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Hausse des prix du stationnement payant à Paris : avec Anne Hidalgo, socialisme et capitalisme de connivence font bon ménage
©LOIC VENANCE / AFP

Curieuse association

Maintenant que stationner n’est plus un délit mais une "redevance d’occupation du domaine public", un simple service commercial de la mairie, le prix des amendes s’est envolé de 355%. Belle amélioration de la qualité de vie dans la capitale...

Aurélien Véron

Aurélien Véron

Aurélien Véron est président du Parti Libéral Démocrate et auteur du livre Le grand contournement. Il plaide pour passer de l'Etat providence, qu'il juge ruineux et infantilisant, à une société de confiance bâtie sur l'autonomie des citoyens et la liberté. Un projet qui pourrait se concrétiser par un Etat moins dispendieux et recentré sur ses missions régaliennes ; une "flat tax", et l'ouverture des assurances sociales à la concurrence ; le recours systématique aux référendums ; une autonomie totale des écoles ; l'instauration d'un marché encadré du cannabis.

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Les Parisiens ont droit à une bonne et à une mauvaise nouvelle. La bonne, c’est qu’Anne Hidalgo découvre enfin les vertus du secteur privé en termes de productivité et de performances. La Mairie de Paris en a bien besoin. La mauvaise, c’est qu’elle va l’appliquer à la répression du stationnement payant plutôt qu’aux services lamentables de propreté, de transports collectifs ou d’entretien de la voirie. Maintenant que stationner n’est plus un délit mais une « redevance d’occupation du domaine public », bref un simple service commercial de la mairie, le prix des amendes s’est envolé de 355% ! Belle amélioration de la qualité de vie de Paris. Mais ce qui ne semble n’étonner personne, c’est qu’Anne Hidalgo a choisi comme prestataires les entreprises qui ont le plus intérêt à cogner sur les voitures stationnées en surface… afin de les attirer dans leurs parkings privés.

Le stationnement parisien est devenu une fantaisie volontairement rédhibitoire pour les automobilistes. Trouver une place libre en surface, c’est devenu comme le loto. Quand on gagne, ça se fête ! A la baisse de 15% du nombre de places de stationnement depuis 15 ans, il faut ajouter l’effondrement de la proportion des places autorisées au profit des  emplacements réservés : « handicap » et « livraison » bien entendu (c’est parfaitement légitime), mais aussi « transport de fonds », « véhicule électrique », vélos, deux-roues motorisées et autres nouveaux créneaux florissants. Et puis parmi les rues autorisées, nombre ne le sont pas certains jours de la semaine à cause du marché qui se tient à 100 mètres de là. Quand il ne s’agit pas de travaux inopinés, du plan vigipirate ou d’autres excuses transformant des places convenables en places interdites. Mais pour le savoir, il faut trouver le minuscule panneau souvent très discret pour y lire ce qui est écrit en tous petits caractères. En général, les bénéficiaires du « stationnement résident » eux-mêmes l’apprennent en allant chercher leur véhicule à la fourrière (et en payant les 179 euros requis).

La fourrière, c’est une poule aux œufs d’or injustement méconnue. Pas besoin pour elle de respecter la loi, elle impose la sienne avec le soutien des forces de l’ordre. Une enquête de « Capital » en mars 2017 a révélé que la plupart des grutiers qui procèdent aux enlèvements n’ont ni le permis poids-lourd ou BE obligatoire, ni de dépanneuse homologuée pour soulever des automobiles. Dépanneuses qui ne sont pas plus homologuées sur le plan environnemental puisqu’il s’agit généralement de 4X4 Toyota diesel sans filtre ni protection qui ne sont plus en commercialisés en Europe depuis 2002. Un certain nombre d’entre eux ont par conséquent plus de 20 ans et bravent l’interdiction de circulation de véhicules aussi âgés. Mais la loi, c’est pour les autres, leurs victimes. L’ennui, c’est que les camions-plateaux supportant – légalement, eux - de lourdes voitures ne peuvent, eux, pas rentrer dans les quatre fourrières en sous-sol sur les six que compte Paris.

