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La stratégie globale de la Chine pour satisfaire son insatiable ambition
©SAUL LOEB / AFP

Bonnes Feuilles

Dans "Trump et XI, les apprentis sorciers" publié aux éditions de l'Observatoire, Christian Saint-Etienne analyse avec lucidité l'affrontement des dirigeants des deux plus grandes puissances mondiales. Extrait 2/2.

Christian Saint-Etienne

Christian Saint-Etienne

Christian Saint-Etienne est professeur titulaire de la Chaire d'économie industrielle au Conservatoire National des Arts et Métiers.

Il a également été membre du Conseil d'Analyse économique de 2004 à juin 2012.

Il est également l'auteur de La fin de l'euro (François Bourin Editeur, mars 2011).

 

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La Chine mène une politique stratégique globale au service de ses ambitions. Qu’il s’agisse de ses relations avec les États-Unis, l’Union européenne, l’Inde ou les pays qui bordent la mer de Chine méridionale, la Chine se montre non coopérative, voire agressive, et ce de la prise de pouvoir par le Parti communiste, en 1949, jusqu’à Deng Xiaoping et depuis l’accession de Xi Jinping au pouvoir. 

Relations américano-chinoises

 Les relations entre la Chine et les États-Unis sont anciennes et complexes. Si on se limite au xxe  siècle, les Américains ont au moins autant contribué à la libération de la Chine de l’emprise japonaise que le Parti communiste chinois (PCC), en fournissant des armes aux Chinois dans les années 1930 et en écrasant le Japon en 1945, avant que le PCC ne se retourne contre les États-Unis dans la guerre de Corée. La guerre de Corée a opposé de juin  1950 à juillet  1953 la république de Corée, soutenue par les Nations unies et notamment les États-Unis, à la république populaire démocratique de Corée soutenue par la Chine et l’Union soviétique. La péninsule coréenne fut occupée par le Japon à partir de 1910 jusqu’à la reddition de ce pays, en 1945. Les États-Unis et l’Union soviétique se partagèrent alors le pays le long du 38e  parallèle. Après l’échec d’élections libres en 1948, le Nord mit en place un régime communiste et le Sud un régime démocratique. Les forces du Nord envahirent le Sud le 25 juin 1950. Les Nations unies votèrent une résolution autorisant une intervention internationale dont les États-Unis fournirent 88 % des moyens en hommes, le solde étant couvert par une vingtaine de pays. Bien préparées, les forces du Nord écrasèrent celles du Sud avant qu’une contre-offensive des forces de l’ONU dirigées par le général MacArthur ne les repousse loin dans le Nord jusqu’à la frontière chinoise. La Chine entra en guerre et envoya 1,7 million de volontaires, qui repoussèrent les forces de l’ONU au sud du 38e  parallèle. Après une contre-offensive onusienne et des négociations, la frontière fut à nouveau fixée sur le 38e   parallèle. La guerre fit plus de 800 000  morts parmi les militaires coréens et chinois et 57 000 parmi les forces de l’ONU. Séoul fut détruit à plus de 70 %. Au cours de la guerre du Vietnam, de 1965 à 1975, entre les États-Unis et le Nord-Vietnam, appuyé par le Viêt-cong, la Chine et l’Union soviétique, les Américains et les Chinois furent à nouveau en conflit direct.

La Chine envoya plus de 300 000 hommes pour soutenir le Nord-Vietnam. Après la mort de Mao, les conflits s’apaisèrent jusqu’à ce que les États-Unis autorisent l’entrée de la Chine à l’OMC, en 2001, sans avoir obtenu qu’elle respecte réellement les règles du commerce international. L’autorisation américaine est vraisemblablement la principale erreur stratégique des États-Unis au xxie  siècle, avec des conséquences pour eux-mêmes bien plus graves que les conséquences désastreuses de la deuxième guerre du Golfe, en mars 2003 en Irak. En effet, si les pertes américaines ont dépassé les 6 000 morts en Irak – armée et sociétés militaires privées américaines –, la surpuissance militaire américaine ne fut pas remise en cause. En revanche, l’entrée de la Chine à l’OMC lui a ouvert les marchés des pays développés sans qu’elle s’ouvre elle-même –  dans la mesure où elle gardait le contrôle direct ou indirect de tous les investissements étrangers –, ce qui a largement contribué à son essor économique faramineux depuis 2001. La Chine ferme notamment le contrôle de ses entreprises, n’autorise les investissements étrangers que dans le cadre de coentreprises servant à piller les technologies occidentales, et pratique l’espionnage à grande échelle des entreprises et des laboratoires de recherche occidentaux. L’essor chinois fut aussi accéléré par la recherche avide de profits des firmes occidentales qui furent complices du pillage de leurs technologies afin de s’ouvrir le marché chinois sans anticiper que les Chinois pourraient rivaliser avec elles aussi rapidement.

Extrait de "Trump et XI, les apprentis sorciers", de Christian Saint-Etienne, publié aux éditions de l'Observatoire

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