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Lutte contre les incendies en Grèce ou en Suède : (enfin) un domaine où la coopération civile européenne fonctionne
©Valerie GACHE / AFP

Force de frappe européenne

Le mécanisme de protection civile, créé en 2001, coordonne les moyens européens en cas de crise majeure. Les terribles incendies en Grèce et en Suède ont permis de constater son efficacité. A-t-il souvent été mis en oeuvre ?La France en est-elle un bénéficiaire, ou ne fait-elle que contribuer à améliorer la protection civile dans des pays dotés de moins de moyens de secours ?

Xavier Tytelman

Xavier Tytelman

Formateur en aéronautique, spécialiste de la sécurité aérienne et président du Centre de Traitement de la Peur de l'Avion (www.peuravion.fr), Xavier Tytelman est également chargé d'étude Veille Analyse Anticipation au profit du Bureau Opérations et Gestion Interministérielle des Crises (Ministère de l'Intérieur / DGSCGC).
 
 
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Atlantico.fr : De quand date ce mécanisme ? A-t-il souvent été mis en oeuvre depuis ?

Xavier Tytelman: Le mécanisme européen de protection civile a été créé en 2001 et a pour but de coordonner les moyens européens et mieux collaborer entre Etats-membres. Il est activé environ 10 fois par an pour faire face à une grande variété d'événements : grands feux de forêt, séismes, tsunamis et typhons, crises sanitaires ou humanitaires, pollution, accident industriel et inondations... A chaque fois, des experts européens ou des matériels sont déployés. Le mécanisme fonctionne d'ailleurs tellement bien qu'il est l'un des seuls qui a reçu des félicitations de la part de la Cour des Comptes européenne !

Son périmètre d'intervention est-il limité à l'Union européenne ?

Non, le mécanisme européen de protection civile peut profiter à tout pays dans le monde qui aurait besoin d'aide, et des actions ont ainsi lieu régulièrement hors d'Europe. Parmi les déploiements principaux des dernières années, on peut citer les séismes de Haïti (2010) ou du Népal (2015), le typhon de 2013 aux Philippines, les inondations de Serbie (2014), le conflit en Ukraine, la catastrophe de Fukushima au Japon (2011), la crise Ebola en Afrique... Les crises sont d'une grande variété et touchent toutes les régions du monde. Lorsque les déploiements ont lieu dans des pays en développement, ils sont souvent accompagnés d'une aide humanitaire.

Quels sont les pays qui y contribuent ? Et qui décide de sa mise en oeuvre ?

Le mécanisme permet de coordonner les efforts des 28 Etats-membres de l'Union Européenne ainsi que les pays des Balkans, la Turquie, la Norvège et l'Islande. Concrètement, un pays qui serait dépassé par le niveau d'une catastrophe va pouvoir demander à l'EERC (le centre opérationnel de la commission européenne) de répertorier les moyens disponibles en vue d'une aide. Selon leurs capacités, les pays vont alors proposer des moyens humains ou matériels : avions bombardiers d'eau, spécialistes du sauvetage / déblaiement, ingénieurs et experts, systèmes de pompes pour faire face à une inondation, postes médicaux, moyens de dépollution... L'EERC détermine alors quels sont les moyens les plus adaptés pour répondre aux besoins du pays demandeur.

La France en est-elle un bénéficiaire, ou ne fait-elle que contribuer à améliorer la protection civile dans des pays dotés de moins de moyens de secours ?

La France est un contributeur important du mécanisme, mais elle profite aussi de l'aide de ses voisins lorsque les événements sont trop importants. Ce fut par exemple le cas en 2017 lors des incendies qui ont touché le sud de la France. Il existe également des accords bilatéraux qui permettent de faire appel à ses voisins, notamment pour les régions frontalières. Des pompiers allemandes sont par exemple venus prêter main forte à leurs homologues lors des inondations de 2014.

La coordination des forces est-elle aussi efficace que dans le cas d'une aide unilatérale ? 

Les deux systèmes ne sont pas en concurrence : ils sont complémentaires. Le mécanisme européen permet une mutualisation des moyens et est particulièrement efficace pour déployer des missions à longue distance, par exemple pour les moyens logistiques tandis que les accords bilatéraux entre voisins permettent une réactivité élevée. Si un Etat européen a des besoins massifs qui ne peuvent pas trouver de réponse avec ses voisins, le mécanisme européen est activé. Cela n'empêche pas des pays amis de contribuer en dehors de ce mécanisme. Le Maroc a par exemple déja déployé ses Canadairs en Italie ou au Portugal, et Israël soutient régulièrement la Grèce ou Chypre pour faire face à ses incendies. Les sauveteurs du monde entier sont habitués à se rencontrer sur des théâtres d’opération et à se soutenir lorsque cela est nécessaire.

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