Chacun des 250.000 enlèvements annuels rapporte donc 50 à 70 euros aux trois sociétés privées qui en ont la charge, soit une quinzaine de millions par an, sans parler des épaves dans le lot qui alimentent un juteux trafic en toute discrétion. Etrangement, les heureux propriétaires de ces fourrières se font plus discrets que Marcel Campion. Sans doute ont-ils raison de faire profil bas compte tenu de ce qui est arrivé au roi des forains qui l’ouvrait un peu trop récemment. En attendant, la vitesse de rotation des grues est dangereuse pour la circulation, sans parler des éraflures fréquentes et autres dommages collatéraux. L’opacité qui règne autour de ce secteur incite l’esprit critique à spéculer sur les intérêts qui se jouent sous la table. Les enlèvements ont leur intérêt lorsqu’ils concernent des véhicules réellement gênants. Mais les nombreux abus et son organisation douteuse alimentent les pensées malveillantes  son égard. La mairie de Paris aurait tout intérêt à mieux encadrer son fonctionnement, puisque la préfecture ne le fait pas, et à jouer enfin la transparence sur ce point.

Soyons francs. Jusqu’ici, les contraventions de stationnement simple ne rapportaient rien à la mairie et ne servaient qu’à financer l’armada des 1.600 aubergines –Agent de Surveillance de Paris (ASP) - aux 15 PV quotidiens – en moyenne - pour stationnement impayé. Même la Cour des Comptes s’était émue de la faiblesse de ce rendement. Ces 4 millions de punitions environ à 11 euros par an ne couvraient même pas le coût de ces agents qui devait approcher la cinquantaine de millions par an (je suis preneur d’un chiffre plus précis incluant masse salariale, outils de travail, frais annexes). Résultat de ce faible rendement, seuls 10% des automobilistes stationnés faisaient l’effort d’aller à l’horodateur, effort parfois important tant ils sont mal distribués et souvent en panne.

Dorénavant, les deux entreprises retenues vont coûter cinq fois moins cher - 10 millions d’euros par an hors bonus - et récolter massivement des amendes à 42 ou 50 euros en appliquant une méthode industrielle afin d’observer 75.000 véhicules par jour pour commencer. L’annonce de 50.000 contraventions au doux nom de « forfait post-stationnement » depuis le début de l’année n’est rien à côté du rythme de croisière attendu. Une fois passé le temps de test, de réglages et d’éviction des agents sans permis mais à fumette, le rendement battra son plein. En plus du volume bien plus important de contraventions, les horodateurs devraient cracher 300 millions de recettes par an au lieu des 100 millions habituels. D’autant que la mairie en a profité pour relever le prix horaire marginal du stationnement de surface à 12 euros dans le centre de Paris.

Mais là où le bât blesse, c’est que le véritable gain d’Indigo et d’Urbis se trouve ailleurs. Leurs nombreux parkings parisiens vont se remplir à grande vitesse maintenant que la rue est devenue si chère. Les 3,50 ou 4 euros pour chaque heure passée dans l’un de leurs 90 parkings parisiens environ sont très inférieurs aux 8, 10 et 12 euros requis en surface pour les 3ème, 4ème et toutes les heures suivantes. Tout est fait pour rabattre le client vers ces sous-sols dont les prix exploseront sans doute dans les années à venir, à commencer par les rabatteurs eux-mêmes. Ceux-là même qui se chargent d’inonder les rues de contraventions ont pour employeurs ces deux entreprises de parkings souterrains. Voilà Indigo juge et partie, à l’instar d’Urbis. Efficace mais dégueulasse.

La seule différence entre un tract publicitaire et les forfaits post-stationnement, maintenant, c’est que cette publicité en faveur des parkings souterrains coûtera 42 ou 50 euros à ceux qui la lisent.

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