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Les effets néfastes de l'emprise maternelle
©LOIC VENANCE / AFP

Bonnes feuilles

L'influence des mères protectrices ou des "mères poules" peut avoir de terribles effets négatifs chez les enfants. Extrait du livre d'Anne-Laure Buffet, "Les mères qui blessent, se libérer de leur emprise pour renaître" aux éditions Eyrolles (18€). (2/2)

Anne-Laure  Buffet

Anne-Laure Buffet

Anne-Laure Buffet est thérapeute (en consultations individuelles et familiales), formatrice spécialisée dans l’accompagnement des victimes de violences psychologiques et conférencière. Elle a créé l’association Contre la violence psychologique.
 

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Les dangers de l’emprise maternelle 

L’emprise psychologique est un contrôle abusif de la pensée, de la volonté, de l’action et de l’affection d’une personne pour une autre. Ce n’est pas et n’est jamais de l’amour, la victime de cette emprise – l’enfant – n’étant jamais libre. L’interdit de cette liberté pourtant essentielle souligne l’absence de considération de la mère pour son enfant. Il n’est qu’un objet, un jouet, un trophée ou un défouloir. Il est instrumentalisé. L’emprise exclut toute notion d’altérité, de bienveillance, de protection. La relation et tous ses messages sont truqués, tronqués; le quotidien est flouté, trahi ou transformé. L’individuation est presque impossible face à une mère qui se tient en embuscade, prête à resserrer son emprise autant que nécessaire. 

Il se noue une interdépendance : l’enfant est naturellement dépendant de sa mère dont il a besoin pour exister; la mère est dépendante de son enfant qui nourrit un dysfonctionnement, une névrose ou une pathologie (L’enfant croit participer volontairement au dysfonctionnement et culpabilise. Mais toutes ses actions étant contraintes, il ne choisit pas de contribuer à la violence maternelle, même s’il y est partie prenante). Non seulement l’enfant est dépendant de sa mère, mais il lui est redevable, puisqu’elle déforme les messages en faisant croire qu’elle agit pour son bien, qu’elle est une mère aimante. En exprimant cette gratitude exigée, l’enfant pense – espère – être aimé. Pour renforcer ou conserver cet amour, il cherche à contrarier le moins possible sa mère, ce qui crée une tension psychique permanente. Même en ressentant l’injustice et sans comprendre ce qui lui est imposé, il veut correspondre exactement à ce que sa mère exprime ou laisse entendre, croyant y trouver le moyen d’être aimé. Il évite donc de la contrarier, de la perturber, et devine que tout écart de sa part vaudra une punition allant du dénigrement aux coups. 

La répétition des multiples agressions atteint profondément la personnalité et l’identité de l’enfant victime. Leur récurrence offre l’illusion de la normalité en les banalisant, ce qui va profondément s’inscrire dans la pensée de l’enfant. Adulte, il reproduira ses réactions enfantines, réactions devenues réflexes. Il accepte sans les identifier des schémas similaires; s’y reconnaissant, il est rassuré et sait comment se comporter. Une situation équivalente à celle traumatique réveille les réflexes et les angoisses de l’enfance, empêchant toute action et toute pensée individuelle. L’adulte encore attaché à sa mère s’enferme, se tait, vit dans l’anxiété, se met en danger, se croit incapable. Il peut a contrario être dans la provocation, la demande incessante, la dépendance à l’autre, cherchant ainsi à retrouver le lien maternel déviant. Quoiqu’il agisse, il en souffre, ressentant sans la comprendre une distorsion entre ce qu’il est et ce qu’il a appris. 

Les fausses croyances s’inscrivent dans la construction de l’enfant : «Tu es l’homme de la maison» interdit au petit garçon de conserver sa place d’enfant; «Tu es grosse, nulle, jamais aucun garçon ne voudra de toi» empêche la jeune fille de se construire une identité, un désir, une sexualité. Elle ressent une peur ou un dégoût de l’homme et d’elle-même. 

Les mots sont un poison. L’enfant doit adopter une attitude adulte dont il ne connaît pas le sens, les règles et les limites, il refoule ses émotions, ce qui crée une fracture dans sa construction psychique. Non seulement le traumatisme est causé (et nié) par la violence des mots et des gestes, mais il imprime une trace durable et profondément handicapante. 

L’adulte conserve ces ancrages. Par peur du rejet, de l’abandon, de la perte de sa mère et de l’illusion d’amour qu’elle lui donnait, il a subi puis accepté ce qui était imposé et repousse tout autre schéma relationnel, pour ne pas risquer de désobéir à maman.

Extrait de "Les mères qui blessent, se libérer de leur emprise pour renaître", d'Anne-Laure Buffet, aux éditions Eyrolles 

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