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Législatives : le bluff de LR, le grand pari de Macron
©JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

L'amour du risque

Au lendemain du 1er tour de la présidentielle, nous est possible d’affiner notre étude législative publiée dans « l’Opinion » le 5 avril dernier ; tant vis-à-vis des scores obtenus par les différents candidats ce dimanche 23 avril, que par les conséquences partisanes et les stratégies envisagées dans la perspective des législatives de juin.

Xavier Chinaud

Xavier Chinaud

Xavier Chinaud est ancien Délégué Général de démocratie Libérale et ex-conseiller pour les études politiques à Matignon de Jean-Pierre Raffarin.

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Francis Decoux

Francis Decoux

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-E.Macron en arrivant en tête du 1er tour,  bouscule le clivage Gauche/Droite traditionnel  et affiche l’intention, si il l’emporte le 7 Mai, de présenter  des candidats aux législatives dans toutes les circonscriptions, exception faite de celles dont les sortants l’ont soutenu avant ce 1er tour et dans une certaine mesure ceux qui abandonneraient leur étiquette et leur parti en adhérant à son mouvement, ambitionnant ainsi d’obtenir dans la foulée de sa victoire présidentielle, une majorité absolue à l’Assemblée à partir d’En Marche (et du Modem) et une recomposition totale du champ politique .

-Les Républicains, fracturé par la défaite de F. Fillon sont partagé entre 2 lignes politiques très distinctes et tentent de maintenir leur unité sur le mirage d’une cohabitation législative et la menace que tout candidat investi LR/UDI tenté de rejoindre E. Macron verrait un candidat envoyé contre lui. Reculant ainsi le moment de vérité en interne.

-Le PS, au plus bas, fracturé lui aussi sur 2 lignes politiques est en apnée

-JL Mélenchon fort de son score du 1er tour envisage de multiplier les candidatures législatives pour disposer d’un groupe parlementaire à tout prix y compris celui de l’élimination de la gauche au 2eme tour dans de nombreuses circonscriptions

Le 1er tour de la présidentielle ne peut être la photo de ce sera le 1er tour des législatives, les candidats aux législatives selon leur étiquette ne feront pas le score de leur candidat aux présidentielles évidemment, des candidats bien implantés du PS comme de LR feront un score supérieur à celui de leur « champion », mais il apporte toutefois quelques enseignements :

Les 3 élections de 2002, 2007 et 2012 ont montré que le score au 1er tour de la présidentielle du gagnant se trouvait amplifié au 1er tour des législatives par ceux qui se présentent sous son étiquette  (bien que ce fût il est vrai dans le cadre du clivage Droite/Gauche)

En 2002 : J. Chirac 19,9%, F.Bayrou 18,5, A. Madelin  3,9 ont aboutis à un score pour la droite et le centre de près de 43%

En 2007 : N. Sarkozy 31,2 a abouti à près de 45% pour la droite parlementaire aux législatives

En 2012 : F. Hollande avec 28,6% au 1er tour ont abouti à 39,86% pour la majorité Présidentielle

Depuis 2002, la majorité présidentielle a donc toujours été plébiscitée par les électeurs (2002 :394 sièges pour la droite, 2007 :343 sièges pour la droite, 2012 : 349 sièges pour la gauche) et les 3 cohabitations (1986, 1993 et 1997) ne sont jamais survenues au lendemain d'une présidentielle.

Nous avions retenu dans notre étude législative récente une hypothèse d’abstention autour de 44% (elle était de 42,78% en 2012) entrainant un seuil de près de 23% des suffrages exprimés pour atteindre le seuil de qualification au 2eme tour (12,5% des inscrits).

Ce seuil est dépassé par         E. Macron dans 294 circonscriptions

                                                           M. le Pen dans 243

                                                           F. Fillon dans 130

                                                           JL Mélenchon dans 120

                                                           B. Hamon dans 8

-Nous avions retenu dans notre hypothèse la présence d’au moins5 candidats principaux par circonscriptions : 1 Majorité présidentielle, 1 FN, 1 LR/UDI, 1 PS et 1 Gauche ; il semble que cette hypothèse reste fondée et que eu égard aux scores respectifs obtenus dimanche par JL Mélenchon et B. Hamon, le rassemblement de toute la gauche du PS aux Insoumis en passant par les radicaux et les écologistes ne soit d’actualité.

Nous avons mesuré depuis les présidentielles de 2012 chacun des scrutins : législatives, départementales, municipales, européennes régionales et ceux de dimanche dernier dans chacune des 577 circonscriptions. Nous avons pris en compte les situations des nombreux sortants qui ne se représentent pas et la réalité des accords électoraux à gauche comme à droite afin de projeter pour chacune.

-Concernant le FN, qui s’était maintenu au 2eme tour dans 61 circonscriptions en 2012, nus établissions qu’il serait en mesure de se maintenir dans plus de 250 circonscriptions et restons dans cette mesure, et projetons que 50 à 70 députés FN pourraient être élus en juin prochain.

-Concernant le PS, sans accord avec la « majorité présidentielle » en cas de victoire d’E. Macron, il ne pourra espérer faire élire que de 40 à 60 députés

-Concernant la gauche de la gauche, (en l’absence d’un rassemblement de toute la gauche) JL Mélenchon peut espérer dans une alliance avec les communistes et les verts et avec des désistements ou de bons reports, faire élire des députés.

-Concernant LR : avec 200 sortants et après l’élimination de son candidat, la possibilité d’atteindre 290 élus et donc une cohabitation est une pure fiction, nous estimons que sans accord avec la majorité présidentielle, ce sont un maximum de 120 à 150 députés éligibles.

-Concernant l’UDI, sans accord avec E. Macron, nous maintenons que la moitié de ses 27 sortants au mieux ont une chance de retrouver leur siège.

-Concernant la majorité présidentielle d’E. Macron, il y a un grand pari et donc 2 hypothèses : Tenter la majorité absolue sans accueillir aucun ralliement issu du PS ou de LR, en ne comptant que sur les candidats En Marche (Modem inclus) pour y parvenir, ou ouvrir sa majorité à des élus prêts à le rejoindre.

-Dans la première hypothèse « fermée », notre projection donne une victoire très probable dans une fourchette de 200 à 230 circonscriptions, entre 60 et 90 autres étant assez à très incertaines.

-Nous pouvons constater que sur les 14 premiers candidats présentés, une moitié d’entre eux semble pouvoir être assurément élus.

-La majorité absolue étant à 289 le succès ne serait pas garanti au 2eme tour.

-Par rapport à notre première projection, il apparait que le nombre de triangulaires pourrait être plus élevé. S’ajoute la question des désistements qui sans accord préalable voir d’appareil ne seront pas facile à gérer.

-Dans la deuxième hypothèse « ouverte », la majorité présidentielle serait évidemment plus assurément en situation de majorité absolue.

-Les conditions de victoire au 2eme tour de la présidentielle joueront évidemment sur les législatives, tout comme le premier gouvernement en fonction dans les 5 semaines séparant les deux élections, mais en cas de victoire aux présidentielles, Emmanuel Macron a 3 possibilités de s’assurer une majorité absolue :

o   La bâtir sur un rassemblement réel avant le 2eme tour de la présidentielle allant des sociaux-démocrates à la droite modérée, faisant ainsi imploser à la fois le PS (ce qui est fait) et les Républicains (ce qui arrivera)

o   La composer à l’occasion du 1er tour des législatives

o   Attendre le résultat du 2eme tour des législatives avec à la clé, soit le succès de son projet total de recomposition politique ou le risque d’une coalition politique de circonstance pour pouvoir mettre en œuvre son programme…

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