Vous voulez réussir dans votre vie professionnelle ? Osez la gratitude !

Il est toujours difficile de parler de la gratitude comme levier de motivation intrinsèque, tellement il est facile à caricaturer. « Vous n’allez pas me dire qu’il suffit de dire merci pour changer l’entreprise… » Certes, non ! Mais… il y a des « mercis » dont on se souvient, qui marquent, qui servent de réservoir où l’on va régulièrement puiser la confiance en l’humain.

Bien-être et réussite

La gratitude, à l’image des « retours » positifs, a aussi de nombreux intérêts, que ce soit sur le plan du bien-être ou de la réussite. Définie aussi comme un sentiment de reconnaissance envers une personne qui nous a, par exemple, rendu service, la gratitude est aussi un moyen efficace pour augmenter l’optimisme et… le bonheur ! La chercheuse française Rébecca  Shankland, est très explicite. Elle explique que les individus faisant régulièrement preuve de reconnaissance sont « plus heureux, plus énergiques, plus optimistes… ». Elle donne en outre une explication qui tient en trois éléments :

—Une meilleure mémorisation des événements positifs liée au fait que plus on focalise la pensée sur les événements les plus positifs, plus on renforce leur intensité et leur mémorisation.

—Une amélioration de notre estime personnelle et de notre sociabilité qui résulte de la prise de conscience des attentions bienveillantes à notre égard, dont l’effet est d’améliorer naturellement notre estime de soi et notre humeur. Et le fait de se sentir considéré et remercié pousse à aller vers les autres.

—Une plus grande capacité à faire face aux difficultés ! Certaines recherches conduites auprès de sujets ayant vécu les attentats du 11  septembre 2001 montrent que ceux qui éprouvent régulièrement de la gratitude savent mieux faire face aux événements angoissants et/ou traumatisants. En effet, les émotions positives liées au sentiment de reconnaissance améliorent notre adaptation aux situations difficiles.

Le chercheur Robert Emmons, professeur de psychologie à l’Université de Californie, résume fort bien tout l’intérêt de la gratitude lorsqu’il explique que celle-ci « aide une personne à diriger son attention vers les choses heureuses de sa vie et à la détourner de ce qui lui manque ».

Une étude, menée par ce même professeur et son collègue Michael McCullough, professeur de psychologie à l’Université de Miami, montre toute l’influence que peut avoir le mot « merci » dès lors qu’il est prononcé en toute conscience, qu’il correspond à un bien reçu et qu’il émane d’une source extérieure à soi.

Elle prouve en outre que la prise de conscience des éléments de gratitude, se traduit par une diminution du niveau de stress, un sommeil plus réparateur, une amélioration de la performance et une baisse du risque de dépression. Nous devons donc repérer tout ce qui nous permet d’être reconnaissants.

Ces deux professeurs ont également mené sur ce point des expériences intéressantes, dont les résultats ont été publiés en 2012. Ils ont fait appel à des centaines de personnes et constitué trois groupes. Les membres du premier groupe tenaient le journal de leurs expériences quotidiennes, les membres du deuxième groupe ne notaient que les expériences négatives et les membres du troisième groupe notaient les événements pour lesquels ils pouvaient être reconnaissants. Au bout de dix semaines, les membres constituant le troisième groupe étaient plus optimistes, présentaient un meilleur état de santé et avaient un niveau de stress moindre. Une étude californienne – dont les résultats ont été publiés en 2015  – menée par l’équipe du professeur Paul  Mills, a mis en évidence les liens entre la gratitude et le système cardiovasculaire chez 186 patients insuffisants cardiaques à travers différents paramètres : • le bien-être ; • le sommeil ; • l’humeur ; • la fatigue ; • et les marqueurs de l’inflammation. Les résultats ont montré des paramètres plus favorables chez les patients qui éprouvaient plus de reconnaissance.

Le cercle vertueux de la gratitude

Yeri Cho, auteur de travaux sur le pouvoir et les négociations en entreprise, a observé au cours de son étude que les responsables hiérarchiques les plus insécurisés dans leurs compétences, ceux qui avaient le moins confiance en eux, étaient ceux qui avaient le plus tendance à dénigrer régulièrement le travail de leurs employés.

En revanche, lorsqu’un employé s’adresse à ce type de manager, en prenant la peine d’ajouter à sa demande une phrase de remerciement, ou un témoignage de gratitude (« d’avance merci de votre feedback », « je vous en serai reconnaissant »), le supérieur qui de coutume dénigre le travail de son subordonné, aura tendance à être beaucoup moins méprisant, et témoignera sa gratitude en retour.

Extrait de "Le management bienveillant", du Docteur Philippe Rodet et Yves Desjacques aux Editions Eyrolles