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"La voix est une baguette magique" : les secrets pour travailler sa technique vocale (et devenir le roi des orateurs)
©Alessia Pierdomenico/Reuters

Bonnes feuilles

Bien parler suppose un entraînement, des techniques pour être à l’aise en public, mais aussi pour structurer un discours, le délivrer avec aisance, convaincre en toutes circonstances. Extrait de "La parole est un sport de combat" de Bertrand Périer, aux éditions JC Lattès (1/2).

Bertrand Périer

Bertrand Périer

Bertrand Périer est avocat au Conseil d’État et à la Cour de cassation. Il enseigne l’art oratoire à Sciences Po et HEC. Il prépare les élèves de l’université Paris 8 au concours Eloquentia qui désigne le meilleur orateur de la Seine-Saint-Denis. 

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J’ai la chance d’avoir une voix qui porte. Un bon orateur a une voix placée. La voix est une baguette magique. Elle permet d’attirer l’attention de toute une foule, d’impliquer son auditoire, de véhiculer des émotions. Or nous ne sommes pas tous égaux face à cet organe, nous n’avons pas tous conscience du potentiel de notre voix.

Un discours est un projet sonore avec une ambition esthétique qui va au-delà des mots que l’on prononce, de la pertinence du message que l’on délivre.

Lors des sessions de formation pour le concours Eloquentia à Saint-Denis, j’ai pu assister aux cours du professeur de technique vocale Pierre Derycke qui m’ont aidé à mieux comprendre les enjeux de la voix. Elle doit être entraînée pour être suffisamment endurante et puissante.

Une bonne technique vocale, cela s’acquiert. « Les gens sous-estiment leur voix, et donc la sous-utilisent, explique Pierre Derycke. Plus on grandit, plus son utilisation est superficielle. Le but est de transformer le corps en véritable instrument, ce qui va notamment permettre à l’orateur de gagner en puissance et en assurance. »

La voix doit être puissante mais ne doit pas se transformer en cri. Je m’efforce d’en faire prendre conscience aux étudiants en leur demandant de parler comme s’ils s’adressaient à un objet situé au fond de la salle. À Eloquentia, c’était souvent une chaise rouge ! Le dosage n’est pas évident. Il faut apprendre à parler avec son médium, découvrir comment sonne notre propre voix lorsque nos organes sont bien utilisés.

Il faut pratiquer une respiration ventrale pour que la colonne d’air soit bien installée.

« C’est aussi une question de résonance, assure Pierre. Il faut réussir à amplifier le son primaire, celui qui est créé par les cordes vocales, en le faisant résonner dans toutes les cavités qui sont à notre disposition (nez, bouche, gorge). Cela fonctionne comme la caisse de résonance d’une guitare, si on met du tissu dans la caisse, le son sera étouffé et pauvre. »

Par les mêmes techniques de travail que celles utilisées pour le chant, on arrive à obtenir une voix qui s’amplifie d’elle-même, sans dépenser d’énergie.

« En plus de l’amplification, la voix devient riche en harmoniques, composée de plus de sons et gagne en rondeur. »

Les voix riches en imposent. Avec une voix riche, il est plus facile de donner son avis dans une discussion, de se faire entendre et comprendre. La personne qui maîtrise bien sa voix est en parfaite maîtrise de son potentiel, elle se connaît bien elle-même, elle ne se fait pas déborder par l’émotion ni par le stress. Elle a trouvé sa voix.

« Il faut une diversité de tons pour qu’une diversité d’énergies se diffuse. Ainsi, la voix doit être suffisamment entraînée pour que, quelles que soient les passions qui vont sous-tendre le discours, la voix reste le relais fidèle des émotions », précise Pierre. C’est ce qu’Emmanuel Macron n’a pas réussi à maîtriser lors de son meeting du 10 décembre 2016 à la porte de Versailles lorsqu’il s’est mis à crier : « C’est notre projet ! », totalement emporté par la ferveur de la foule autour de lui. L’émotion était trop forte par rapport à ses capacités vocales.

Extrait de "La parole est un sport de combat" de Bertrand Périer, aux éditions JC Lattès

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