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Remaniement : mais que peut proposer Emmanuel Macron aux forces de progrès et de transformation que souhaite réunir Richard Ferrand ?
©GERARD JULIEN / AFP

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Richard Ferrand a déclaré qu'il fallait en finir avec la verticalité qui caractérise le macronisme et a appelé l'exécutif à associer "toutes les forces de progrès et de transformation".

Olivier Rouquan

Olivier Rouquan

Olivier Rouquan est docteur en science politique. Il est chargé de cours au Centre National de la Fonction Publique Territoriale, et à l’Institut Supérieur de Management Public et Politique.  Il a publié en 2010 Culture Territoriale chez Gualino Editeur,  Droit constitutionnel et gouvernances politiques, chez Gualino, septembre 2014, Développement durable des territoires, (Gualino) en 2016, Culture territoriale, (Gualino) 2016 et En finir avec le Président, (Editions François Bourin) en 2017.

 

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Atlantico : Quelles sont ces forces et qu'est-ce qu'Emmanuel Macron peut leur proposer au-delà de sièges au gouvernement ? 

Olivier Rouquan : La volonté de Richard Ferrand incarnant en cela bien le pouvoir législatif est de contraindre cet exécutif perçu comme autoritaire et replié sur lui-même, de s’ouvrir non seulement au Parlement, mais au-delà, aux territoires et aux associations.
La contractualisation de la réduction des finances locales a considérablement tendu les relations entre les collectivités et le Gouvernement ; or, la continuité de l’Etat exige que les politiques publiques soient territorialisées dans un climat pacifié.
Il est donc urgent d'adopter une approche plus décentralisée pour que les réformes de la santé, de lutte contre la pauvreté, de la dépendance, ou la mise en œuvre de la loi elan, etc., puissent se faire avec efficacité. La concertation systématique des politiques publiques majeures avec les collectivités ainsi qu’une écoute plus attentive du Sénat, seraient bienvenues.
L’intégration de grands élus au Gouvernement pourrait aider, mais la marge de manœuvre de Emmanuel Macron au temps de l’impopularité est devenue plus faible : à l’approche des municipales, les élus locaux réfléchiront à deux fois avant de rallier une étiquette, LREM, qui s’est démonétisée… Gérard Collomb vient de donner un signal négatif de ce point de vue ! Ceci dit, peu résistent à la tentation ministérielle.

A défaut de vouloir changer de ligne politique, Emmanuel Macron a déclaré vouloir changer la forme. Quelle nouvelle définition du Macronisme (au sens de plus précise) devrait-il donner afin d'attirer de nouveaux alliés ou, simplement, de convaincre ceux qui l'avaient rallié au début de revenir ? 

Je ne sais pas s'il faut redéfinir le "macronisme", car la doctrine est peu lisible après 1 an et demi d'exercice du pouvoir. Il s’agirait plutôt de le définir ! De ce point de vue, une amélioration de la cohérence et donc de la lisibilité par une communication moins intempestive pourrait aider.
Sur le fond, il s'agit de "libérer le travail" et de stimuler l'investissement, mais derrière les slogans, le budget met en œuvre un ajustement structurel assez banal et continu, sans pour autant que la croissance et l'emploi indiquent pour l'instant que les options économiques sont "efficaces".
Or, si l'ancrage idéologique n'est pas le fort du "macronisme", la revendication constante d'efficacité est la marque de ce pouvoir, qui se veut "et droite et gauche" au nom du pragmatisme et de la logique de résultats. Or, pour l'instant, ces derniers sont peu évidents et qui plus est, le sens de l'action est perturbé par une communication et des faits d'actualité paradoxaux - des phrases provocatrices du président à l'affaire Benalla,… jusqu'aux doutes incessants sur la solidité du Gouvernement en place.
Remettre de l’ordre via un remaniement pertinent, revenir à une communication plus substantielle et afficher rapidement des résultats semble donc indispensable pour arrêter de perdre des soutiens dans l’opinion, voire pour revaloriser l’étiquette LREM.

Concrètement aujourd'hui qui peut être intéressé par cet appel ? Et surtout qui peut croire que ses avances mèneront au progrès et à la transformation promis ? 

S’il s’agit d’intégrer le Gouvernement, des personnalités sont toujours intéressées. Mais le « macronisme » doit veiller à maintenir un équilibre, ce qui n’est déjà plus le cas, entre la droite et la gauche. Or, il s’agit de la condition politique de la transformation promise par LREM, afin de dépasser des blocages. Il semble que cette promesse ne soit pas tenue. Et la communication, fût-elle séduisante, ne laissera pas croire que les intérêts des gauches sont pris en compte à parité avec ceux des droites dans l’équipe à venir.

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