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La sécurité alimentaire reste-t-elle au coeur des préoccupations européennes ?
©Reuters

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La Commission européenne vient de diffuser cinq scénarios sur ses futures orientations budgétaires. Ceux-ci tiennent compte, en principe, des aspirations des citoyens européens... Mais ces derniers souhaitent-ils vraiment que leur sécurité alimentaire soit remise en cause ?

Antoine Jeandey

Antoine Jeandey

Antoine Jeandey est journaliste et auteur de « Tu m’as laissée en vie, suicide paysan veuve à 24 ans ».

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Le budget de l’Union européenne reflète les secteurs d’intervention pour une politique commune. Évidemment, il est appelé à évoluer, tout en gardant un cadre. Il existe trois lieux décisionnaires : la Commission européenne (l’administration) émet des propositions qu’elle doit ensuite amender au gré des demandes du Parlement européen (donc des députés européens, nos élus), sachant que c’est le Conseil de l’Europe (les Etats-membres, souvent réunis par ministres d’un secteur) qui décide en définitive. Pour autant, malgré un processus qui s’est donc démocratisé au fil du temps face à une administration centrale régulièrement montrée du doigt pour des décisions éloignées des réalités du terrain, les premières propositions de la Commission européenne conservent une importance réelle, car c’est à partir d’elles que les autres parties concernées réfléchissent.

Notre sécurité alimentaire dépend de la production en Europe

La Commission européenne, dans ses cinq scénarios, jauge le degré d’importance de la prise en compte de compétences nouvelles. Ainsi, la case « sécurité, défense, migration » obtient selon les cas la reconduction du budget actuel (c’est-à-dire une part relativement faible qui renvoie chaque Etat à ses propres options et financements), ou une augmentation significative, qui pourrait répondre à des aspirations communes, notamment en matière de lutte contre le terrorisme.

Mais c’est sur une autre case que je vous propose de nous attarder : « agriculture », derrière laquelle il faut lire entre les lignes « alimentation », et donc « sécurité alimentaire et sanitaire ». Dans quatre de ces cinq scénarios, le budget agricole est proposé en baisse. Et le cinquième scénario est improbable, c’est celui qui verrait tous les Etats-membres abonder davantage qu’aujourd’hui le budget européen pour donner plus de poids à l’Europe... Les proportions ne sont pas mentionnées, ce premier document n’évoque que des tendances.

Ce document de la Commission ne peut donc tenir compte des aspirations citoyennes vis-à-vis de la Pac : en effet, une grande enquête sur le devenir de la Pac a été lancée ce printemps, et ses résultats seront connus seulement le 7 juillet. Des aspirations que l’on pressent toutefois aller dans le sens d’une défiance croissante vers l’agro-industrie, au profit des productions locales ou autres circuits courts. Soit une forme de réorientation budgétaire qui nécessite des moyens, pas la baisse de ceux-ci.

Lutte contre le terrorisme vs sécurité alimentaire

Michel Dantin, député européen (groupe PPE) qui suit particulièrement les affaires agricoles de Bruxelles à Strasbourg, rappelle que « l’agriculture est l’unique secteur stratégique qui dépend de l’Europe, et cela depuis 1962 », ce qui signifie que si l’Europe décide d’en baisser le budget, les Etats-membres ne pourront pas, chacun, compenser s’ils le désirent sans que cela ne vienne en plus de leurs contributions à l’Europe. Il a d’ailleurs de suite communiqué pour demander à la Commission européenne de revoir sa copie. Il argumente : « Si nous voulons assurer, comme le souhaite le citoyen européen, notre sécurité sanitaire, nous devons produire sur place : c’est l’unique manière de pouvoir réellement contrôler les modes de production du début à la fin. Et comme, en Europe, le niveau de vie est plus élevé que partout ailleurs dans le monde, il faut accepter d’y payer la nourriture non pas au prix mondial, qui est bas, mais plus cher, pour que nos agriculteurs puissent continuer à produire. »

Pourtant, derrière les cinq propositions de la Commission européenne, on sent bien un oubli de la vocation à répondre aux demandes citoyennes en matière de sécurité alimentaire. Qu’il existe l’envie d’une meilleure coordination des moyens de lutte contre le terrorisme (pour reprendre notre exemple plus haut), c’est évident. Mais la sécurité corporelle doit-elle empiéter sur la sécurité sanitaire ? N’existe-t-il pas d’autres mécanismes budgétaires, sans augmenter la part des pays-membres globalement peu enclins à un fédéralisme plus poussé, que celui consistant à déshabiller Pierre pour habiller Paul ?

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