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Et si l'Occident était devenu déliquescent pour avoir perdu son ennemi communiste ?
©Reuters

No future

Depuis la chute du Mur, la mondialisation a pris un tour frénétique. D'où les fractures que nous connaissons.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Le communisme fut une utopie du bien qui accoucha d'un cauchemar. Mais le communisme fut aussi en Occident un espoir pour des millions d'hommes qui croyaient aux lendemains qui chantent.

Bien sûr, dans les pays asservis du bloc communiste, personne ne versa dans cette belle et perverse illusion. Le communisme fut également pour l'Occident un ciment. Il y avait un ennemi à combattre : et les chars soviétiques avaient montré leur savoir-faire à Berlin-Est, Budapest et Prague.

Tant que le communisme exista, le capitalisme se montra raisonnable et modéré. Il ne fallait pas écraser le peuple, de peur qu'il ne succombe aux sirènes de la révolution. Les riches faisaient alors attention.

Puis l'Occident triompha : il était supérieur économiquement, intellectuellement et militairement. En 1989, le communisme à bout de souffle et exsangue capitula en rase campagne. Les vainqueurs alors ne connurent aucune retenue. Toute modération et toute crainte disparurent. Qui pouvaient encore faire peur aux riches ?

Et la mondialisation souffla en tempête sur la planète. Le trader devint le modèle de l'homme nouveau. Des fortunes incroyables se bâtirent sur des coups de bourse. Le pouvoir politique perdit de son autonomie face aux marchés financiers. L'Europe se prosterna devant l'euro et la France se donna à Macron.

Le capitalisme avait été industriel avec ses vertus de père de famille. Il devint financier avec le règne du tout argent. Et comme il avait le vent en poupe, il fit des dégâts. De plus en plus de riches, de plus en plus de pauvres. Les peuples tétanisés en restèrent hébétés.

Puis ils se réveillèrent. Le vent de l'histoire ayant supprimé les identités ouvrières et révolutionnaires, ils se précipitèrent dans les bras d'une autre : l'identité nationale. Elle a ressurgi avec force en Europe de l'Est, en Russie, aux États-Unis, au Brésil, et aussi en France, comme en témoigne les scores du Front National. 

Si les tenanciers des start-up étaient raisonnables, ils en tiendraient compte. Mais avec eux, hélas, c'est toujours et encore plus. Savent-ils qu'il y a en France cinq millions de chômeurs et des millions de pauvres ? Qu'il y a une masse de gens qui demandent du respect : les Gilets Jaunes sont là pour le prouver. La posture dominatrice de ce capitalisme-là les empêche de voir cette réalité.

Bien sûr, rien n'arrêtera la mondialisation. Il serait néanmoins souhaitable qu'elle trouve des acteurs assez lucides et courageux pour la réguler. Mais faute d'adversaire communiste, c'est peu envisageable. Reste que la mondialisation a quand même un ennemi : elle-même, dès lors qu'elle est sans frein.

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