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Les villages pour personnes âgées atteintent d'alzheimer, le meilleur endroit sur terre ?
©Reuters

Bien dans sa tête

Depuis 2009, une nouvelle forme de villages pour personnes âgées a vu le jour en Amérique. Il s'agit de village qui reconstituent des centres villes des années 1950,1960. Ce nouveau type de prise en charge doit permettre d'aider la prise en charge des gens souffrants de démence. Des études doivent valider ces pistes.

Christophe  de Jaeger

Christophe de Jaeger

Le docteur Christophe de Jaeger est chargé d’enseignement à la faculté de médecine de Paris, directeur de l’Institut de médecine et physiologie de la longévité (Paris), directeur de la Chaire de la longévité (John Naisbitt University – Belgrade), et président de la Société Française de Médecine et Physiologie de la Longévité.

Il est l'auteur de plusieurs ouvrages, notamment de "Bien vieillir sans médicaments" aux éditions du Cherche Midi, "Nous ne sommes plus faits pour vieillir"  chez Grasset, et "Longue vie", aux éditions Telemaque

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Atlantico : Des villages d'un nouveau genre ont vu le jour depuis 2009 en Amérique du Nord. Destinés aux personnes âgées souffrant de déficience mentale ou d'Alzheimer, ils reconstituent des villages des années 1950 avec leurs commerces typiques. En quoi consiste cette initiative ? Comment peut-elle être perçue pour les personnes concernées ? Quels sont les effets recherchés auprès des personnes concernées ? 

Christophe de Jaeger : Il s’agit là d’une logique très différente de celle qui consiste simplement à réunir dans un même lieu (village, ensemble immobilier, etc…) des personnes âgées souffrant de handicap pour leur garantir une plus grande sécurité sanitaire (importante présence médicale et paramédicale) tout en mettant à leur disposition de nombreuses activités adaptées. Ce type de structure nécessite de bonnes ou d’assez bonnes fonctions cognitives pour en profiter, excluant ainsi les personnes atteintes de démence de type Alzheimer. 

Dans le cas présent, il s’agit plutôt de villages thérapeutiques, dont le principal objectif est de diminuer l’anxiété, voire l’angoisse, que ressent le patient ayant une maladie d’Alzheimer et qui ne peut assimiler des données nouvelles. Car une des grandes caractéristiques de la maladie d’Alzheimer est l’impossibilité de fixer des nouveaux souvenirs. Le patient a donc toujours tendance à se réfugier dans le passé. Les nouveautés provoquent chez lui de l’incompréhension, de l’anxiété, de l’agitation et un profond mal être. Les initiateurs partent donc du principe que si on " gomme " la modernité du quotidien du patient, si on le fait vivre dans son passé, alors on va atténuer ou supprimer son angoisse.

Je pense que nous n’avons aujourd’hui aucune étude scientifique sur le vécu des patients âgées et si cette " mise en scène " modifie l’évolution de la maladie. Attendons de voir des publications pour juger de l’intérêt de ce type d’initiatives.

Est-ce que replacer des personnes âgées dans des villages parfaits peut avoir des bénéfices pour aider leur prise en charge ? Inversement, quels sont les risques découlant d'une telle initiative ?

Je ne sais pas ce que peut être un " village parfait " ! Il pourra être parfait pour Monsieur X et horrible pour Madame Y.

Dans mon expérience de médecin gériatre, ce que souhaitent le plus les personnes âgées atteintes de démences est de rester près des leurs dans un cadre familial bienveillant. Pas toujours facile au quotidien pour toutes les familles. Je crois également que ces regroupements de malades ont surtout un intérêt d’optimisation de la gestion des besoins des patients et de diminuer le degré de culpabilité que peuvent ressentir certaines familles. Ce ne sont en fait que de vastes maisons de retraite décorées où l’on explique que le patient va bien, alors que le patient lui-même, ne sait plus, s’il doit aller à droite ou à gauche, pour aller à tel endroit… " mais quel endroit déjà ? ". Changer la taille, l’aspect d’une maison de retraite n’en changera pas la nature : elle reste une maisons de retraite dont la qualité est faites des personnels qui y travaillent quotidiennement et de leur humanité propre.

​Quelles sont les solutions qui peuvent être adoptées en France pour améliorer le traitement et les services apportés à ces catégories de personnes ? Quelles sont les autres initiatives qui existent déjà ? 

Aujourd’hui, on nous promet en France (et en Europe) une apocalypse de personnes âgées démentes avec une explosion des coûts sanitaires pour la nation.

La première initiative serait enfin de mettre en place une politique active, volontarisme de dépistage très précoce des patients victimes de cette terrible pathologie. Plus nous intervenons tôt dans l’évolution des maladies neuro vasculaire et neuro dégénérative, plus nous avons de chance d’intervenir sur l’évolution de celle-ci. Ne pas dépister, négliger les premiers symptomes de la maladie est certainement la plus grande erreur que nous commentons. J’entends trop souvent dire " mais il n’y a rien à faire de plus ". C’est faux, nous pouvons toujours améliorer la situation, retarder la maladie, à condition de mettre en place des stratégie médicales adaptées, contrôlées et évaluées toujours et encore par des equipes rodées. Il est regrettable que de nombreux patients soient littéralement abandonnés à leur sort médical.

Mais pour changer la donne, il faut offrir au patient âgé toutes les ressources de nos technologies modernes ce qui permettra d’obtenir des résultats très étonnantes.

Et si l’on demande pourquoi, peu est fait, alors revient toujours la même réponse : pas de financements. Les choses doivent changer et on doit donner aujourd’hui des moyens pour que de nouvelles initiatives voient le jour.

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