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De nouvelles preuves scientifiques le confirment : adopter un régime sans sel n’a que très peu d’effets positifs sur la santé, y compris pour les cardiaques
©SAM PANTHAKY / AFP

Santé

Plusieurs études menées aux Etats-Unis démontrent qu'une très basse consommation de sodium n'aurait que peu d'influence sur le risque d'accident cardiovasculaire.

Jean-François Thébaut

Jean-François Thébaut

Jean-François Thébaut est cardiologue, membre du Collège de la Haute Autorité de la Santé, président de la Commission amélioration des pratiques professionnelles et de la sécurité des patients.

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Atlantico :Dans quel contexte sont prescrits les régimes avec moins ou sans consommation de sel ? Leur efficacité est-elle prouvée ?


Jean-François Tebaut : L’article en question parle du traitement de l’Insuffisance cardiaque congestive (ICG). Il s’agit en l’occurrence d’une défaillance du muscle cardiaque du ventricule gauche qui devient insuffisant dans sa fonction de pompe entrainant une augmentation du volume circulant sanguin responsable de symptomes (essoufflement, fatigue, œdèmes, etc.), handicapants pour les activités de la vie quotidienne et pouvant se compliquer de crises aigues parfois darmatiques comme par exemple un œdème pulmonaire.
Une fois le diagnostic établi et l’étiologie ( la cause) établis un traitement adapté doit être proposé. 
Les objectifs du traitement sont de diminuer la volémie pour diminuer le travail du cœur et donc améliorer la qualité de vie, d’éviter les aggravations, les hospitalisations et de réduire la mortalité
Le traitement de l’ICG comprend toujours : un traitement non pharmacologique, avec prescription de nouvelles habitudes alimentaires et d’activité physique régulière  et un traitement pharmacologique ( médicaments) , très bien codifié et devenu très efficace pour ce type  d’insuffisance cardiaque .
Les progrès considérables des traitement ont considérablement modifié le pronostic de cette maladie très grave. Néanmoins la base du traitement repose sur des principes  hygiéno-diététiques  comprenant d’abord une réduction modérée du régime sans sel  à 6g/24 h( en déconseillant les charcuteries, les fromages, les produits de la mer, les produits manufacturés et les conserves toujours très salés ainsi que  les médicaments sous formes effervescente) puis un régime équilibré caloriquement  et une réduction des autres facteurs de risque tabagisme et alcool en premier lieu
Une reprise d’activité physique et la lutte contre la sédentarité sont fortement recommandées
Il faut absolument éviter les médicaments qui causent une rétention hydrosodée  , notamment les anti inflammatoires y compris en auto médication
Le bon indicateur de suivi est l’auto surveillance (ou la télésurveillance) du poids
Une prise de poids de 2-3 kg sur quelques jours doit conduire à une initiation ou une augmentation du traitement diurétique et à une consultation médicale rapide. Toutes ces recommandations sont unanimement conseillées  par toutes les sociétés savantes quelque soit le pays  et sont consultables par exemple sur le site de la Haute Autorité de Santé1
Il est vrai que ce consensus est ancien, bien antérieur à l’avènement de l’Evidence Based Medecine qui a été développé à partir des années1985/1990. Il est donc vain de rechercher des études randomisées qui mettraient cette pratique en essai contre un régime salé. Ce ne serait pas éthique du fait d’un risque important de perte de chance pour les patients, car c’est une évidence historique. L’absence de preuve n’est pas la preuve de l’absence ; ainsi par exemple,vous ne trouverez jamais d’études randomisées d’un saut en avion avec parachute versus sans parachute. J’ajouterais que la plupart des études sont à l’initiatives de laboratoires pharmaceutiques pour prouver l’efficacité de leurs nouvelles  molécule et qu’aucun n’a à ce jour osé proposer une étude versus placébo ( c’est-à-dire sans soins usuels..) pour des raisons éthiques

Le New-York Times souligne qu'au-delà d'être peu utiles, ces régimes pourraient au contraire présenter de vrais risques pour certains patients. Les conclusions sur les risques cardiaques provoqués par les régimes pauvres en sel font-ils consensus ?

Bien sur IL ex-iste un consensus mondial pour une restriction sodée modérée. En revanche aucune étude sérieuse ne laisse penser que cette restriction sodique modérée est inutile. Pour autant un bilan biologique d’un patient sous ce type de traitement doit être régulièrement suivi y compris pour les autres électrolytes comme le potassium  dont la baisse comme l’excès peuvent être  tès dangereux
Ce que souligne l’article du NYT c’est que tout excès est nocif et de fait les recommandations le soulignent bien : « il n’est pas recommandé  de prescrire de régime désodé trop strict surtout chez les personnes âgées  »( 1)

Par ailleurs au-delà de l’insuffisance cardiaque la totalité des études épidémiologiques mondiales montrent la nocivité d’un régime trop sodé notamment pour le risque d’Hypertension artérielle (HTA). Cela qui a été très largement démontré dans les populations à fortes consommation de sel

Entre excès ou restriction, quel est le juste milieu pour optimiser sa consommation de sel ?


Actuellement il sévit une mode excessive « sans, sans » potentiellement source de carences très graves  comme par exemple l’absence d’aliments lactés pour les bébés nourris exclusivement au lait de soja Mais il peut en être de même pour les régimes véganes sans aucun apport protéique animal  ( carence en vitamine B12) ou les régime sans gluten ou sans lectine chez les individus sans intolérance. Tout comme les supplémentations par des « alicaments » ou autres vitamines qui n’ont jamais fait la preuve de leur efficacité, les régimes sans-sans sont le plus souvent inutiles et parfois dangereux. Le sel en est un exemple parmi tant d’autres,  il est indispensable à doses modérée à l’équilibre biologique son excès comme son sevrage intense sont inappropriés dans l’alimentation aussi bien des personnes saines que malades. Le tout est une question d’équilibre et de discernement

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