Les scientifiques comprennent désormais ce qui permet aux dauphins ou aux cétacés de mener des vies proches de celles des humains<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Science
Les scientifiques comprennent désormais ce qui permet aux dauphins ou aux cétacés de mener des vies proches de celles des humains
©Reuters

En société

Une récente étude publiée dans le magazine "Nature Ecology and Evolution" suggère que le comportements de certains animaux peut s'expliquer par un apprentissage social...comme chez les humains.

Isabelle Autran

Isabelle Autran

The Conversation

Isabelle Autran, Docteur en sociologie, adjointe à la direction de la recherche et des études doctorales, responsable d’édition des Presses universitaires de Paris Ouest, Université Paris Ouest Nanterre La Défense – Université Paris Lumières

Voir la bio »

Atlantico : Les comportements animaux s'expliquent parfois d'avantage par un apprentissage social, en interaction avec ses pairs, plutôt qu'individuellement, de manière empirique. C'est une hypothèse sur l'évolution des comportements et de l'intelligence qui peut s'appliquer à l'homme aussi. Pourquoi la constate-on chez certaines espèces animales (homme y compris) et pas d'autres ?

Isabelle Autran : Il me semble qu’ici c’est la question de la « culture » dans le règne animal qui est posée. La question de la culture se pose comme celle du sujet, de l’individualité, de la subjectivité. L’animal est adapté à son milieu comme une « clé dans sa serrure » (Jacob Von Uexküll) ; il est ajusté à son milieu, mais en même temps l’environnement n’est jamais figé ni achevé et plus l’espèce est complexe, plus le champ de « liberté » si l’on peut dire entre le sujet et son milieu est importante. Quand on parle de milieu ici on comprend également les congénères. C’est dans cette espace que je déploie les interactions subjectives intra-espèces ou inter-espèces (entre espèces différentes). Finalement plus une espèce est complexe plus ses interactions avec son milieu et ses congénères sont complexes ; plus elle a de « liberté » dans ces interactions : de comportement fonctionnels simples servent de « squelettes » (de base) à comportements plus complexes, individualisées, ou les échanges, apprentissages avec les autres, les rapports sociaux sont importants (vitaux même).

L’animal pourrait-il mener socialement une vie plus humaine, ou en tout cas, qui se rapprocherait de notre vie sociale quotidienne (les scientifiques disent qu'en plus d'amitié, les cétacés seraient capables parfois de s'appeler par leurs prénoms) ?

Il faut faire attention à l’anthropomorphisme. L’animal ne peut pas mener une « vie plus humaine », il vit sa vie d’animal ! Et c’est cette singularité qui est passionnante ou plutôt ces singularités ! Si l’on envisage l’animal comme un individu, une individualité dans « son » environnement, un sujet qui doit se démarquer, s’affirmer face aux autres vivants (congénères ou autres espèces), alors il paraît évident que ces sujets peuvent s’attacher (ce que l’on appelle « amitié »), s’affronter, avoir de multiples types de relations.

Ce comportement culturel pourrait-il redéfinir la frontière radicale entre animalité et humanité, coupure communément acceptée et héritée de la philosophie occidentale depuis Descartes ?

On ne peut plus parler de rupture radicale entre les hommes et les animaux, les animaux ne sont pas des machines (Descartes), ils ne sont pas non plus « pauvres en monde » (Heidegger) ! il y a une multitude de paliers de variations, de façon de vivre, une multiplicité hétérogène du vivant. L’éthologie moderne a montré que ce que l’on considérait comme des comportements purement « machiniques » (l’instinct) était bien plus complexe que cela, mais pour comprendre cela il faut absolument laisser l’animal être ce qu’il est, saisir ce qui a du sens pour lui ! Et ne pas l’enfermer dans des process expérimentaux qui… le dénaturent !

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !