



Nucléaire iranien : Trump joue et gagne à sa propre roulette
Quand le président américain a déchiré l'accord conclu avec l'Iran, les cris d'indignation ont alterné avec les hurlements de détresse. Effrayées, les capitales européennes ont dit "regretter" son geste. La commissaire chargée des relations internationales à Bruxelles est allée jusqu'à déclarer que "les intérêts vitaux de l'Europe étaient en jeu".
On allait voir ce qu'on allait voir et ça serait terrible, annonçait la presse, souvent paresseuse. Une ère inconnue et dangereuse s'ouvrait devant nous. La guerre ? L'apocalypse nucléaire ?
Et puis, un jour après, autre son de cloche. Les Européens, Français, Anglais, Allemands, faisaient savoir que l'accord avec l'Iran, auquel ils disaient tant tenir, n'était pas du tout parfait. Il était "bancal". C'est Macron qui fut le plus précis : il faut, déclara-t-il, travailler à un autre accord qui engloberait les missiles balistiques de l'Iran, sa présence militaire en Syrie, ses ingérences au Yémen…
Mais que s'était-il donc passé ? La veille de l'annonce de Trump, l'accord était tout beau, tout mignon. Le lendemain, il ne l'était déjà plus. Et il fallait tout renégocier avec les Iraniens. Trump n'en demandait sans doute guère plus. Par sa sortie fracassante, il avait simplement rappelé qui commande.
Vous vous souvenez de la Corée du Nord et de ses essais nucléaires ? Trump avait menacé. Avec une violence verbale qui lui valut d'être traité de va-t-en-guerre et de boutefeu. Le numéro un nord-coréen était l'homme à abattre. Un bad boy.
Puis, une rencontre amicale et historique eu lieu entre les deux Corée. Aux JO d'hiver, les équipes des deux pays fraternisèrent. Et le méchant Kim annonça qu'il allait arrêter ses essais atomiques. Il va rencontrer Trump. Kim est devenu un good boy. Merci qui ?
Et pendant ce temps, au Proche-Orient, menacé d'une terrible déflagration, à cause, parait-il, de la décision américaine, il se passe quoi ? Business as usual. L'aviation israélienne vient de bombarder une base iranienne en Syrie. Les radars russes prévenus ont gentiment fermé les yeux. Pourtant, les Iraniens sont, au moins en Syrie, les alliés de Poutine.
Et vous savez qui était l'invité d'honneur lors de la parade de la victoire du 8 mai à Moscou ? Benyamin Netanyahou, le Premier ministre israélien ! Mais ça, c'est beaucoup, beaucoup trop compliqué pour les diplomaties européennes. Trump et Poutine font de la politique. Et ça, ils le font plutôt bien.