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Un pas de plus vers la découverte qui pourrait bien inverser le processus de vieillissement des cellules humaines
©BEHROUZ MEHRI / AFP

Révolution scientifique ?

Cinq scientifiques anglais seraient parvenus à inverser le vieillissement cellulaire. Eléments de réponses sur ce mécanisme fascinant.

Christophe  de Jaeger

Christophe de Jaeger

Le docteur Christophe de Jaeger est chargé d’enseignement à la faculté de médecine de Paris, directeur de l’Institut de médecine et physiologie de la longévité (Paris), directeur de la Chaire de la longévité (John Naisbitt University – Belgrade), et président de la Société Française de Médecine et Physiologie de la Longévité.

Il est l'auteur de plusieurs ouvrages, notamment de "Bien vieillir sans médicaments" aux éditions du Cherche Midi, "Nous ne sommes plus faits pour vieillir"  chez Grasset, et "Longue vie", aux éditions Telemaque

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Atlantico : Retarder le vieillissement, c'est le sujet de nombreux scientifiques et un rêve pour beaucoup d'entre nous. Car au-delà de la dégénérescence physique, les maladies liées à la vieillesse sont considérables (alzheimer, démence et autres cancers ou maladies cardiaques). Une équipe de scientifiques anglaise pourrait bien avoir fait une découverte qui inverserait le processus de vieillissement des cellules humaines. En Angleterre, cinq scientifiques seraient parvenus à inverser le vieillissement cellulaire. Ils auraient réussi à faire rajeunir des cellules vasculaires humaines grâce à une molécule contentant du sulfure d’hydrogène. Pouvez-vous nous expliquer ce mécanisme ? 

Christophe de Jaeger : Nous devons d’abord nous féliciter de cette nouvelle découverte qui même, si elle rejoint la longue liste des avancées de la science pour une grande longévité, mais sans grand lendemain. Il existe en effet de nombreux mécanismes actuellement décrits qui permettent d’améliorer le fonctionnement cellulaire, parfois de rajeunir les cellules et parfois même, de les rendre immortelles. Certains de ces mécanismes peuvent « rajeunir » des cellules, mais au prix de la mort de l’organisme. Il y a donc une différence très importante entre la biologie purement cellulaire et l’impact que l’on cherche à avoir sur un organisme complet. Dans le cas de la publication de nos collègues Eva Latorre, Roberta Torregrossa, Mark E. Woo, Matthew Whiteman, Lorna W. Harries de l’université d’Exeter Medical School, University of Exeter, UK, l’accent est mis sur une molécule simple le sulfure d’hydrogène. Ils ont observé que l’augmentation de sa concentration au niveau des mitochondries (« centrale énergétique de la cellule ») permet d’avoir un effet sénolytique en diminuant de 50 % les molécules stigmates du vieillissement. Au cours du vieillissement, les cellules accumulent de nombreux éléments moléculaires parallèlement au vieillissement de la cellule. Ces éléments moléculaires vont avoir un effet délétère sur le fonctionnement de la cellule elle-même et des cellules voisines (inflammation). D’où l’intérêt de lutter contre l’accumulation de ces molécules du vieillissement. Il existe de nombreuses molécules de ce type ayant un effet dit sénolytique actuellement accessible, y compris sur internet. L’intérêt de ces molécules sénolytiques permet de réduire le nombre de cellules sénescentes dans l’organisme, cellules qui ont un effet sénescent sur les cellules voisines. En réduisant le nombre de cellules sénescentes dans l’organisme ont contribue à diminuer l’inflammation silencieuse de celui-ci et à réduire le vieillissement des organes qui nous constituent. L’équipe d’Exeter met en évidence un nouveau système d’action sénolytique mais dont la concrétisation à l’échelle humaine parait difficile.

Si l'on imagine volontiers que l'immortalité n'est pas pour demain, cette découverte pose-t-elle des bases en la matière ? Peut-on espérer d'ici quelques années pouvoir vraiment rajeunir ?

L’immortalité n’est clairement pas aujourd’hui à notre « catalogue thérapeutique ». On peut également s’interroger si l’être humain serait capable psychologiquement de vivre 150, 200, 250 ans ou plus. Rien n’est moins sûr. Cela nécessiterait clairement d’adapter en profondeur nos schémas psychologiques de vie actuels. En revanche, techniquement, nous sommes aujourd’hui capables d’intervenir sur les processus du vieillissement que nous connaissons effectivement de mieux en mieux grâce à des techniques de physiologie. Nous ne sommes plus dans la « biologie-fiction », mais dans la réalité d’aujourd’hui. Mais il reste surprenant de voir le peu de gens qui s’y intéressent sérieusement.

Quelle peut être l'autre utilité de cette découverte ? 

De façon générale, toutes les techniques physiologiques, et elles sont nombreuses, pouvant influencer le processus du vieillissement en le ralentissant ont pour effets directs de retarder l’émergences des maladies telles que les maladies cardiovasculaires, neurodégénératives et cancéreuses qui sont partiellement ou totalement secondaires à celui-ci. Le recul de l’émergence des maladies permettra d’augmenter largement l’espérance de vie en bonne santé qui est normalement l’objectif de chacun. Lutter contre le processus du vieillissement devrait être une cause nationale de première importance.

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