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Le "hygge", cette spécificité danoise qui rend les familles heureuses
©Reuters

Bonnes feuilles

Pourquoi les Danois sont-ils les plus heureux au monde, et comment font-ils, année après année, pour que leurs enfants soient également heureux, confiants, dynamiques ? Ce guide pratique et optimiste révèle les habitudes des familles les plus heureuses sur terre. À l’aide d’exemples limpides, il présente les six principes fondateurs de la parentalité danoise. Extrait de "Comment élever les enfants les plus heureux du monde" de Jessica-Joelle Alexander et Iben Dissing Sandahl, publié aux Editions JC Lattès. (1/2)

Il y a treize ans, la première fois que Jessica a été invi‐ tée à rencontrer la famille de son mari, au Danemark, l’expérience l’a un peu dépassée. C’est un euphémisme. Elle a découvert leur « at hygge sig » ou « hygge » (prononcer « hu-gueu »), ce qui signifie littéralement « être confortable ensemble ». Au Danemark, le hygge est un art de vivre. Pour passer du temps convivial en société, les Danois allument des bougies, jouent à des jeux, confectionnent de bons repas, prennent leur thé avec des gâteaux et, de manière générale, se côtoient dans une atmosphère douillette. La très grande famille du mari de Jessica se rassemble pendant plusieurs jours et passe son temps à papoter, sans que personne ne res‐ sente jamais le besoin de prendre un peu de large. Au début, Jessica trouvait cette réunion familiale bizarre. Aujourd’hui, avec le recul de treize années de pratique et d’étude du phénomène, nous avons fini par percer le secret du hygge. La famille américaine de Jessica se comporte de manière très différente. En cas de grande réunion, ses membres ne supportent la présence des uns et des autres qu’un temps très court. Après un court moment ensemble, ils ont vite besoin de vivre leur vie chacun de leur côté. Tout le monde respecte ces séparations, parce que ces instants « chacun pour soi » font aussi partie du mode de vie.

Si on demandait à la famille de Jessica de cocooner ensemble, douillettement collés les uns aux autres, sans interruption, pendant tout leur séjour, ils ressentiraient l’exercice presque comme une violation de leurs droits individuels de citoyens amé‐ ricains. Ils auraient la certitude de courir au désastre, vers la brouille familiale. Avant, Jessica ne comprenait pas comment les rassemblements familiaux danois pouvaient durer si longtemps sans tourner au drame. Avec frères, sœurs et parents sous le même toit, il y en aurait bien un pour monopoliser l’attention avec ses problèmes, ses petits soucis, non ? Ou pour sacrifier à sa tendance névrotique à casser du sucre sur le dos des autres ? Mais non, personne. Jessica constatait chaque fois que la négativité ne contaminait jamais l’atmosphère malgré le grand nombre de gens réunis. Tout ce petit monde fonctionnait comme une machine bien huilée. Comment était-ce possible ? Cette capacité à cocooner pourrait-elle contribuer à positionner les Danois en tête des classements du bonheur ? La réponse est oui, sans l’ombre d’un doute. Les scientifiques ont montré qu’un des facteurs les plus prédictifs du bien-être est la qualité du temps passé entre amis et en famille . Notre monde moderne nous en laisse rarement le loisir, mais vous verrez comment la recette danoise incorpore le hygge dans la vie quotidienne pour garantir ce bonheur.

Le hygge comme art de vivre

Le terme hygge date du xixe siècle et vient de l’allemand hyggja qui signifie « se penser ou se sentir satisfait ». Le « hygge » est en même temps une vertu, un objet de fierté, une humeur et un état d’esprit. Les Danois le considèrent à la fois comme un verbe d’ac‐ tion et un état. Pour eux, cet art de vivre est à la base de leur culture. Il se traduit par une recherche du confort en pré‐ sence de membres de sa famille ou d’amis. Tout le monde s’ingénie à se sentir bien avec les autres, à créer un effet cocon. Par exemple, à Noël, les Danois tra‐ vaillent ensemble au confort de tous. C’est un effort d’équipe. Certains s’occupent de réchauffer l’atmo‐ sphère avec des bougies, d’autres mijotent des petits plats. Mais tous adoptent un état d’esprit particulier. Ils s’entraident de manière à ce qu’aucune personne, aucun groupe de personnes, ne se sente en charge de tout le travail. Ils encouragent les enfants les plus âgés à jouer avec les plus jeunes. Ils choisissent des jeux auxquels tout le monde peut participer et auxquels tout le monde joue, même ceux qui n’en ont pas réel‐ lement envie. Ne pas jouer avec les autres ne serait pas hyggeligt, ce ne serait pas « convivial ». Ils laissent leurs problèmes personnels au seuil de la porte, adoptent un point de vue positif et évitent toute discorde : ils appré‐ cient la convivialité du temps qu’ils passent ensemble. Elle suffit à leur bonheur. Ils savent qu’ils ne manque‐ ront pas d’occasions de se faire du souci, de stresser – plus tard. Leur bonheur vient du temps qu’ils réservent à être avec ceux qu’ils aiment. Le but ultime de ces ren‐ contres est de passer un bon moment, de partager une expérience chaleureuse ensemble et de montrer aux enfants comment les organiser. Se sentir relié aux autres donne à la fois du sens et un but à nos vies. Voilà pourquoi les Danois apprécient autant le hygge. Ils ne déprécient pas l’individu, mais ils savent que sans interaction, sans le soutien des autres, ils ne seront jamais entièrement heureux.

Extrait de "Comment élever les enfants les plus heureux du monde" de Jessica-Joelle Alexander et Iben Dissing Sandahl, publié aux Editions JC Lattès. 

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