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Autisme : des scientifiques inventent un test de détection fiable à 90%. Voilà ce qu’on peut en attendre
©Reuters

Piste à suivre ?

Un groupe de chercheurs anglais a publié dans le numéro de février de la revue Molecular Autism un rapport sur un test expérimental permettant de détecter l'autisme

Pierre  Roubertoux

Pierre Roubertoux

Pierre Roubertoux est professeur de génétique et de neurosciences à Marseille. Il a créé et dirigé le laboratoire "Génétique, neurogénétique, comportement" du CNRS et a travaillé au laboratoire "Génomique fonctionnelle, comportements et pathologies" du CNRS, à Marseille. Il mène aujourd'hui ses recherches au sein du laboratoire de génétique médicale de l'Inserm.  Ses travaux sur la découverte de gènes liés à des comportements lui ont valu le prix Theodosius Dobzhansky, aux États-Unis.

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Atlantico : Un groupe de chercheurs anglais a publié dans le numéro de février de la revue Molecular Autism un rapport sur un test expérimental permettant de détecter l'autisme. Ils affirment arriver à un résultat de 90% de réussite, taux très supérieurs aux tests habituels. Comment fonctionne ce test ?

Pierre Roubertoux : Ce n'est pas tant une découverte que la remise à jour d'une vieille technique, qui consiste à prendre plusieurs indicateurs biologiques, et, au lieu de prendre les résultats de chacun et en les combinant, si on arrive à un résultat. Prenons un exemple un peu trivial pour illustrer mon propos : en prenant des résultats d'élèves cinq mois avant le baccalauréat, vous pouvez essayer de prédire les résultats au bac. Et ce pour chacune des matières, cela donne une prédiction possible de la réussite. C'est ici la même chose ici : ils prennent des indicateurs assez bien choisis, qui sont combinés pour prédire les troubles autistiques dans un groupe.
Mais ils ont joué facile parce que c'est un petit groupe d'une trentaine d'autistes. Dans l'autisme, il y a en gros 170 gènes qui y contribuent. Si vous regardez ces autistes, vous constaterez qu'ils ont tous des troubles au niveau du système nerveux, des acides aminés, des protéines... mais ce ne sera pas les mêmes troubles. Ils ont donc essayé de généraliser le test à toute la population autiste, mais les 35 autistes ne sont pas représentatifs du million d'autistes qui existent sur la planète. Ce n'est pas par exemple compatible avec des autistes affectés par une maladie de l'X fragile.

Ce test permet-il une véritable avancée dans le traitement et la compréhension de l'autisme ?

Ce test est faussement précis. Cela ne concerne que ce groupe. Les groupes d'autistes sont très hétérogènes. Il ne dira rien du groupe d'autistes avec lequel je travaille ou du groupe d'autistes d'un autre groupe aux Etats-Unis.
Dans le groupe étudié, il y a une prédiction. Ces tests ne peuvent pas se faire sur le fœtus. Ils ne peuvent donc pas permettre d'interruption de grossesse. Ils demandent beaucoup de tissus, à commencer par certains présents dans les urines et donc demandant un organisme suffisamment avancés.
Pour ce qui est de l'utilité en vue d'un traitement, elle est relativement faible. Vous avez des autismes trop différents. On ne soigne avec le même traitement un autiste associé au PTEN ou un autiste X fragile ou un autiste différent. On peut confirmer qu'ils sont malades et autistes, d'accord. Mais on y arrive avec les échelles existantes de la même façon. Si cela avait été un grand article, cela serait paru dans Science ! Molecular Autism est une revue honnête, entendons-nous, mais de plus petit calibre. Cette étude est donc intéressante, elle ouvre quelques pistes, et démontre la puissance de la technique d'analyse multiple. Mais c'est tout.


Les perspectives de la recherche seraient à chercher où selon vous aujourd'hui ?

Je ne crois pas à cette piste. Je pense qu'il faut chercher cause pas cause. Faire du séquençage à haut débit pour trouver des gènes associés à l'autisme est intéressant. Et il faudrait que les psychiatres s'intéressent davantage à l'étude des facteurs de milieux plutôt que de rester fixé sur papa maman et le complexe d'Oedipe. Il faut regarder les différents facteurs possibles, les infections subies par la mère par exemple. Il faudrait regarder aussi le rôle de la flore intestinale sur le développement du système nerveux chez les autistes. C'est une piste importante.

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