracter avec le Royaume-Uni, la Norvège, l’Islande, l’Ukraine, les Etats balkaniques, voire la Turquie si elle revenait de ses errements. En rupture avec tout constructivisme ou nostalgie incapacitante à caractère « kleinstaatlich », cet ensemble serait simultanément une vaste Hanse commerciale et une alliance politico-militaire. Le strict respect du principe de subsidiarité limiterait sa dynamique unificatrice. Ouverts sur le grand large, la France et Royaume-Uni assureraient le maintien de l’Europe dans la politique mondiale, au moyen de leurs diplomates, de leurs porte-avions et de leurs possessions, de l’Atlantique à l’Indo-Pacifique.

En guise de conclusion

Pour conclure, une génération après la chute du Mur de Berlin, où en sommes-nous de la « fin de l’Histoire » telle que Francis Fukuyama, sur la base la philosophie hégélienne et de son commentaire par Alexandre Kojève, l’a théorisée au début des années 1990 ? Au regard de la vitesse à laquelle circulent les cartes de la puissance et d’un possible basculement des équilibres - au profit de la RPC, de ses alliés révisionnistes et d’une grande Eurasie -, ne vivrions-nous pas plutôt cette « accélération de l’histoire » autrefois décrite par Daniel Halévy ? (cf. Daniel Halévy, Essai sur l’accélération de l’histoire, 1946). L’auteur y citait notamment Goethe : « Toute chose qui libère l’esprit sans qu’il se produise un progrès de la discipline intérieure, est un danger ». Les « événements sans mesure » envisagés dans cet essai font songer aux forces titanesques des temps présents.

En première analyse, les deux thèses ne sont pas totalement contradictoires. N’imaginons pas Francis Fukuyama comme un supporter béat de la « démocratie de marché » (la démocratie libérale couplée à l’économie de marché). Publié en 1992, peu après l’essay paru dans the National Interest, « La fin de l’Histoire et le dernier Homme » est empreint de pessimisme nietzschéen. L’auteur n’y exclut pas le retour des passions et, d’une certaine manière, il aura été le seul à envisager l’élection de Donald Trump. D’autre part, l’accélération des événements et processus, qui donne raison à Daniel Halévy, marque la fin d’un long cycle dominé par l’Occident, son idée de l’Homme et la philosophie de l’Histoire qui en découle. Aux Occidentaux de l’Ancien et du Nouveau Monde de produire l’effort nécessaire à une nouvelle renaissance. Au regard des échéances, chaque jour que Dieu fait compte.

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